La question paraiît saugrenue et pourtant elle s’impose d’elle-même. Alors à quoi aurait servi cette coalition des pays arabes menée par l’Arabie saoudite contre les rebelles Houthis au Yemen où plus d’un mois de bombardements intensifs sur les positions de ces derniers n’ont pas changé la donne sur le terrain des opérations , et les rebelles Houthis demeurent encore très actifs et offensifs .
C’est en fait une rébellion qui résiste aux bombardements des avions arabes mais aussi à l’avancée des troupes des comités populaires partisans du président sortant Abdrabo Mansour Hadi. Sauf que la fin annoncée de la tempête décisive a fait 900 morts parmi les civils yéménites et des milliers de blessés, selon les services sanitaires de ce pays.
Toutefois, comme il est admis de le dire par les experts militaires, dans chaque conflit armé à travers la planète, il y a des dommages collatéraux, sous entendre les victimes civiles, et parmi ces victimes beaucoup d’enfants surtout. Mais ce qui frappe l’esprit, c’est cette notion de force exhibée et qui n’a rien réglé en fin de compte puisqu’on parle maintenant de négociations entre les antagonistes pour arriver à un accord et faire taire les armes une fois pour toute et en prime le retour à la constitutionalité. Dans une guerre, elle a toujours son lot de destruction et de désolation, car , dans les auspices de l’ONU on a évoqué une crise humanitaire, et qu’il fallait sécuriser un couloir pour acheminer les aides humanitaires. Comme toujours, on laisse enfler le conflit, et laisser la place au langage des armes pour découvrir plus tard les vertus du dialogue.
Cela dit, il faut aussi reconnaître que la polarisation chiite-sunnite risque à long terme d’embraser toute la région si une véritable détente entre ces deux pays n’est pas instaurée d’une manière durable, sinon tôt ou tard, cela ne sera plus une guerre par procuration, mais un conflit frontal et direct et qui va a coup sûr accélérer le chaos dans cette partie du monde musulman. Cela est plausible, l’étincelle couvait depuis très longtemps et maintenant ceux qui ont allumé le feu de ce grand clivage religieux risquent, non pas de se brûler les mains, mais d’embraser tous les pays de la région.
La République islamique iranienne et l’Arabie saoudite sont les deux artisans qui chacune de son côté a réuni les ingrédients de ce bouleversement annoncé. L’opération tempête décisive, menée au Yémen contre les troupes rebelles Houthis, par une coalition arabe et chapeautée par la monarchie saoudienne, renseigne à juste titre, que ce sont les armes qui ont parlé et point de dialogue. C’est en définitive une guerre par procuration que se livrent ces factions sectaires dans la région avec la bénédiction et le soutien de ces deux puissances qui cherchent le leadership régional. Les conséquences de cette guerre larvée, c’est que le sang coule toujours en Syrie depuis quatre ans et plus de 200 000 mille morts, même tableau en Irak, au Liban et maintenant au Yémen, et demain ce sera le tour de quel autre pays arabe ? Mais dans l’absolu, à qui profite ce désordre régional ? Aux marchands d’armes qui se frottent les mains face à cette aubaine couronnée par des contrats de vente juteux, mais aussi pour les États-Unis qui, jouissent de cette situation dont leur plan pour cette région consiste à la plonger dans ces désordres.
C’est dire que le dit plan américain fonctionne à merveille , et c’est cela en fait les deux poids , deux mesures des États- Unis , d’un côté, ils aident et soutiennent en Irak le régime d’obédience chiite et allié à l’Iran en lutte contre l’organisation de l’État islamique sunnite, alors qu’au Yémen ils offrent leur appui au régime sunnite contre la milice chiite Houthis. Objectif final, c’est la recherche de la destruction totale de ces états dans lesquels se déroulent ces conflits armés sur fond d’enjeux économiques et confessionnels.
Mâalem Abdelyakine