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Des secteurs public et privé de la santé durant et après le corona

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Par Ali El Hadj Tahar

En dépit du manque de moyens, le corps médical algérien, tous grades confondus, fait preuve de courage, d’abnégation et de dévouement au travail. Les mesures encourageantes de primes et de réservation d’hôtels proches du lieu de travail, en plus de l’hommage qui leur a été rendu par le président de la République, attestent de l’émergence d’une conscience nationale que l’avenir d’une nation dépend d’un système de santé fort. Nul ne peut nier que depuis l’indépendance le secteur de la santé à fait d’immenses progrès, suite à des investissements lourds et une médicalisation importante sur l’ensemble du territoire national qui ont aussi permis de faire reculer ou d’éradiquer plusieurs maladies. L’espérance de vie, quant à elle, a significativement augmenté, mais de nombreuses insuffisances persistent en dépit, aussi, du fait que la philosophie de notre système de santé soit des plus nobles puisqu’elle est basée pour la gratuité et le droit à la santé pour tous, même si la dernière Constitution soit insuffisante en affirmant : « Tous les citoyens ont droit à la protection de leur santé. L’État assure la prévention et la lutte contre les maladies épidémiques et endémiques » (article 66).
La pandémie actuelle est en train de prouver que notre système basé sur le principe de l’État social tel que défini dans la proclamation de Novembre 1954 est fondamental pour répondre à toute urgence sanitaire. Pour briser toute velléité de remise en cause des règles fondamentales d’équité et de qualité dans l’accès aux soins, il est donc impératif que la nouvelle mouture de la Constitution donne plus de consistance à ce point fondamental et clarifie de manière définitive les obligations de l’État en matière de santé, tout en encourageant l’initiative privée.
Basé sur les principes de la satisfaction des besoins des citoyens d’abord et avant tout, le système algérien a cependant des défaillances d’ordre matériel et structurelle, d’où le recours aux soins à l’étranger pour beaucoup de responsables politiques, de partis, de l’armée mais aussi de citoyens, et ce avec ou sans prise en charge par l’État. La facture des soins à l’étranger reste lourde, même si elle a été réduite de 97% lors des quinze dernières années grâce à l’amélioration du savoir-faire et à la stratégie adoptée en matière de formation et d’équipements médicaux modernes dont les établissements sanitaires ont été dotés. Seuls 230 malades ont été transférés pour des soins à l`étranger en 2018, dans le cadre de conventions entre la Caisse de sécurité sociale et des établissements hospitaliers étrangers, alors que le chiffre s’élevait à 8000 durant les années 1990.
Le bénéfice de la couverture sociale à toute la population sans distinction de revenu, y compris pour les personnes ne disposant d’aucun revenu, est un acquis fondamental. Positive aussi est l’ouverture du secteur de la santé à l’investissement privé, puisqu’il a renforcé les structures extrahospitalières qui s’élèvent aujourd’hui à plus de 6500, dont plus de 400 cliniques privées. Cependant, cet accroissement n’a pas seulement permis de désengorger les dispensaires et les hôpitaux et de réduire la facture de prises en charge à l’étranger. Il a aussi son revers, puisque « les spécialistes s’accordent à dire que le privé s’érige en rival au lieu d’être complémentaire», pour citer les chercheurs Youcef Abbou et Brahim Brahamia.
Aujourd’hui, le système de santé algérien est à mi-chemin entre le libéralisme et la gestion publique. Le rapprochement espéré peut encore se faire pour aboutir à une solution mixte de gagnant-gagnant, puisque la santé publique a besoin d’un État régulateur, financeur et offreur des soins, mais aussi d’un secteur privé à même de stimuler la qualité par la concurrence, à condition qu’il soit davantage encadré juridiquement et ne pas servir à débaucher les cadres du secteur public ou utilisé comme prétexte pour remettre en cause les principes fondamentaux de santé pour tous. Cette collaboration des compétences nationales sans distinction de statut juridique se pose avec urgence. Elle est à l’œuvre dans la lutte contre le coronavirus et c’est un bon.
A. E. T.

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