Les regards de l’Espagne restent tournés vers le Qatar pour diversifier son approvisionnement en gaz et compenser la réduction de ses importations de Russie, tout en tenant compte aussi de la crise diplomatique avec l’Algérie provoquée par le revirement du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez qui a pris l’initiative, en mars 2022, de violer la légalité internationale sur la question du Sahara occidental en s’alignant sur la position du Maroc. Pourtant, cette crise n’a eu aucun impact sur les exportations de gaz algérien vers son client espagnol. En janvier 2023, c’est l’Algérie qui a été le principal fournisseur de gaz naturel de l’Espagne en couvrant un quart de la demande mensuelle, selon les données fournies par Enagás. L’idée que le Qatar pourrait se substituer à l’Algérie comme fournisseur gazier de l’Espagne a commencé à être évoquée par les médias en mai 2022 à l’occasion de la visite d’Etat de l’émir qatari, Tamim Ben Hamad Al-Thani, à Madrid. L’éventualité de voir ce pays du Golfe augmenter les parts de gaz exportés vers l’Espagne avait été soulevée par les médias qui se référaient alors au souhait du chef du gouvernement espagnol. A ce moment, des experts, en Espagne, ont exprimé leur doute que le Qatar puisse remplacer l’Algérie en matière d’approvisionnement en gaz. Certes, le Qatar possède les troisièmes plus grandes réserves de gaz au monde, mais il est en cinquième position sur la liste des fournisseurs de gaz naturel de l’Espagne, loin derrière l’Algérie. Madrid pense que la part du Qatar dans son approvisionnement gazier pourrait augmenter, au vu des capacités de production de ce pays du Golfe. Mais, ce serait sur le long terme dans le cadre des approvisionnements de l’Union européenne et en fonction du développement des infrastructures d’importation associées. En 2022, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe, qui ont bondi de 60% en 2022 par rapport à 2021, provenaient en grande partie du Qatar, en deuxième position après les Etats-Unis. Après l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine et la crise énergétique qui a secoué l’UE, provoquée par les sanctions antirusses prises par les pays occidentaux, la crainte de manquer de gaz a amené les dirigeants européens à chercher à s’approvisionner en gaz qatari. C’est ce qu’a fait l’Allemagne qui a signé pour 15 ans un contrat de fourniture à terme de GNL qatari à partir de 2026. Mais, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, avait averti que l’approvisionnement mondial de GNL devrait être difficile du fait d’un rebond de l’économie chinoise, augmentant la concurrence avec l’Europe pour acheter le GNL disponible dans le monde. En effet, La Chine a signé un accord d’approvisionnement de 27 ans entre Qatar Energy et Sinopec à hauteur de 4 millions de tonnes de GNL par an. Quelle part de gaz qatari restera-t-il à l’Espagne? Alors que, dans le domaine de l’énergie, les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne étaient excellentes et appelées à s’étendre, faisant de l’Espagne un grand hub gazier pour l’Europe, il y a eu le revirement brusque et injustifié du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez sur la question du Sahara occidental. Puis son obstination dans cette position a amené l’Algérie a décidé le 8 juin 2022, la suspension immédiate du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération conclu le 8 octobre 2002 avec le Royaume d’Espagne. À ce moment, le journal espagnol El-Mundo notait que l’Espagne a perdu ses positions comme hub gazier du Sud de l’Europe. El Mundo se référait au contrat gazier, qu’il a qualifié de « colossal », signé par l’Algérie avec l’Italie. L’Algérie « opte pour ce pays comme grand allié énergétique européen », constatait le journal espagnol qui a rappelé que l’Espagne recevait de grandes quantités de gaz algérien, la prédestinant à devenir une grande plateforme de gaz pour l’Europe. C’est l’Italie qui va remplir cette fonction.
M’hamed Rebah
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