Boyhood a raflé tous les prix importants, et côté série Fargo a vaincu True Detective : palmarès et analyse des Golden Globes cru 2015, ponctué d’hommages à Charlie Hebdo. «Bienvenue, bande d’enfants gâtés méprisables au talent extrêmement faible !». Tina Fey et Amy Poehler, présentatrices de la 72ème cérémonie des Golden Globes, étaient en forme, pour leur dernier round. « On va célébrer ce soir tous les films tolérés par la Corée du Nord ». Il serait trop long d’énumérer toutes les punchlines enchaînées par le duo Tina/Amy à la façon de deux Mohammed Ali de la vanne. Osant vanner même Bill Cosby, elles ont relégué aux oubliettes le souvenir de l’ancien host Ricky Gervais (apparu fin bourré remettre un prix, le temps de deux-trois blagues ratées). Encore un peu et Charlie Hebdo y passait aussi. La tragédie de la semaine passée fut toutefois évoqué très sérieusement par Colin Firth, qui fit lever toute la salle afin de donner une standing ovation aux termes « liberté d’expression ». George Clooney, qui recevait le trophée Cecil B. DeMille en hommage à sa carrière, arborait un badge Je suis Charlie, a rappelé le slogan sur scène, tout comme Jared Leto qui a déclaré « on vous aime, je suis Charlie » en français dans le texte.
La soirée a commencé par le présage de l’Oscar pour J.K. Simmons, qui a remporté le Golden Globe du Meilleur second rôle pour avoir joué le prof de jazz terrorisant de Miles Teller dans le décidément incontournable Whiplash. Le grand vainqueur des Golden Globes cinéma s’appelle Boyhood : Meilleur réalisateur (Richard Linklater), Meilleure actrice dans un second rôle (Patricia Arquette), Meilleur film dramatique… Un triomphe public et critique mérité, qui a de fortes chances de se reproduire aux Oscars. The Grand Budapest Hotel, élu Meilleure comédie, se place définitivement bien pour les Oscars. Chez les comédiens, les victoires d’Eddie Redmayne (Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps), Amy Adams dans Big Eyes et Julianne Moore dans Still Alice ne parviennent pas à établir des favoris dans la course féroce à l’Oscar (rien que chez les actrices, Rosamund Pike, Reese Witherspoon et Jennifer Aniston sont en lice). Le come-back de Michael Keaton dans Birdman (pour lequel il a reçu le Globe du meilleur acteur dans une comédie) sera-t-il couronné aux Oscars ? Côté séries, la surprise vint de Fargo qui a battu l’archi-favori True Detective pour le Globe de la Meilleure mini-série ou téléfilm. Fascinant en tueur psychopathe dans Fargo, Billy Bob Thornton est reparti avec le trophée du meilleur acteur dans une mini-série ou un téléfilm, devant Matthew McConaughey et Woody Harrelson, le duo de flics de True Detective. Fargo est le seule vainqueur incontestable d’un palmarès équilibré tourné vers le drame social d’actu : Jane the Virgin, Transparent et le téléfilm The Normal Heart ont été récompensés, seule l’absence d’Orange is the New Black de Netflix reste marquante. C’est surtout la série Transparent qui a été remarquée avec deux trophées, dont Meilleur acteur pour Jeffrey Tambor, phénoménal en transsexuel. A 70 ans, Jeffrey, des trémolos plein la voix, a dédié son prix -c’était la première fois qu’il était nommé- « à la communauté transgenre ». Vision rashomonesque d’un adultère, The Affair a aussi créé la surprise en raflant le trophée de la Meilleure série dramatique et de la Meilleure actrice (Ruth Wilson). Après huit nominations, Kevin Spacey -deux Oscars à son CV- reçoit enfin son Golden Globe pour son incarnation de Frank Underwood dans House of Cards. Une de ses phrases de remerciements : « j’apprends toujours ».