Plus que jamais en course pour enfin être récompensé de l’Oscar du meilleur acteur, Leonardo DiCaprio est à Paris pour la promotion de «The Revenant» du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu. Confidences du «loup de Sunset Boulevard».
Finie la barbe touffue qu’il arborait pour les besoins du tournage de «The Revenant», c’est la mine radieuse et les traits affutés – mais aussi un collier de barbe -, que Leonardo DiCaprio aborde la dernière ligne droite de la promotion du nouveau film d’Alejandro Gonzalez Inarritu, le cinéaste mexicain à qui l’on doit «Babel», «Biutiful» et surtout «Birdman», Oscar du meilleur film en 2015. Récompensé du Golden Globe du meilleur acteur, «Leo» est plus que jamais en lice pour obtenir l’Oscar que l’académie lui a toujours refusé.
De passage à Paris, il a prêché la bonne parole – «The Revenant» pourrait rafler douze statuettes le 28 février prochain dont celle du meilleur film et de meilleur réalisateur.
Son travail préparatoire
«Je fais toujours beaucoup de recherches, de préparation pour entrer dans la tête du personnage, mais ce fut pour « The Revenant » une expérience unique. S’immerger dans ce monde naturel, recréer sa lutte intérieure, le tourner dans les lieux où il l’a fait… Pour moi, jouer ce rôle silencieux était intéressant, cela m’a permis de me reposer sur l’instant, de comprendre la poésie du paysage. Cette expérience de survie dans ce monde sauvage a quelque chose d’existentiel.
Quand j’ai compris qu’Alejandro voulait créer cette sensation d’hyper-réalisme, j’ai eu les réponses à mes questions. J’ai appréhendé mon personnage, une fois sur place, lors du tournage.»
La fameuse scène de l’ours
«Alejandro Inarritu a réussi un moment de cinéma révolutionnaire avec cette scène. Bien sûr, ce n’est pas simplement une course dans les bois, on a tous beaucoup travaillé (rires). Pour mettre en scène cette lutte à mort entre la bête et l’homme, il a fallu des semaines et des semaines de répétition. Nous voulions que ce soit une expérience viscérale, bien sûr les effets spéciaux apportent plus d’intensité à l’attaque, mais il fallait être très méticuleux, très précis sur le tournage, surtout pour créer les moments de tension, lors des silences, quand on ressent que cet homme est victime de quelque chose de plus puissant que lui.»
Le message du film
«C’est important de connaitre l’histoire des indiens, tout ce qui leur a été volé, tout ce que l’on a détruit. Nous avons compris beaucoup de choses en travaillant sur ce film. Je travaillais sur un documentaire en même temps que le tournage. Des cultures entières ont été déplacées à cause des forces coloniales, pour toujours plus de ressources, mais à quel prix… C’est l’histoire du capitalisme. Cela se passe aujourd’hui, en Amazonie et ailleurs. Il y a des tribus dans le monde entier assaillises par des entreprises qui empoisonnent les rivières, détruisent le monde naturel. J’aimerais plus de films avec des messages écologiques. J’ai toujours choisi des films qui permettent de mieux comprendre l’être humain. J’ai joué beaucoup de personnages dans des conditions extrêmes. C’est important de faire quelque chose qui engage le public, mais je ne veux pas faire un film juste pour un message, il faut quelque chose de plus. Depuis deux ans, je travaille sur un documentaire sur le réchauffement climatique. Je ne veux pas montrer des vagues qui emportent l’Empire State building, mais plutôt montrer comment cela va nous affecter dans les années futures. Je suis allé en Chine, en Inde, et même à Paris pour la Cop21. Ce changement climatique nous oblige à prendre une action pour faire face à ce défi, le plus grand défi.»
Les difficultés de tournage
«Nous avons tous sous-estimé la dureté du tournage (rires). Mais je voulais travailler avec Alejandro Gonzalez Inarritu, faire partie de ce film unique. Avec Emmanuel Lubezki, ils ont mis la barre extrêmement haute. Ce fut l’une des expériences les plus dures que j’ai jamais vécues sur le plan professionnel. Mais quand vous voulez que votre réalisateur crée une expérience unique, qu’il pense chaque cadre de votre film, chaque scène, cela fait partie du job, sinon pourquoi suis-je là? Nous voulions faire quelque chose d’authentique.»