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Gazoduc Nord Stream 2 : la Russie accuse l’Europe de bloquer le projet

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Le projet du gazoduc Nord Stream 2, devant relier le littoral russe à l’Allemagne via la mer Baltique, butte toujours sur un blocage émanant de l’Union européenne et des États-Unis qui estiment que ce projet « peut porter un coup sévère » à l’économie de certains pays dont l’Ukraine, estime la presse russe.

D’une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an, Nord Stream 2 doit, en principe, être mis en service d’ici à 2019, date d’expiration de l’accord russo-ukrainien sur le transit de gaz vers l’Europe. Cependant, sa réalisation est fréquemment ajournée en raison des réserves exprimées aussi bien par Washington que par Bruxelles. Nord Stream 2 « risque de porter un coup sévère à l’économie ukrainienne », selon un haut responsable du département d’Etat, cité par l’agence de presse russe Sputnik. Dans une interview accordée au site slovaque EurActiv, l’envoyé spécial du département d’État pour les affaires énergétiques, Amos Hochstein, a estimé que la mise en œuvre du projet Nord Stream 2 était susceptible d' »entraîner le collapse de l’économie ukrainienne », largement dépendante au transit de gaz naturel via son territoire, écrit Sputnik. Selon M. Hochstein, la construction du gazoduc contournant l’Ukraine « pourrait infliger des pertes allant jusqu’à 2 milliards de dollars à ce pays dont l’économie traverse une crise prolongée ». Toujours d’après M. Hochstein, la Slovaquie risque également d’être pénalisée par la construction de Nord Stream 2, dont la seconde branche est destinée à doubler les livraisons de gaz russe en Allemagne les portant à 110 milliards de mètres cubes par an. En mars dernier, huit pays membres de l’Union européenne (UE), dont la République tchèque, la Slovaquie, la Roumanie, la Pologne, la Hongrie et les pays baltes, se sont prononcés contre la réalisation du projet.

Moscou tient au projet, Bruxelles s’oppose
Pour la Russie, la réalisation du projet Nord Stream 2 est hautement probable et toutes les décisions y afférant seront probablement prises cette année (2016), selon une récente déclaration du ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak. « Il est hautement probable que le projet Nord Stream 2 se réalise, bien qu’il existe toujours des risques d’ajournement pour de tels projets », avait déclaré le ministre dans un entretien à l’agence d’information internationale Rossiya Segodnya. Face à la volonté russe de mettre en œuvre Nord Stream 2, les États-Unis et l’UE continuent de faire pression sur les partenaires de Gazprom en Europe pour les amener à renoncer au projet. Juin dernier, le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel avait évoqué trois conditions nécessaires pour réaliser ce projet. La première est que le gazoduc doit être conforme aux normes européennes en vigueur. La deuxième est qu’il n’ait pas d’effet négatif sur le transit de gaz russe via l’Ukraine. Enfin, la troisième condition consiste dans le fait que le nouveau pipeline ne doit pas entraver l’approvisionnement de l’Europe de l’Est en gaz. Parmi ceux qui tentent de torpiller ce projet, il convient de citer en premier lieu les pays transitaires qui risquent de perdre des milliards de dollars en cas de construction du gazoduc. L’Allemagne s’est dès le début déclarée intéressée par le nouveau pipeline qui permettrait de réduire de 50% les coûts de transport de gaz russe par rapport aux coûts de son acheminement via l’Ukraine. Cette différence couvrirait facilement les dépenses pour la construction du gazoduc estimées à huit milliards d’euros.
Le 4 septembre 2015, la compagnie russe Gazprom a signé un accord sur la construction du gazoduc Nord Stream. Outre Gazprom (51% des parts de la nouvelle société), Nord Stream 2 implique les Allemands E.ON et BASF via sa filiale Wintershall, l’Anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, l’Autrichien OMV (10% chacun), ainsi que le Français ENGIE (ex-GDF Suez, 9%). La Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont adressé à Bruxelles une lettre conjointe critiquant la construction du Nord Stream 2, affirmant qu’elle ne correspondait pas aux intérêts de l’UE et minait l’économie ukrainienne. Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a déclaré à l’époque que le gazoduc visait à priver l’Ukraine de deux milliards de dollars par an qu’elle obtient grâce au transit de gaz russe.

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