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DéPLACEMENTS FORCÉS DES POPULATIONS EN AFRIQUE : Un sujet au cœur des débats du Parlement africain

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L’année 2019, à l’instar de ces dernières années, dans le continent africain, a été marquée particulièrement par l’ampleur des drames humanitaires engendrés par la progression spectaculaire des flux migratoires, notamment vers l’Europe. En plus d’une population en pleine expansion, fuyant des régions sous tensions (Guerres, attentats djihadistes, conflits armés, crises politiques et économiques aux conséquences très néfastes socialement, alias climatiques).

Sur la rive européenne, ce problème a été beaucoup exploité par les Mouvements populistes, qui, utilisant amalgame et mensonge, tentent de servir leurs agendas au lieu de le résoudre. Et pourtant, beaucoup de politiciens et d’experts en démographie et phénomènes migratoires, n’ont cessé d’alerter sur la gravité de cette question. Néanmoins, les gouvernements du continent noir ont fini par réagir. «2019, année des réfugiés, des rapatriés et des sans-abris : vers des solutions permanentes pour les déplacements forcés en Afrique », est le thème sur lequel se pencheront les parlementaires de plusieurs pays africains, les 6 et 7 août prochain, lors du 10ème congrès des présidents des parlements africains, au siège du parlement africain (Midland, Afrique du sud). L’Algérie sera représentée par une délégation de parlementaires des deux chambres (APN et Conseil de la nation), présidée par le président par intérim de la chambre haute, Salah Goudjil.

L’Occident veut des solutions «sur-mesure»
Pendant deux jours, les participants débattront sur des thématiques liées au phénomène de l’immigration illégale, tel que ; «Migrants, réfugiés et personnes déplacées en Afrique: efforts, défis et initiatives des États», « Stratégies de prévention des déplacements forcés: prévention des conflits, résolution des conflits et adaptation aux changements climatiques en Afrique» et aussi «Comment concrétiser la zone de libre échange en Afrique». Comment convaincre une population africaine jeune, en quête de rêve européen, de rester dans son pays, semble ainsi une équation épineuse mais qui nécessite une solution rapide de la part des décideurs africains aujourd’hui. Ces derniers font face, depuis quelques années – depuis l’avènement de la crise économique en 2008 – à une pression exercée par certains pays de l’Europe pour retenir la population et ne permettre qu’une immigration sélective, en agitant les peurs et craintes sécuritaires. Le sociologue algérien, Mohammed Saïb Musette, également spécialiste des questions migratoires dans la méditerranée, remarque que les états européens n’ont jamais cherché à proprement parler des solutions aux misères des Africains, mais ils ne se sont souciés que de la manière de faire de l’Afrique un marché ouvert devant ses produits et services. «Le cours des mutations qu’a connu le monde récemment veut aujourd’hui que les biens et marchandises circulent librement, mais pas de la mobilité des personnes. Ces derniers ne cessent de voir les procédures et conditions, à leur encontre se durcir », avait-il expliqué, invité depuis quelques mois au Forum du Courrier d’Algérie. Cette levée de bouclier sur la bordure européenne contre l’arrivée des migrants se traduit par le durcissement des mesures des migrations légales, dont la forme la plus abjecte est la construction de mûrs aux frontières, comme c’est le cas entre les états-Unis d’Amérique et le Mexique. L’arrivée de leaders populistes, adoptant ouvertement des discours de plus en plus xénophobes, aux sphères décisionnelles dans les gouvernements occidentaux, a rendu le processus encore plus difficile aux migrants venant du Sud, fuyant des conflits et guerres civiles ravageuses. Cette situation « s’achemine vers davantage de restrictions à la mobilité migratoire et les conséquences de cette tendance à la hausse dans les années futures seront plus graves que ce à quoi nous assisteront aujourd’hui », a prévenu Saïb Musette, qui est également enseignant-chercheur auprès du Centre de recherches (CREAD).

« Un manque de volonté politique »
Pour ce spécialiste, la solidarité et le soutien aux migrants, tout au long de leurs parcours, «devrait demeurer une première préoccupation» de la société civile comme des autorités des pays qui forment l’espace de transit ou des points d’arrivée de ces migrants irréguliers, dont bon nombre de pays qui font directement face à ces migrations comme l’Italie, l’Espagne, la France, et le Royaume-Uni. Dans ces pays, les migrants illégaux « sont régulièrement stigmatisés et attaqués par les discours de l’extrême droite », a regretté Musette, estimant que cela est une violation à leur dignité et par ricochet à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. « Il s’agit avant tout d’êtres humains, avait-il noté. Car ce sont, dans la majorité des cas, des migrants irréguliers fuyant les crises, les conflits, les conditions socio-économiques difficiles» dans leurs pays respectifs. L’expert a pointé aussi « un manque de volonté politique » qui apparait au grand jour, notamment avec la tenue de la Conférence internationale du Pacte des Nations unies (ONU) sur la Migration. Document élaboré, pour rappel, au terme d’un long processus avant son adoption par l’ONU. Mais, l’étape du début de sa signature par les pays membres de l’institution onusienne a révélé le volte -face, notamment des pays occidentaux, avec des annonces de la non-signature, comme les États-Unis ou l’envoi seulement d’un haut responsable de pays pour le parapher, comme c’est le cas de la France.

Amalgames médiatiques
Contrairement à ce qui est véhiculé quotidiennement par la presse occidentale sur le spectre de la ruée africaine vers l’Europe, La dernière note de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) consacrée aux évolutions des migrations africaines vers les pays développés entre 2001 et 2016, fait ressortir que l’attractivité de l’Hexagone décroît sensiblement. Pour Mohamed Saïb Musette, il est difficile d’établir des statistiques exactes sur l’immigration en Afrique et en Algérie. « D’après mes études, j’ai compris même dans le monde, personne ne sait le nombre exact de ces migrants irréguliers», a-t-il constaté, estimant que le seul moyen où on peut compter ce nombre de migrant « c’est lorsqu’on procède à des campagnes de régularisations des migrants illégaux ». « Sans concertation et sans un changement d’information entre les pays concernant ces flux migratoires (…). On ne pourra avoir aucune possibilité de maîtrise de la situation» ; avait-il souligné en guise de conclusion.
Hamid Mecheri

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