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Don d’organes : plaidoyer pour un meilleur encadrement juridique

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Conscients que, en Algérie, le don d’organes demeure une question sensible qui pénalise des milliers de malades en attente d’une greffe, les membres de l’association Bilboa qui intervenaient, hier, au forum d’El-Moudjahid pour annoncer qu’elle mène une campagne de sensibilisation massive, en vue d’encourager le don, ont tenu à plaider auprès des pouvoirs publics, pour renforcer le cadre juridique des procédures législatives et administratives afférentes à ce grand acte de solidarité.
Ainsi, Abordant l’encadrement juridique du don dans le projet de la loi sanitaire, le Dr Abderrezak Zebboudj, vice-président et chargé de communication de l’association Biloba, a indiqué qu’actuellement la totalité des greffes effectuées en Algérie se font à partir de donneur vivant apparenté, un travail de sensibilisation doit être effectué concernant le donneur décédé. En effet, pour que cette opération soit possible, le donneur doit exprimer de son vivant sa volonté de donner ses organes après sa mort, soit en détenant une carte de donneur qui va informer sa famille de sa décision (notre association délivre des cartes de donneur), soit en exprimant directement sa position aux membres de sa famille. De ce fait, pour le Dr Zebboudj, la future loi sanitaire devrait être «précise» et aborder tous ces aspects, afin de faciliter la tâche aux spécialistes et sauver la vie de milliers de malades. Affirmant que la loi 85-05 de 1985, relative à la protection et à la promotion de la santé, définit la gratuité du don, l’anonymat du donneur et du receveur, et le consentement des deux parties, l’intervenant a, néanmoins, soutenu que depuis ces années les données ont beaucoup changé. «Il est impératif d’adapter la loi aux nouvelles données médicales, religieuses et sociales», a-t-il dit. D’autre part, l’intervenant s’est félicité du fait que l’avant-projet de loi de santé ait abordé clairement la question du don d’organe.
Étant plus explicite, il dira que dans l’avant-projet de loi, le don d’organe pourra se faire à partir de personnes mortes à d’autres, même si elles ne sont pas apparentées. Cela est bien sûr conditionné. Il est précisé dans le texte de loi que le prélèvement d’organes humains ne peut être pratiqué «sans le consentement préalable, exprès, libre et éclairé du donneur». C’est le cas également en ce qui concerne le prélèvement d’organes sur une personne décédée qui ne peut s’effectuer sans le consentement authentifié et obligatoire de la personne concernée de son vivant. Le prélèvement d’organes, en vue d’un don, sur une personne vivante mineure ou incapable est cependant interdit. Le texte précise que toute publicité en faveur d’un don est interdite. Il est également précisé que le prélèvement d’éléments et le don ne doivent donner lieu à aucun paiement de quelque nature que ce soit, et qu’il est interdit de dévoiler l’identité du donneur au receveur, et l’identité du receveur au donneur. Toutefois, cette interdiction peut être levée en cas de nécessité thérapeutique et dans les cas où le donneur et le receveur sont apparentés. Tout en se félicitant de ces avancées, le vice-président de l’association Biloba a plaidé à adopter ce projet de loi dans les plus brefs délais, et ce, en vue de sauver la vie des malades, tout en rappelant que la sensibilisation joue un grand rôle. Mais le plus grand combat pour l’Association est d’informer les citoyens, car le manque d’informations en termes d’éthique et de droit représente l’obstacle et le problème le plus important. Par ailleurs, sur le volet religieux, la fetwa existe et que les hommes de culte participent à la sensibilisation des citoyens sur ce geste considéré comme une «sadaqa» (aumône), la problématique réside dans le fait qu’actuellement, sur le plan juridique, il n’y a pas de personne indiquée, dans l’entourage familial de la personne décédée, pour autoriser le prélèvement d’organes. Quant à ceux qui disposent d’une carte de donneur d’organes, le document n’a pas de valeur juridique. C’est pourquoi les membres de l’association Biloba appellent les pouvoirs publics à mettre en place, un dispositif juridique en mesure d’encadrer le donneur. Pour rappel, l’association Don d’organes Biloba dont le nom fait référence, à une espèce d’arbres répandue au Japon et qui a survécu aux bombardements d’Hiroshima, lors de la Seconde Guerre mondiale, milite pour la promotion et la sensibilisation au don d’organes, de tissus et de cellules.
Lamia Boufassa

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