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Crash dans le Sinaï : les autorités égyptiennes restent prudentes

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Aucune « hypothèse » ne peut encore être retenue pour expliquer le crash de l’avion russe dans le Sinaï, selon un ministre égyptien. Le drame a fait 224 morts. Les autorités égyptiennes refusent toujours de parler d’explosion, elles restent très prudentes sur les causes du crash de l’avion de ligne russe, qui s’est écrasé dans le désert du Sinaï, samedi 31 octobre. Un ministre égyptien a affirmé, samedi, qu’aucune «hypothèse» ne pouvait encore être retenue, alors que des sources proches du dossier à Paris estiment que la thèse d’un attentat à la bombe est à «privilégier fortement». Londres et Washington avaient déjà ouvertement évoqué la piste d’une bombe dans l’appareil, parti le 31 octobre de Charm el-Cheikh, dans le Sinaï égyptien, en direction de Saint-Pétersbourg. Une semaine après le crash, la thèse d’une bombe ayant explosé dans l’Airbus de la compagnie russe Metrojet 23 minutes après son décollage semble désormais s’imposer. Une source proche du dossier a indiqué vendredi, que l’analyse des deux boîtes noires, croisée avec des relevés sur les lieux du crash, permettait de «privilégier fortement» l’hypothèse d’un attentat à la bombe.

Un caractère «brutal» et «soudain»
En effet, le décryptage de l’enregistreur des données de vol et de l’enregistreur des voix dans le cockpit indique que «tout était normal» jusqu’à la 24e minute de vol quand les boîtes noires ont brutalement cessé de fonctionner, comportement symptomatique d’une «très soudaine dépressurisation explosive», selon cette source qui a requis l’anonymat. «L’hypothèse d’une explosion avec pour origine une défaillance technique, un incendie ou autre, apparaît hautement improbable», a-t-elle ajouté. Le groupe état islamique (EI), dont la branche égyptienne est active dans le nord de la péninsule du Sinaï, a affirmé être responsable de ce crash mais sans expliquer comment. Une autre source proche du dossier a expliqué à l’AFP que l’analyse d’une boîte noire confirmait le caractère «brutal» et «soudain» de l’événement ayant précipité la chute de l’appareil, précisant que des photos montrant certains débris criblés d’impacts allant de l’intérieur vers l’extérieur «accréditent plutôt la thèse d’un engin pyrotechnique».

La Russie suspend ses vols
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri a cependant tenu à souligner samedi matin qu’aucune «hypothèse» ne pouvait encore être tirée. Lors d’une conférence de presse, M. Choukri a ajouté que les renseignements sur la base desquels des pays ont mis en place des restrictions de vol vers l’Égypte «n’ont pas été fournis jusqu’à présent aux services de sécurité égyptiens». Une conférence de presse du responsable égyptien de l’enquête et du ministre de l’Aviation civile devait par ailleurs avoir lieu à 15 heures GMT. La Russie, d’abord restée prudente face à la thèse d’un attentat, a ordonné, vendredi, la suspension de ses vols civils vers l’Égypte. Le président Vladimir Poutine et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi sont toutefois convenus de renforcer la coordination en matière de sécurité aérienne afin de permettre la reprise des vols russes vers l’Égypte dès que possible, selon la présidence égyptienne. M. Poutine a également demandé «le rapatriement des citoyens russes». Le vice-Premier ministre Arkady Dvorkovich, chargé de ce dossier, a indiqué que les touristes qui souhaitaient être rapatriés ne pourraient partir qu’avec leur «bagage à main le plus nécessaire».

Les Britanniques rapatriés
À ces fins, la compagnie nationale Aeroflot a envoyé à vide son vol du vendredi soir à destination du Caire, selon l’agence Interfax. Le rapatriement a commencé pour les 20 000 citoyens britanniques présents à Charm el-Cheikh, station balnéaire dans le sud du Sinaï. Huit vols transportant environ 1 400 touristes ont atterri vendredi et dans la nuit au Royaume-Uni. Ils sont rentrés avec des bagages à main, les autres plus volumineux devant leur être envoyés ultérieurement. Ben Khosravi, 27 ans, qui a atterri à Londres-Luton, se montrait très critique sur le dispositif de sécurité à l’aéroport de Charm el-Cheikh. « On a des amis qui avaient des briquets dans les poches, les agents vous palpaient mais ne vous demandaient pas de retirer les objets (des poches) (…) C’était inquiétant de voir avec quelle facilité on pouvait passer (le contrôle). Vous pouviez payer des gens pour passer plus vite », a-t-il déclaré.

Des liaisons suspendues
Sept vols étaient prévus samedi au départ de Charm el-Cheikh vers la Grande-Bretagne. À Washington, le ministre américain de la Sécurité intérieure a annoncé que « certains » aéroports du Moyen-Orient avaient été priés de renforcer leurs mesures de sécurité pour les vols en direction des États-Unis, par « précaution ».
Après les premières déclarations jugeant probable la thèse de l’attentat, plusieurs compagnies étrangères, dont les britanniques, avaient suspendu leurs vols vers et en provenance de Charm el-Cheikh alors que la France, la Belgique et le Danemark ont déconseillé à leurs ressortissants de s’y rendre. Ce drame risque de porter un nouveau coup dur au tourisme en Égypte, un pays déjà affecté par des années d’instabilité depuis la chute de Hosni Moubarak à l’issue d’une révolte populaire en 2011.

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