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Djamel Oudafel, coordinateur national du syndicat UGTA de la Schpm : «La direction de la Société a reculé sur ses engagements»

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La SCHPM (Société des courses hippiques et du pari mutuel) vit depuis ces dernières années une situation de marasme. Les travailleurs de cette entreprise en souffrent, les partenaires économiques et sociaux aussi, devant une administration qui semble avoir la tête ailleurs que d’écouter ces partenaires à l’effet de résoudre les problèmes posés dans cette société. Djamel Oudafel, coordinateur national du syndicat UGTA de la SCHPM, met en garde contre le statu quo et le pourrissement auquel pousse l’administration avec l’arrivée d’un nouveau DG. Désormais, il s’en remet au pré- sident de la République et interpelle le ministère de l’Agriculture pour imposer le retour à l’ordre dans la société dont le Conseil d’administration ne s’est pas réuni depuis deux ans. Dans cet entretien Oudafel nous éclaire plus sur la situation de la SCHPM.

-Le Courrier d’Algérie: Vous êtes dans une situation tendue avec l’administration générale de votre société que vous qualifiez de «marasme». Comment expliquez-vous ce différend entre vous et la direction de la SCHPM ?
-Djamel Oudafel : Le problème qui nous oppose à l’administration de la socié- té, à sa tête le DG par intérim, Rayane Ahmed, ce sont les engagements non honorés pris avec le syndicat de l’entreprise, qui est le partenaire social de cette société. Aussi, il y’a les défaillances dont a fait preuve l’administration sur les droits défalqués et non respectés des travailleurs par rapport à la loi en vigueur. Dans l’ancienne administration, la DG a permis un cumul de postes de travail et a fait de la discrimination entre salariés. D’où notre recours à un mouvement de grèves. En termes clairs, notre problème, ce sont les droits des travailleurs défalqués malgré les engagements de l’administration. Depuis son installation en mars 2016, on a œuvré, à travers les PV qu’on a signés avec l’administration, à désamorcer la crise par l’instauration d’un climat sain et serein au sein de la société, sur le plan économique et social. D’ailleurs, on a tracé une feuille de route en ce sens qui implique la Fédération nationale des travailleurs des industries agro-alimentaires (Fntiaa-Ugta) et le SG du ministère de l’Agriculture. A travers les engagements écrits, les signataires incitent le DG et le syndicat de l’entreprise à retravailler en commun accord et en concertation permanente. Il était question d’accords responsables qu’on a respectés à la lettre. Ces procédures ont été fixées par nos tutelles respectives, à savoir le ministè- re de l’Agriculture et l’UGTA par le biais de la Fntiaa. Et quand on est arrivé à la phase de signature de l’accord collectif pour le concrétiser en communion, la Direction générale a commencé à jouer et à faire dans la machination.

– Ca remonte à quand ce conflit qui vous oppose à l’administration de la société ?
-C’est à partir du mois d’octobre 2017. On a fait intervenir notre fédération pour jouer l’arbitrage entre nous et la direction générale. On a clarifié la situation prévalant dans la société pour essayer de dénouer le conflit et éviter de pourrir les choses. Or, la direction générale fait dans la fuite en avant. Pour nous, il y a des lois, il suffit juste de les respecter. – Pourtant, des PV sont signés et des engagements communs sont pris… – Nous avons signé beaucoup de PV. Les contrats ont été élaborés conjointement entre nous et la direction générale. Ils étaient signés par le SG du syndicat et le directeur général de la société des courses hippiques, qui est nommé à titre intérimaire. Nos PV attestent de ce qu’on dit. Le problème est à chercher dans la direction de la société qui essaye de pourrir les choses au lieu de régler les problèmes socioprofessionnels des travailleurs.

-Pouvez-vous éclairer plus sur vos revendications ?

-Ces engagements contenus dans les PV signés se résument en trois axes. Le premier problème est d’ordre économique. De par le passé, notre société a eu à recourir à des mouvements de grève depuis les années 2014, 2015 et 2016 à cause de l’anarchie qui régnait dans cette activité. Je parle de l’activité équine en général. Après son installation le 28 avril 2016, le DG a pris des engagements. À ce moment là, nous avons défini les problèmes qui devaient être réglés en urgence. Il s’agit du respect de la loi et de la règlementation, le règlement intérieur, ainsi que des conventions collectives. Mais, la direction a tout mis de coté et rien n’a été réglé depuis. En plus, le DG a promis de régler les problèmes économiques de la spécialité des courses par rapport aux hippodromes, d’informatiser les PMU par rapport aux paris et régler le problème de la restructuration de l’entreprise et le secteur des courses en général. Parce que le secteur des courses est la locomotive de secteur équin. Cela est important pour la sauvegarde de l’activité et du cheptel équin. Pour ce cheptel, c’est la société qui détient le monopole. On n’a pas de subventions de l’État. Tout ce que nous demandons c’est de nous laisser travailler dans un cadre légal et réglementaire : il n’y a pas de conseil de surveillance et d’orientation malgré qu’il soit régi par les statuts de l’entreprise de 2005. C’est sous le conseil d’administration sur instruction du chef du gouvernement de l’époque (Abdelmalek Sellal, ndlr) qu’on a pu obtenir la réunion du conseil d’administration qui ne s’est réuni qu’une fois, en mai 2015. Il y a eu des résolutions et des amendements qui devaient être respectés par la direction. Elle devait veiller à l’application des amendements. Par rapport aux amendements, le conseil d’administration a demandé un audit général pour clarifier la situation de l’entreprise sur les plans administratifs et financiers. Mais, à ce jour, rien n’a été fait !

