L’Algérie a célébré, dignement et fièrement, le 19 mars dernier, la Fête de la Victoire qui a consacré la fin de la colonisation française. Un jour de 1962 historique lors duquel le cessez-le-feu a été proclamé. Ce fût la fin de 132 ans d’une colonisation de peuplement brutale qui a pratiqué les crimes les plus abominables sur les autochtones. Le lourd contentieux de la colonisation reste en suspens. Mais, le sort de l’Algérie indépendante et souveraine était définitivement scellé ! Et pourtant, 63 ans après cette indépendance payée au prix du feu et du sang, les descendants de l’OAS et leurs assimilés cherchent à réinventer la pensée coloniale. Les outils ont changé, mais le modus operandi est le même. Les Algériens, hier assujettis dans leurs propres terres, sont les mêmes que l’on tente d’asservir aujourd’hui à l’étranger. En effet, nous assistons à une recrudescence du sentiment anti-Algériens en France depuis l’avènement de la crise entre les deux pays. Si, antérieurement à ce contexte de graves tensions, les résidents algériens ou algéro-français n’avaient pas forcément droit au même traitement réservé aux « Français de souche », ils sont aujourd’hui une cible privilégiée des milieux extrémistes. Tandis que, des membres du Gouvernement, comme Bruno Retailleau, assument sans vergogne une politique anti-algérienne axée sur des expulsions massives. Il y a quelques jours, un autre « Retailleau » entre en scène. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a, sur le plateau de TF1 mardi dernier, épousé « la riposte graduée » de son collègue. Il a même franchi un cap en ouvrant la porte à une autre dérive. Celle de s’attaquer aux Algériens, leur pourrir la vie. « Avant de toucher les gens de la rue, nous avons à toucher les dirigeants politiques », a-t-il affirmé sans aucun complexe ! C’est-à-dire, livrer les Algériens à la vindicte populaire. C’est le cas, puisque les brimades, les provocations et les mauvais traitements sont devenus le lot quotidien de nos ressortissants. À l’entrée des aéroports de Paris, devant les guichets des préfectures pour les régularisations de routine ou dans les espaces médiatiques, les Algériens sont jetés en pâture. Ils sont victimes de stigmatisations méthodiques. Derrière ce racisme décomplexé, ce sont les enfants des harkis et des idéologues anti-indépendantistes qui s’attaquent aux Algériens. Ces racistes qui regrettent le passé ignominieux de leurs aïeux. Des enfants de colons, qui ont réduit les Algériens à la condition de sujets, classés des citoyens de seconde-zone et réprimés chez-eux. Mais qu’ils sachent que l’Algérie est à mille lieues du régime de l’indigénat. L’Algérie défendra ses ressortissants face à cette stigmatisation lâche et insidieuse.
Farid Guellil
