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ELLE ÉLUDE LES RESPONSABILITÉS DANS LE CARNAGE DE SUBSAHARIENS À MELILLA : L’UE botte en touche

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Habituellement prompte à réagir à toute présumée affaire de violation de droits de l’Homme fut-elle à caractère civique, lorsqu’il s’agit notamment de s’en prendre à un pays du Sud, l’Union européenne s’est murée dans un silence troublant sur le carnage perpétré vendredi à Melilla.

Au moins 23 humbles migrants subsahariens ont laissé leurs vies suite à une répression brutale à un usage abusif de la force policière marocaine. Et pourtant, Bruxelles n’a pas levé le petit doigt. Et lorsque le caractère extrêmement grave des événements l’a contrainte à le faire, elle élude la question qui fâche et ménage les responsabilités dans ce bain de sang.
Au moment où le monde entier est choqué par les vidéos diffusées sur le traitement criminel et inhumain réservé par les forces marocaines aux migrants subsahariens, violemment matraqués et laissés pour morts à ras le sol, l’UE, au lieu de condamner avec des termes les plus vigoureux une boucherie commise à ciel ouvert, ferme les yeux sur la tragédie humaine et brandit la carte de la « menace migratoire », pour ne pas dire « justifier » des violences « nécessaires » aux intérêts communs avec le Maroc.
En mars dernier déjà, dans la foulée du rétablissement des relations entre Madrid et Rabat comme résultante d’un chantage politique marocain qui a poussé des milliers de migrants à passer vers l’enclave de Ceuta et Melilla, l’Union européenne a misé sur son partenaire du sud pour jouer le chien de garde de ses territoires face aux flux des migrants. « Nous sommes convenus d’intensifier notre coopération (…) dans le domaine de la lutte contre le trafic des migrants, de protection des frontières, des retours et des réadmissions », avait déclaré le commissaire à l’Elargissement et à la politique européenne de voisinage, Oliver Varhelyi, à l’issue d’une rencontre avec le Mae marocain Nasser Bourita.
Cette affaire dont le caractère prémédité n’est plus à démontrer tant le silence, sinon la réaction tardive et à demi-mot de la commissaire européenne aux affaires étrangères, Ylva Johansson, en dit long sur une posture de complicité face à un crime abject qui, plus est, n’a pas non plus fait réagir les ONG qui se disent « avant-gardistes » des droits de l’Homme. Comment expliquer qu’en dépit de la gravité des événements qui se sont soldés par la mort de dizaines de migrants n’ont pas fait l’objet d’une demande d’ouverture d’enquêtes pour situer les responsabilités dans ce massacre ? L’UE fait-elle mine de ne rien voir au point de tenter de minimiser les dégâts par calculs simplistes d’intérêt ?
Les faits survenus à Melilla parlent d’eux-mêmes : quelque 2000 migrants peuvent-ils traverser un territoire, franchir les barrières les barrages des services de sécurité marocains pour se retrouver, aisément, à la frontière avec l’enclave espagnol sans qu’il y ait un coup de pouce derrière ? Cette affaire nous rappelle si bien la crise migratoire de mars 2021 entre l’Espagne et le Maroc lorsque le Makhzen a poussé des milliers de ses sujets à gagner l’enclave de Ceuta et Melilla. Force est de constater qu’à travers ces événements, le Maroc a fait cadeau au gouvernement de Sanchez au demeurant honni à cause de son désengagement total envers la question sahraouie et sa remise en cause d’un consensus espagnol qui datait alors depuis 1975.
Pour revenir aux déclarations de la commissaire européenne aux AE, le fait qu’elle s’est contenté d’un post twitter en guise de réaction, Ylva Johansson renseigne on ne peut plus claire d’une position qui va dans le sens d’un pacte conclu avec le Maroc.
Si elle a qualifié de « profondément troublants » les évènements survenus au poste frontière de Melilla du fait qu’il y ait « pertes en vies humaines (…) », elle élude les responsabilités pour évoquer le souci de la sécurité des territoires européens face aux « menaces » migratoires venant du Sud. « Cette tragédie souligne pourquoi nous avons besoin de voies sûres, réalistes et à long terme qui réduisent les tentatives d’immigration irrégulière ». Voilà à quoi se résume la posture de l’UE face au carnage commis sur les personnes en situation de détresse.
Farid Guelli

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