De son côté, le député français de Seine maritime, Jean-Paul Lecoq, a averti que l’immobilisme diplomatique à l’encontre du Sahara occidental « risque d’avoir du sang sur les mains », relevant que le soutien français au Maroc est « la clef de voûte de cet immobilisme ». Dans une lettre adressée au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le membre de la commission des Affaires étrangères et président du groupe d’étude sur le Sahara occidental, M. Lecoq a soutenu que « la France doit enfin prendre son indépendance sur cette question et mesurer que la situation est explosive » au Sahara occidental occupé, notamment dans la région d’El-Guerguerat. « Faites en sorte que le Conseil de sécurité fasse pression sur le Maroc et sur la Minurso pour organiser un référendum d’autodétermination au plus vite. Ainsi, la Paix pourra être envisagée, et restaurée », a lancé M. Lecoq. « Si la France n’agit pas, votre gouvernement se rendra coupable de la guerre qui pourrait advenir », a-t-il mis en garde. « Si cette possible guerre n’est souhaitée par personne au Sahara occidental, tout porte à croire que l’on s’en rapproche », a-t-il appelé. « Les Sahraouis avaient tenté d’attirer l’attention de la diplomatie internationale il y a dix ans en installant un campement pacifique à Gdeim Izik pour demander de meilleures conditions de vie et pour que le référendum d’autodétermination soit enfin mis en place », a-t-il rappelé dans sa lettre. « La police et l’armée marocaines ont démantelé ce campement par la force, et ont emprisonné des dizaines de personnes », a-t-il encore rappelé. Le député européen n’a pas manqué de rappeler que le président de la République arabe sahraouie démocratique, Brahim Ghali, n’a pas exclu une réédition du mouvement de Gdeim Izik à Guerguerat en précisant que si les forces militaires et policières marocaines agissent comme à Gdelim izik », ce sera « un retour à la guerre », a soutenu le parlementaire français. « Le Front Polisario avait pourtant demandé à l’ONU de refermer cette brèche illégale ouverte par le Maroc », a soutenu le député français avant de rappeler avec regret que « cela avait été validé par le Secrétaire général de l’époque, mais n’avait pas été suivi d’effet sur le terrain ». « Encore une preuve de l’immobilisme de la diplomatie onusienne à l’encontre du Sahara occidental. Cet immobilisme qui favorise le statu quo et donc le Maroc puisque, utilisant la politique du fait accompli, le Maroc a fini par élargir cette brèche et en a fait au fil des années une route commerciale entre la Mauritanie et le Maroc, passant par le Sahara occidental occupé », a-t-il encore dénoncé. Ainsi, souligne M. Lecoq, depuis une semaine, « des Sahraouis continuent leurs manifestations pacifiques devant cette brèche pour rappeler qu’il n’y a toujours pas d’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies depuis la démission de Horst Kohler en début d’année, pour dire que personne n’a fait fermer la brèche de Guerguerat ouverte pourtant en 1997, et que la Minurso n’organise toujours pas le référendum d’autodétermination prévu, lui, en 1991 ». « Deux choses sont réclamées depuis trente ans sans que rien ne se passe : l’observation du respect des droits de l’Homme au sein des statuts de la Minurso, et surtout, l’absence d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui comme promis dans le cessez-le-feu de 1991, et raison d’être de la Minurso », a conclu M. Lecoq.
L’EUCOCO condamne « une violation flagrante » du plan de règlement du conflit
Pour sa part, le président du comité belge de soutien au peuple sahraoui, Pierre Galand, a condamné, hier, l’agression militaire marocaine à El Guerguerat, soulignant que l’acte du Maroc était « une violation flagrante » du plan de règlement du conflit du Sahara occidental parrainé par l’ONU. « Nous suivons de très près ce qui vient de se produire dans la zone tampon d’El Guerguerat, car, c’est une violation flagrante du plan de paix et de tout ce que la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) avait tenté de faire, bien que cela soit, pour l’instant, très limité », a déclaré Pierre Galand, également président de la Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO) à Canal Algérie. Pour M. Galand, il s’agit d' »une violation caractérisée de l’ensemble des conventions internationales. Le Maroc se comporte comme un colonisateur et les colonisateur sont toujours violents », affirmant que le Maroc a réagi de manière violente comme il l’a déjà fait lors du démantèlement du camp de Gdeim Izik. « Dix ans plus tard voilà que le Maroc recourt, de nouveau, à la force contre une manifestation populaire non-violente d’un peuple qui exprime sa volonté d’aboutir à son indépendance par les voies légales et moyens pacifiques », a-t-il fustigé, en qualifiant la démarche marocaine de « crime extrêmement grave », qui pourrait être assimilé, d’après lui, à « un crime de guerre ». Et de réaffirmer que le comité apporte son plein soutien à la résistance sahraouie et au Front Polisario qui a voulu mener une campagne pacifique pour rappeler à la communauté internationale ses obligations quant à l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental ». À cet égard, il a invité la communauté internationale à » réagir d’urgence » et appelé le Conseil de sécurité à » mesurer les conséquences de son inaction », car, dit-il, « s’il y avait eu mise en œuvre du plan de règlement, nous n’en serions pas là ».
B. Oubellil