L’attitude du Makhzen envers l’Algérie n’a pas été sans conséquences sur la situation énergétique du Maroc et de son peuple. La fermeture des frontières par l’Algérie s’est faite ressentir au plan économique et social du pays voisin.
En plus de la crise économique, le pays connaît une inflation galopante avec une flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques. Une situation devenue critique, depuis que les prix des carburants ont atteint des records, déstabilisant complètement le secteur des transports dans le royaume. Selon les experts et observateurs, face à cette situation, le Makhzen ne semble plus avoir de cartes lui permettant de renverser la donne et essayer de faire taire la gronde et la colère, le risque de la dislocation du royaume étant omniprésent, et le risque d’une explosion sociale et politique n’est pas à exclure.
Rabat sombre dans la crise
Et les statistiques qui ne portent guère à l’optimisme pour M6 et son clan, en raison d’une politique qui n’a pas su répondre aux exigences économiques et financières du Royaume, qui a causé une facture énergétique qui a atteint un niveau record de près de 15 milliards de dollars, et un déficit commercial qui a connu une hausse annuelle de 56,5%. Si les chiffres de l’Office des changes marocain viennent confirmer cette décadence du marché marocain, annoncent en effet l’augmentation des importations énergétiques de 102% en 2022 par rapport à 2021, cette flambée de la facture énergétique réside dans le « manque de vision » des dirigeants marocains et leurs provocations et actions hostiles incessantes envers l’Algérie, ce qui a poussé cette dernière, fin octobre 2021, à mettre fin au contrat du Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimentait l’Espagne en passant par le Maroc, selon des observateurs. La rupture des relations commerciales entre le Groupe Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a fait perdre au marché domestique marocain une bonne partie de sa consommation interne, en plus des royalties. Les grèves et les manifestations se multiplient pour dénoncer cet état de fait et surtout l’impuissance criarde du gouvernement du Makhzen à trouver des solutions à la crise. Une crise économique causée par une politique déraisonnable des gouvernements successifs au Maroc, et qui pénalise ainsi, malheureusement, le peuple marocain, créant ainsi un climat social instable et très tendu.
Indignation des mouvements politiques
Il faut dire qu’en plus de cette flambée des prix des produits de consommation et des carburants et les tensions sociales, le Maroc est confronté à la restriction des libertés des partis politiques et des associations par le Makhzen. Ce dernier leur interdit l’exercice normal de leurs activités, en plus de la violation des droits dans divers secteurs tels que l’éducation, la santé, les médias ou encore les droits de l’Homme. Le régime policier de Rabat continue de fabriquer des accusations fallacieuses contre les journalistes et autres blogueurs, multipliant les emprisonnements des militants et activistes. Ce qui n’a pas empêché les mouvements politiques de réagir, n’ayant cessé de dénoncer la situation. En effet, l’indignation s’est faite sentir chez les parlementaires marocains. Pour Driss Sentissi, le citoyen connaît et ressent la situation plus que quiconque. Hier, nous avons posé la question à la ministre de la Transition énergétique et du développement durable sur les prix des carburants. Elle a refusé de répondre, arguant que ce n’est pas dans les prérogatives de son ministère ». Pour sa part, Mustapha Ibrahim s’interroge sur ce « qu’a fait le gouvernement avec les spéculateurs qui doublent les prix des légumes ? Ce gouvernement protège la corruption. Si vous voulez protéger le pouvoir d’achat, il faut combattre la corruption. Ce gouvernement est venu servir les intérêts des grandes entreprises et s’en fiche de lutter contre la corruption ».
Les conditions de travail et la propagation d’usines clandestines dénoncées
Ce constat alarmant n’est pas le seul frein au développement économique du Maroc, alors que les conditions de travail des Marocains se dégradent de plus en plus. En effet, une association marocaine a annoncé, « la détérioration accélérée de 2 millions d’ouvriers et propagation d’usines clandestines », ajoutant que « cette situation est tolérée par les autorités qui cautionnent la violation des droits des travailleurs ». Dans un communiqué publié jeudi à l’occasion du deuxième anniversaire de la tragédie de Tanger, qui a coûté la vie à 28 ouvriers dans un atelier de textile, le « Réseau Jonction » pour la défense des droits des travailleurs a critiqué « la détérioration accélérée des conditions de travail et la propagation du phénomène des usines dites secrètes, au vu et au su des autorités qui cautionnent la violation des droits des travailleurs », faisant état de « centaines d’usines secrètes dans les grandes villes, où les différentes autorités tolèrent l’horrible détérioration des conditions de travail, les violations des droits des travailleurs et la menace pour leur sécurité et leur vie, sous prétexte de créer des opportunités d’emploi ». L’organisme met ainsi l’accent sur les dangers auxquels la vie des travailleurs est exposée dans de nombreux secteurs, notamment dans le bâtiment, la mer, l’agriculture et les transports. Pour le Réseau Jonction, les ouvriers souffrent de l’épuisement professionnel dû aux pressions exercées sur eux pour augmenter la productivité, outre le fait que les travailleurs sont privés des outils nécessaires pour défendre leur droit à un travail décent et à la protection contre les risques. En dénonçant les conditions qui ont conduit à la tragédie de Tanger, la détérioration toujours menaçante, et le risque de nouvelles catastrophes, l’association demande la promulgation d’une loi consacrant le droit du travailleur de refuser d’exécuter des tâches dangereuses pour sa sécurité et sa santé. Rappelons que le 8 février 2021, 29 ouvriers, en majorité des femmes, ont trouvé la mort dans une usine clandestine de textile, une tragédie qui a suscité une vague d’indignation au Maroc comme à l’extérieur du pays. Au moins 2,4 millions de Marocains travaillent dans des conditions désastreuses, sans sécurité sociale, sans assurance médicale, sans plan de retraite et sans aucune protection juridique, d’après les rapports officiels.
Hamid Si Ahmed