Une source au ministère de l’Agriculture a révélé au « Courrier d’Algérie » que le ministre a été destinataire, il y a quelques jours, d’un courrier dans lequel ses services lui remettent le constat sur des lots de pesticides achetés et laissés moisir dans des entrepôts pendant des années, sans ni les utiliser, ni veiller à leur destruction et enfouissement dans des conditions qui ne mettraient pas en péril la santé publique. Le rapport déposé sur le bureau du ministre provient d’un travail effectué sur le terrain par l’Institut national de la protection des végétaux (l’Inpv) et qui a brassé la période allant sur une dizaine d’années, de 2005 à 2015. Il s’agit de lots de pesticides antiacridiens surtout, achetés à grandes doses et déposés dans les entrepôts des wilayas steppiques relevant du ministère de l’Agriculture, lors de la grande pandémie acridienne de 2004. Si pour les lots achetés à partir de 2010 le problème ne se pose pas, par contre pour les premiers lots, arrivés en Algérie à partir de 2005, le problème se pose en termes d’urgence, car non seulement des milliers de litres n’ont pas été utilisés, et ne peuvent aujourd’hui être utilisés pour cause de péremption et de dépassement de la date d’utilisation, et l’argent consenti lamentablement gâché, il y a aussi et surtout à réfléchir en termes de salubrité aujourd’hui, car la majorité de ces lots est encore dans les dépôts ou laissée dans la nature. L’Algérie est un des grands consommateurs mondiaux de pesticides, avec tout ce que cela induit en termes de détérioration du milieu végétal, des arbres fruitiers et des champs, ainsi que les effets sur la faune et la flore. Récemment, le professeur Bouzid, président de la société algérienne d’oncologie médicale, révélait que « l’Algérie est l’un des pays au monde qui consomment le plus de pesticides par tête d’habitant pour des intérêts d’industrie agroalimentaire ». Il avait aussi ajouté : «Les pesticides sont reconnus comme directement cancérigènes. Chez les agriculteurs et ceux qui les manipulent, ils sont à l’origine de forme de cancers hématologiques qu’on appelle les lymphomes. Ils sont fatalement cancérigènes pour les populations qui consomment les produits traités par ces pesticides, les additifs alimentaires et les aliments importés d’un peu partout et dont l’origine n’est pas identifiée ».
Avec des lots gigantesques achetés, avec des devises de surcroît, et non consommés, non utilisés, périmés et laissés dans des conditions anormales, le ministère aura du souci à se faire sur le sujet durant les prochains jours, car il y va de la santé publique.
F.O.
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