Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a reçu lundi soir un appel téléphonique de son homologue français Emmanuel Macron, a indiqué un communiqué de la présidence de la République.
Un appel intervenu quelques heures après la rencontre qu’a eu le président français avec une délégation de harkis à l’Elysée. Les deux chefs d’État ont abordé, lors de cet entretien, les relations bilatérales, ainsi que les questions d’ordre régional, dont la situation en Libye et dans la région du Sahel. Mais ce qui retient l’attention est que cet échange Tebboune-Macron, intervient alors que le débat sur le dossier des harkis et de la repentance française est à son comble. Emmaunel Macron qui a réglé sa boussole sur sa réélection à l’Elysée est en train de souffler le chaud et le froid dans son approche à la question mémorielle de la « Guerre d’Algérie » et les relations de son pays avec l’Algérie. Partant du principe qu’il doit ménager « la chèvre et le chou », il déroule le tapis rouge devant les harkis et leurs descendants tout en affirmant qu’il œuvre à inscrire les relations avec l’Algérie dans l’apaisement et le respect mutuel. Cet exercice équilibriste saura-t-il le réaliser et ainsi s’approprier les voix des bi- nationaux, des anciens harkis, de leurs descendants et des ultras, séduits par le discours de la droite et de l’extrême-droite, dont le Rassemblement national et qui sont encore à l’heure de « l’Algérie de papa » ? Pire encore saura-t-il jouer la bonne partition pour ne pas froisser son partenaire algérien qui a toujours réaffirmé que la souveraineté, la liberté de décision et la question mémorielle « ne sont pas négociables ». La France de Macron est piégée par la conjoncture et ses engagements annoncés lors de la campagne électorale pour les dernières présidentielles et lors du mandat finissant du pensionnaire de l’Elysée. Ce dernier, séduit par l’idée de se voir offrir un nouveau quinquennat verse dans la versatilité. Il dit la chose et son contraire dans une tentative de brasser large. Eric Zemmour, en véritable trublion a entrainé Macron et les autres potentiels candidats à s’immerger dans un débat sur le passé colonial de l’état français, l’émigration et l’intégration des français d’origine maghrébine dont algérienne. Le hic dans cette histoire de harkis et de pardon, est qu’au moment où le maire de Rouen, Nicolas Meyer Rossignol s’apprête à lancer une consultation sur le remplacement d’une statue de Napoléon Bonaparte par une autre à l’effigie de Me Giselle Halimi, l’avocate du FLN, des voix de l’extrême droite ont réussi à pousser le président français à emprunter leur discours pour tenter de séduire les harkis et tous les cercles qui n’arrivent pas encore à comprendre que la France doit un jour ou l’autre, faire sa repentance et assumer son passé colonial et ses crimes de guerre commis par son armée en Algérie . Les français d’origine algérienne, surtout ceux issus de la deuxième génération, nés de parents qui ont trimé dans les mines et les usines françaises, ne sont pas dupes et ils ne laisseront pas passer l’initiative de Macron de remuer le couteau dans la plaie, encore béante, de la « guerre d’Algérie ».
Recevoir avec faste les harkis et leurs représentants c’est corriger « les erreurs » de la France coloniale, concernant les « harkis» , car dans la profonde pensée de la France, il ne s’agissait que d’indigènes et de chair à canons, au service de son système politique colonial et cela, le futur candidat Macron le sait.
Slimane B.
Le sénateur Youcef Messar réagit sur la rencontre de Macron avec les harkis
Le président de la commission de la défense au Sénat, Youcef Messar, a réagi à la rencontre du président français Emmanuel Macron avec les harkis, et de son geste à leur encontre, lundi dernier à l’Elysée, indiquant qu’il n’a pas été surpris de voir l’État français « honorer les harkis ». En marge du débat sur le Plan d’action du gouvernement exposé hier par le Premier ministre Aïmene Benabderrahme devant les membres du Conseil de la nation, le président de la commission de la défense au Sénat , Youcef Messar a déclaré « je ne suis pas surpris que la France coloniale honore les traîtres qui ont poignardé la révolution algérienne, par leur participation avec l’ennemi dans sa guerre contre les combattants algériens pour l’indépendance de notre pays » . Ajoutant que «le geste du président français ne m’étonne pas » il affirme que « ce n’est pas nouveau et une nouveauté» avant d’ajouter que « les harkis ce sont ses alliés et partenaires » et donc, lance-t-il « c’est un acte naturel » entre eux. Il a appelé l’État français et son président Macron « à indemniser les victimes des explosions nucléaires et ceux des massacres commis en Algérie », durant la colonistaion française dans notre pays. Pour rappel, lors de la réception par le président français des Harkis, Emmanuel Macron qui s’active pour briguer un second mandat à la tête de la présidence française a reconnu lundi dernier
« que la France a manqué à ses devoirs envers les harkis et a annoncé une loi de reconnaissance et de réparation en leur faveur ».
Sarah O.