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Des technocrates pour faire redémarrer la machine

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Par Ali El Hadj Tahar

Nommé le 28 décembre dernier, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, s’est contenté d’un délai très court pour former son équipe. C’est même un record, puisqu’en Tunisie Habib Jemli a été désigné comme chef de gouvernement le 15 novembre 2019 et a annoncé le sien le même jour que celui de notre pays. Cette célérité est-elle un bon signe ?
Les promesses du Président seront-elles concrétisées par le staff gouvernemental dont la composante vient d’être annoncée et qui regroupe certaines personnalités connues de la scène nationale, notamment du secteur de la recherche et de l’université ? Difficile à dire. Théoriquement, la formation de ce gouvernement devait répondre à plusieurs critères. Sur le court terme et sur le plan interne, cette équipe devrait être dialoguiste, c’est-à-dire capable d’aller dans le sens de la normalisation de la crise politique. Sur le long terme, elle a également beaucoup de pain sur la planche. Et c’est là que la tâche de Djerad est difficile d’autant que le programme en 54 points du Président est très ambitieux. Outre la compétence nécessaire pour répondre aux urgences tout en préparant l’avenir en s’inscrivant dans la vision du programme du Président, ce staff doit faire démarrer la machine économique, répondre aux doléances des citoyens dans les autres secteurs, également handicapés, parfois lourdement, comme les secteurs de la santé, de l’éducation, de la culture, du tourisme, du travail, de la solidarité et des affaires sociales…
Le mouvement populaire a dopé positivement un secteur comme la Justice et même l’Intérieur, qui ont intégré l’esprit positif du 22 février mais la machine administrative est lourde dans les autres secteurs qui ont besoin d’une vision à la fois sectorielle et globale. Zeghmati, qui jouit d’un grand soutien populaire, a été maintenu. D’autres ministres de l’ancienne équipe l’ont également été, ce qui montre que le but de la sélection était l’efficacité et non pas de changer pour changer.
Il n’était pas du tout évident qu’une ou même deux semaines suffisent pour la formation de ce gouvernement, car il s’agissait de penser une stratégie pour cinq années ; et si le programme du Président en détaille les objectifs, les moyens pour les atteindre dépendent d’abord du staff chargé de cette tâche sur le terrain. De plus, à des fins d’efficacité, la nécessité d’une homogénéité et d’une union, si elle existe au sein du gouvernement, devrait permettre de préparer la refondation de l’État promise par le Président et de créer les conditions de la séparation réelle des pouvoirs, dans l’attente d’engager les débats sur la nouvelle Constitution.
Il ne s’agissait donc pas pour MM. Tebboune et Djerad de bouleverser la forme de l’Exécutif mais de le souder par des compétences et de l’expérience. Dans ce type de schéma, la problématique des maîtres d’œuvre du programme en 54 points est le changement dans la qualité avec une perspective de long terme, allant au-delà des cinq années du mandat présidentiel, pourquoi pas jusqu’en 2030 ou 2050, comme le savent et le planificateur Tebboune et le politologue qu’est Djerad qui, ont montré qu’ils ne sont pas adeptes de la tabula rasa. Mais ont-ils fait le bon choix des hommes ? Il est évident que le choix tourne le dos au sérail et aux partis, ce qui ne manquera pas de transformer l’équipe en cible facile si elle en offre l’occasion.
Remettre le pays au travail et apaiser les tensions internes sont les deux priorités de Tebboune et Djerad. Ils inscrivent leur choix dans les deux axes fondamentaux ayant subi des destructions que certains observateurs disent avoir été intentionnelles : les axes politique et économique. Ces deux fronts doivent être menés de concert sur le court et moyen terme, car la maison Algérie est en danger et nécessite que tous les citoyens se mettent à la tâche, d’autant que l’incendie est également à nos frontières.
L’union passe par la restauration de la confiance, gage de l’octroi d’une légitimité populaire plus grande et sans failles aux décideurs. C’est ce qui permettra de passer la tempête sans dégâts car l’Algérie a des atouts immenses si la décision politique est couplée à la volonté et la sagesse populaires.
A. E. T.

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