Accueil ACTUALITÉ FACE AUX MUTATIONS INTERNATIONALES : L’urgence d’un bloc arabe compact

FACE AUX MUTATIONS INTERNATIONALES : L’urgence d’un bloc arabe compact

0

Le 31e Sommet des États de la ligue arabe qui s’est ouvert, mardi, à Alger, intervient dans un contexte mondial et régional des plus complexes.

Des bouleversements nouveaux surgissent, alors que le monde arabe n’a pas encore fini avec des crises internes vieilles de plusieurs années déjà. Sur le plan régional, la situation est marquée par la persistance des crises sécuritaires et des conflits armés dans des pays arabes qui, pour certains, datent depuis plus de dix ans, et une recrudescence des agressions sionistes contre les Palestiniens, entre autres. Des conflits qui ont tendance à s’éterniser. La longue durée de vie des conflits au Yémen, en Libye, en Syrie ou la situation dramatique en Palestine, sont en grande partie la conséquence directe d’une totale démission des pays arabes dans leur résolution, si ce n’est pour interférer dans les affaires internes de ces pays, et accentuer la crise comme c’est le cas au Yémen où c’est une coalition de pays arabes qui intervient militairement, créant une crise humanitaire sans précédent dans la région. Dans d’autres pays arabes, le conflit a été laissé au soin de forces étrangères pour intervenir comme c’est le cas en Syrie ou en Libye. Sur le plan international, la guerre Ukraine-russie, n’est pas aussi sans conséquences sur les pays de la région, sachant que ces deux pays, partis en guerre, sont les premiers producteurs de blé dans le monde. Conséquence : la Somalie, et le Yémen pour ne citer que ceux-là, sont au bord de la famine en raison de ce conflit armé. Un phénomène qu’on croyait révolu à jamais. Cette confrontation militaire a également « mis au monde » une crise énergétique inédite notamment en Europe, provoquant le ralentissement de plusieurs économies à travers le monde en plus de l’accélération de l’inflation et l’exacerbation du problème de l’insécurité alimentaire dans plusieurs régions du monde, alors que l’humanité venait à peine de se remettre des retombées de la pandémie du Covid-19. À cela s’ajoute la délicate question du réchauffement climatique, œuvre des pays industrialisés. Des averses précoces, des inondations par endroits, tandis que d’autres régions sont frappées de sècheresse, des températures hors norme en plein hiver…..

Prendre le train du nouvel ordre mondial
Tout cela pour dire que le monde est à présent comme sans frontière où les échanges économiques et commerciaux s’exercent de bout en bout, le dérèglement climatique, les luttes permanentes entretenues par les puissances étrangères pour imposer un ordre mondial sur mesure pour servir leurs propres intérêts, font que la moindre secousse dans n’importe quel point du globe est ressentie de plein fouet ailleurs d’où la nécessité, pour les pays arabes, de dégager des solutions et des mécanismes pratiques en mesure de faire face aux défis et autres mutations sur le double plan régional et international. Les dirigeants arabes en sont conscients. C’est dans ce sens que s’inscrit d’ailleurs, l’intervention du chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, face aux dirigeants arabes à l’ouverture des travaux de la 31e session de la Ligue arabe. Ce Sommet « se tient dans une conjoncture régionale et internationale exceptionnelle, d’une extrême complexité, marquée par la montée des tensions et des crises, en particulier dans notre monde arabe qui, jamais dans son histoire contemporaine, n’a connu de périodes aussi difficiles et suscitant autant d’inquiétude que celle que nous vivons aujourd’hui », a déclaré le président Tebboune. Et d’ajouter : « ces crises complexes aux dimensions et risques multiples se posent encore à nous, avec la multiplication des défis intérieurs et extérieurs majeurs que connaît le monde post-Covid-19, et qui ont entraîné un changement des équilibres, des tiraillements et l’exacerbation du phénomène de polarisation, lesquels contribuent, dans une large mesure, à la prolifération des crises, qui ont des retombées sur la paix et la sécurité internationales et impactent plusieurs pays, notamment dans leur sécurité alimentaire ». Avec les grandes mutations mondiales et leurs conséquences sur les pays arabes, le Premier magistrat du pays ne voit pas d’autres solutions en dehors d’un  » bloc économique arabe solide, garant des intérêts communs, tout en œuvrant à la définition des priorités et des domaines d’action commune, à impact positif immédiat et perceptible pour les peuples arabes ». Dans ce même ordre d’idées, le président Tebboune a appelé à l’institution d’un Fonds monétaire arabe pour le soutien des pays arabes en difficulté, ainsi que l’impératif soutien à la jeunesse arabe.

