Il faut croire que Rabat est encore sonné par la résolution de l’ONU qui ne lui laisse plus aucun échappatoire pour éviter les négociations directes. En effet et très probablement à la demande du souverain marocain qui prend des décisions folles et invraisemblables, le Maroc décide de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Dans la même foulée, le chef de la diplomatie marocaine, qui, lui aussi, ne craint pas le ridicule, s’en prend à l’Algérie et à l’ambassade d’Iran à Alger. Il faut relever que la sortie délirante intervient au lendemain de l’intervention fantasque du premier ministre sioniste israélien Benjamin Netanyahu affirmant qu’Israël disposait de «preuves concluantes» d’un programme secret iranien pour se doter de l’arme nucléaire. Le ministre marocain des Affaires étrangères qui, depuis son voyage en Israël, singe la propagande israélienne et son arrogance utilise le même langage pour mettre en cause Téhéran à travers le Hezbollah et plaire à Tel Aviv mais aussi à Ryadh. Sans craintes du ridicule, Nasser Bourita; le MAE marocain qui subit les foudres du roi à chaque revers diplomatique, tient une conférence de presse et clame détenir des « preuves irréfutables» contre Téhéran et le Hezbollah. Sauf et faisant du Netanyahou qui déblatérait devant un tableau avec des informations dépassées sur l’Iran, le chef de la diplomatie marocaine ne produit aucune preuves si ce n’est des affirmations gratuites et ridicules. Les graves accusations proférées par le Makhzen contre l’Algérie sont a tels point ridicules qu’elles ont suscité la surprise de Téhéran, qui a immédiatement démenti les propos farfelus de Rabat. Tandis qu’à Alger où on s’est habitué aux sautes d’humeur du souverain dont les décisions sont perturbées par sa maladie, on ne se donne pas la peine de réagir. Mais il faut relever que la nouvelle ineptie de Nasser Bourita intervient à un moment où le Maroc perd sur tous les fronts. Aux Nations unies, la résolution sur mesure que la France a voulu imposer pour son protectorat marocain a été profondément remaniée et met au pied du mur le Makhzen qui croit pouvoir agir avec l’arrogance de son allié israé- lien. A l’Union européenne, les centaines de millions de dollars versés aux lobbyistes de service n’ont servi à rien, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ayant statué, là aussi, en faveur de la République sahraouie. Au niveau africain, les manœuvres de Rabat et de Paris visant à exclure la RASD de l’Union africaine se sont fracassées contre la détermination du Comité exé- cutif de l’UA de faire respecter les textes de l’organisation panafricaine, allant jusqu’à menacer de tenir le sommet EUUA à Addis-Abeba si la Côte d’Ivoire ne s’y conformait pas et persistait à intégrer le quarteron de comploteurs soumis à la France. Qui plus est, Rabat, qui pensait jouer un pays arabe contre l’autre prenant position pour Doha contre Ryadh. De bas calculs qui poussent M6, qui a fait de Paris sa résidence quasi permanente à croire pouvoir masquer en s’affichant avec le prince héritier saoudien à qui il brûlera la politesse en se faisant recevoir par Macron juste avant l’audience royale. Au point où on se demande à quoi tiennent ses largesses ? Sans diplomatie crédible et entre les mains d’un monarque peu au fait des enjeux internationaux croyant encore qu’il peut jouer un bloc contre l’autre, le Maroc croit pouvoir jouer les utilités et surtout bien se faire voir par Donald Trump. Ainsi avec ces enfantillages diplomatiques, il veut exister dans le contexte international à quelques jours d’une décision importante de Donald Trump sur le nucléaire iranien. En établissant un lien militaire entre le Front Polisario et l’Iran, le Maroc cherche à discréditer la cause sahraouie auprès des États-Unis où elle bénéficie d’un large soutien jusqu’au sein de la Maison Blanche. Il croit faire coup double en s’en prenant à l’Algérie, inébranlable sur son soutien indéfectible à l’autodétermination du peuple sahraoui et maintient de bonnes relations avec l’Iran. Pour éviter d’aller aux négociations directes avec le Front Polisario le Maroc singe Israël et croit pouvoir être en mesure de défier le Conseil de sécurité et les Etats-Unis qui ont insisté sur la reprise des négociations directes et des résultats .A Washington, Rabat, qui a fortement soutenu financiè- rement Hillary Clinton, ne trouvera aucune grâce aux yeux d’un Trump particulièrement rancunier. Même si et au prix d’un désaveu national le monarque marocain met en scène l’annonce du retrait de la candidature du Maroc de l’organisation de la Coupe du monde. D’autant que Donald Trump a menacé de représailles le pays qui sera tenté de voter pour le Maroc.
Mokhtar Bendib
Folies et grands mensonges
Le Front Polisario a qualifié de « grand mensonge » l’affirmation du Maroc selon laquelle le Front Polisario entretiendrait des relations dans le domaine militaire avec l’Iran, défiant Rabat de présenter des preuves de ses « fausses allégations », après avoir décidé de rompre ses relations avec Téhéran « en raison de son soutien au Front Polisario ». Le coordinateur du Front Polisario avec la MINURSO , M’hamed Khaddad, a indiqué que l’action de Rabat obéit à un « petit opportunisme politique » qui vise à « contourner la reprise des négociations politiques directes demandée par l’ONU » pour le règlement du conflit du Sahara occidental à travers un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, un processus en cours depuis le cessez-le-feu de 1991. M. Khaddad, s’exprimait dans une déclaration à l’agence de presse espagnole, EFE, suite à l’annonce mardi par le Maroc de la rupture des ses relations avec l’Iran. Dans cet ordre d’idées, M. Khaddad a réfuté l’existence de tout lien militaire avec l’Iran, en affirmant que « le Front Polisario n’a jamais eu de relations militaires et n’a pas, non plus, reçu d’armes et entretenu des contacts militaires avec l’Iran ou le Hezbollah ». « C’est une mascarade et un grand mensonge. Le Maroc cherche une protection de son retrait des négociations (avec le Front Polisario) qui devraient conduire à une consultation, l’autodétermination de l’ancienne colonie espagnole, conformément au plan de règlement onusien », a-t-il expliqué. « Nous mettons au défi le Maroc de fournir la moindre preuve, le Maroc vit dans la folie et ne sait pas comment sortir de son obligation de dialogue », a conclu le responsable sahraoui.
M. B.