-Vous pointez du doigt une mauvaise gestion de l’entreprise ?
-La situation de la société, sur les plans légal et administratif, n’est pas claire. Il n’y a pas de transparence. Nous, on a voulu entrer dans la légalité. Le syndicat n’a pas le droit de s’ingérer dans le Conseil administratif. On a créé un comité de participation comme la loi le prévoit. Selon les attributions que lui donne la législation, il devient un garant par rapport au respect de la réglementation dans cette entreprise. On a installé le comité de participation et c’est le SG du syndicat de l’entreprise qui est sorti président de cette instance (février 2017). Mais, le DG n’a jamais demandé avis auprès de ce comité. Depuis sa création à ce jour, il n’a jamais assisté à une réunion, on n’a jamais été sollicité par le DG. On demandé le droit de regard sur les bilans de l’entreprise pour clarifier et voir notre situation. Mais, on a été ignorés par le DG.

-Avez-vous entrepris d’autres voies de recours pour se faire entendre ?
-Vous parlez de la Justice ? La loi du code pénal dans le cadre administratif ne prend pas en considération les actions en justice par rapport à ce genre de conflits. Selon la loi, la possibilité passe par autorisation du conseil administration ou en Assemblée générale. Pour nous, on n’a pas ces deux organes depuis 2015 à ce jour car ils ne se sont pas réunis. Le ministère doit réagir.

-D’autres actions en vue ?
-Pour nous, notre première action est de faire parvenir notre message aux autorités. Les pouvoirs publics et notre tutelle l’UGTA doivent savoir que nous ne voulons pas arriver au pourrissement dans cette société parce que c’est notre gagne-pain, y compris pour nos partenaires économiques, nos frères propriétaires de chevaux de courses. Selon la loi et les clauses régissant l’activité hippique ils deviennent des éleveurs, donc, tous ont un lien avec notre cause. Donc, encore une fois, c’est la transparence qui fait défaut et la coordination dans l’activité. Puisqu’il y a une administration, normalement on doit travailler pour aplanir les problèmes posés, essayer de réunir tout le monde pour qu’il y’ait confiance entre partenaires économiques et sociaux et le DG. Or, et pire, on a eu recours à la place à des pétitions et des tentatives de déstabilisation au sein des partenaires économiques et sociaux pour dire qu’ils se sont réunis en solo et que le problème est entre nous. Chose qui n’est pas vraie. Nous, en tant que syndicat régi par la réglementation dispose de la représentativité et attesté de notre représentativité chaque année auprès de la DG. Normalement, elle essaye de travailler en coordination et en concertation avec nous. Pas le contraire.

-Avez-vous tenu des rencontres avec la tutelle ministérielle ?
-On a eu une rencontre avec le ministre le 14 octobre 2017. On a posé le problème économique de l’entreprise. Et, il ya eu des engagements de la part des cadres du ministère, notamment le SG et le chef de cabinet. Le ministère nous a rassurés. Il faut souligner que la survie des travailleurs dépend de notre activité. Nous, on est au service du cheval. La société, de par sa vocation, est de mettre à l’aise le cheval lui-même, et c’est ça notre activité principale. Mais, l’administration ne travaille pas. C’est pour ça qu’on a demandé la restructuration et la réactivation des organes réglementaires qui doivent la suivre dans son activité générale par rapport au secteur équin. Même si, le ministre nous a donné raison et réconforté en présence du SG de la Fntiaa, qui s’est engagé à contacter l’administration dès qu’il termine la lecture du dossier. Le secteur équin est important par rapport au cheptel équin. Nous ; on a demandé de créer un comité interprofessionnel qui rassemble tous les acteurs principaux de cette activité pour la sauvegarde du cheval. La logique est que la société doit mettre tous les moyens pour le bien être de cette activité. Ce qui n’est pas le cas.

-On spécule sur des intentions de privatisation…
-On peut spéculer sur n’importe quoi étant donné qu’à chaque fois ont est écarté. Le comble depuis l’arrivée de ce DG il n’a pas tenu un conseil de direction, on a un syndicat légitime. On a prévu ça dans des PV mais c’est que des mensonges. Le dernier PV, on lui a adressé un écrit par rapport au non respect de l’accord collectif qu’on a déposé le 29 mars 2016 et on a demandé la tenue d’une assemblée géné- rale. Mais, il n’a pas assisté. Et, après, il prétend qu’on l’a pas invité. On ne peut pas l’inviter alors que la loi l’oblige d’assister à l’AG et le syndicat a seulement à informer.

-Et qu’en est-il des résolutions de l’AG ?

-Les travailleurs décident de faire grève. Ils ont mandaté le bureau du syndicat de l’entreprise par le biais du SG à suivre la démarche de la grève. C’est ce qu’on a fait. On a adressé un PV à la direction. Comme la DG est devenue une propriété privée, pas de bureau d’ordre, ce qui est grave, il n’a pas voulu signer le PV. Il a demandé à me voir personnellement. Il m’a laissé attendre pendant une demiheure devant son bureau mais je n’ai pas été reçu. -Vous demandez aussi la révision de vos salaires à la hausse ? Pratiquement, on risque une déstabilisation générale. Sur la question des salaires, on en a des revenus les plus lamentables en Algérie. Depuis 2001, la grille salariale n’a pas été revue à la hausse. Le collectif des travailleurs se situe entre 364 et 370.
Entretien réalisé par Hamid Mecheri

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