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Daesh : un nouveau modus operandi ?

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Le temps des déclarations triomphalistes et des mises en scène médiatiques macabres, semble révolu pour la plus sanguinaire des organisations terroristes se réclamant de l’islam politique.
Les deux dernières actions, voulues d’éclat, de Daesh se sont, en effet, distinguées de quasiment toutes les autres du genre qui les ont précédées par la nature du modus operandi utilisé ; un modus operandi d’où les armes à feu et les explosifs ont été totalement exclus. A Nice, dans le Sud-est de la France, c’est avec un camion qu’un Niçois, pour y être né, d’origine tunisienne a commis, le 14 juillet dernier, l’effroyable tuerie : 84 personnes y ont, en effet, perdu la vie, de la Promenade des Anglais, le mythique front de mer de cette ville hautement touristique du littoral méditerranéen français. Et c’est en usant d’une hache et d’un couteau qu’un jeune afghan de 17 ans, arrivé seul en Allemagne, il y a de cela deux années, parmi un groupe de réfugiés, s’est attaqué, avant-hier, à des passagers d’un train reliant deux villes de Bavière, dans le sud de ce pays. Une attaque qui a occasionné, selon le bilan qui en a été établi par la police allemande, de graves blessures à quatre de ces passagers, tous originaires de Hongkong, dont deux femmes. Comme pour l’attentat de Nice, son auteur a été également abattu. Selon un communiqué des mêmes services de police, dans les minutes qui ont suivi les faits. Mais après qu’il ait réussi, profitant en cela, dit-on, d’une grande confusion et panique qui s’y sont propagées, à quitter le train qui venait d’entrer dans la gare de la petite ville de Würzburg : sa fuite et sa vie ayant pris fin après son interception par une unité spéciale d’intervention de la police allemande (SEK) qui se trouvait en Bavière, a-t-on dit, pour une toute autre mission et qui n’a été mise à contribution qu’après que l’alerte eut été donnée. Nonobstant les zones d’ombre qui recouvrent toujours leur déroulement et leurs auteurs respectifs, ces deux actes terroristes : ils ont été officiellement revendiqués par DAESH et ce, dans les deux cas, par le truchement de ce qui est présenté comme étant « l’agence de propagande de l’Etat islamique », l’agence A’maq (Profondeurs), à savoir, ne laissent personne indifférent. Du fait, principalement, de l’évolution qu’ils révèlent, comme annoncé plus haut, dans la manière d’opérer de cette organisation terroriste transnationale. Une manière déjà pressentie par le premier responsable de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française. Lors de son audition, en mai dernier, par la Commission de la Défense nationale et des Armées de l’Assemblée nationale (française), Patrick Calvar, c’est son nom, y avait, en effet, fait part de son inquiétude de voir Daesh, sérieusement acculée dans tous les pays où elle s’est « aménagée » une assise territoriale, opter pour un autre modus operandi dans la perpétration de ses actes en Europe, en général, et en France, en particulier. Une inquiétude alimentée alors par le message que le porte-parole de cette organisation terroriste venait de rendre public selon lequel « Daesh ne combat pas pour défendre une terre, ni pour la libérer ou la contrôler » : tous les spécialistes ayant conclu qu’il était annonciateur d’un changement à venir dans ses modes d’action. Ce qui a été largement confirmé par les deux derniers attentats précités. Qui, outre l’utilisation de moyens peu conventionnels – un camion, dans un cas, et des armes blanches, dans l’autre – dans leur perpétration, présentent également une autre inquiétante caractéristique : l’utilisation, non pas d’éléments aguerris, par conséquent, susceptibles d’être déjà fichés par les services de sécurité des pays ciblés et, partant, d’être neutralisés avant leur passage à l’acte, mais de néophytes qui ont toutes les chances « de passer inaperçus ». Comme cela a été le cas aussi bien à Nice, le 14 juillet, qu’en Bavière, avant-hier : Ni Mohamed Lahouaiej Bouhlel, tué à Nice, ni le jeune afghan de 17 ans, abattu dans le Sud de l’Allemagne, n’étaient en effet connus des services de sécurité des deux pays ciblés. C’est par des communiqués diffusés par Daesh que le monde a eu confirmation de l’appartenance de ces « loups solitaires » – une expression utilisée par les spécialistes de la lutte antiterroriste pour désigner les terroristes agissant en solo – à cette organisation terroriste. Des communiqués, à la teneur quasiment identique, qui sont annonciateurs de nouveaux attentats dont les cibles seront des personnes ordinaires. En annonçant clairement que l’un et l’autre étaient des « (soldats) de l’Etat islamique qui (ont) exécuté ces opérations en réponse aux appels à viser les citoyens des Etats de la coalition qui combattent l’Etat islamique », les auteurs de ces communiqués n’ont pas dit autre chose. Et ce, d’autant plus que la lutte contre Daesh gagne, partout, en intensité et en efficacité…
Mourad Bendris

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