La Ligue arabe pour régler les questions arabes
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheït, a abondé dans le même sens, mardi lors de son allocution, estimant qu’il n’est plus admissible de mettre les crises arabes sur le dos d’une communauté internationale extenuée, mais plutôt d’œuvrer ensemble pour trouver des solutions arabes aux problèmes arabes à travers la mise en place d’une stratégie globale commune face aux défis multiples auxquels ils sont confrontés. « Ce sont des problèmes interdépendants qui interpellent fortement les pays arabes à mettre au point une stratégie globale pour faire face à ces crises », a fait observer Aboul Gheït, tout en relevant les grandes potentialités diversifiées des pays arabes capables de faire la différence si elles étaient mobilisées. Le président tunisien, s’est dit, lui, convaincu que les décisions qui découleront du Sommet sont à même de « rassembler les frères autour d’un ensemble de solutions et de convenir d’un minimum d’approches et de moyens devant transcender les différends cumulés dans le passé et traiter les développements survenus ces dernières années ». Sur le terrain et après deux jours de débats entre les dirigeants arabes présents au Sommet d’Alger, le vœu des dirigeants arabes déjà cités s’exauce peu à peu. En effet, selon certaines sources fiables, les points de vue des dirigeants arabes ayant pris part à ce Sommet se rapprochent sur l’ensemble des questions politiques, sociales et économiques qui concernent la région arabe, « en dépit de quelques cas de divergence de vues » notamment sur les questions politiques abordées.

Une zone de libre-échange « sans visa »
Selon ces sources, les décisions à caractère économique devant figurer dans la « Déclaration d’Alger » auront des « retombées très positives sur tous les pays arabes, et devront ouvrir les perspectives de partenariat et de l’investissement dans différents domaines », précisant que les questions d’ordre économiques occupent une bonne place au sein de la Déclaration d’Alger qui va être rendue publique sous peu et que « toutes les entraves se dressant face au développement des domaines économiques entre les États arabes ont été évaluées, notamment celles relatives au développement de la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE) ». À se fier à ces sources, toutes « les entraves administratives et douanières qui se dressaient face au développement des échanges interarabes et qu’elles (décisions) permettront aussi de promouvoir les investissements et la coopération commune dans différents domaines économiques devraient être éliminées progressivement. Il est aussi question de redynamiser la coopération entre les institutions arabes et le mouvement associatif à travers l’ouverture des espaces d’échanges d’idées, et le dialogue constructif pour affronter ensemble les défis auxquels font face ces pays. Il a été également mentionné la nécessité pour les pays arabes de travailler avec la communauté internationale dans son environnement islamique, africain et euro-méditerranéen dans le respect des résolutions des Nations unies en ce qui concerne notamment la non-ingérence dans les affaires internes de pays souverains tout en œuvrant pour une coopération plus accrue avec les partenaires internationaux et régionaux pour consacrer le dialogue et la concertation dans un cadre mutuellement profitable. Il est ainsi clair que les pays arabes, à travers la Déclaration d’Alger, avaient finalement compris qu’ils n’ont plus d’autres choix face aux bouleversements mondiaux multiples que de s’unir et de regarder dans la même direction pour, au préalable, résoudre les conflits existants de façon consensuelle et durable, œuvrer pour une économie forte et mutuelle, et surtout garantir la sécurité alimentaire et atteindre l’autosuffisance alimentaire pour se mettre à l’abri des forcings et chantages des pays étrangers et venir en aide, par la même, aux pays vulnérables ou à faible revenus.
Brahim Oubellil

Article précédentTEBBOUNE ET SES HOMOLOGUES ARABES INTERPELLENT L’ONU : Vibrant plaidoyer pour la cause palestinienne
Article suivant« L’Algérie en fête » : Un spectacle de danse célèbre la diversité du patrimoine culturel algérien