Le président de la Cour des comptes, Abdelkader Benmarouf, a affirmé, hier, lors de son intervention sur les ondes de la Radio algérienne, que l’Institution n’a jamais publié ses rapports annuels sous l’ère de l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Cela veut dire que la Cour des comptes a cessé de publier ses rapports depuis 1999.
Le débat sur les missions de la Cour des comptes ne cesse d’enfler ces derniers jours. Après les accusations lourdes exprimées par le Syndicat national des magistrats, quant à son « échec » en matière de lutte contre la corruption, le président de la Cour des comptes, Abdelkader Boumarouf, a précisé, hier, que «les rapports établis par son Institution n’ont été rendus public que deux fois depuis l’existence de celle-ci». «Durant toute son existence, ladite Cour n’aura publié ses rapports que deux fois, et uniquement sous la présidence de Liamine Zeroual », a-t-il déclaré, à cet effet.
«Les rapports annuels sont établis chaque année, nous avons la collection de ces rapports jusqu’en 2018 », a-t-il tenu, néanmoins à assurer, en indiquant que la non-publication de ces rapport «relève d’opportunité politique». «C’est des décisions politiques et évidemment je ne vais pas les commenter», a-t-il indiqué. Exprimant ses «regrets» que les rapports ne soient pas rendus publics, le président de cette instance, qui s’exprimait, dans l’émission l’invité de la rédaction a pourtant rappelé que «c’est un principe fondamental de la transparence». Rappelant que la mission essentielle de cette Institution est bien de «favoriser l’utilisation régulière et efficiente des ressources, moyens matériels et fonds publics, de promouvoir l’obligation de rendre compte et la transparence dans la gestion des finances publiques et de contribuer au renforcement de la prévention et de la lutte contre les diverses formes de fraudes et de pratiques illégales».
Refusant de polémiquer quant aux accusations du Syndicat des magistrats, Abdelkader Boumarouf a précisé qu’il «détient les preuves qu’il a sollicité, à deux reprises, les hauts responsables pour la publication de ces derniers, mais en vain». «Il n’y a pas eu d’échos», a-t-il dit. Interrogé sur les raisons de cet état de fait, le président de cette Institution de contrôle a réfuté l’idée que «ces rapports soient compromettants». « On transmet annuellement, en moyenne dix dossiers à la justice », s’est-il toutefois félicité, indiquant qu’une «fois ces dossiers sont entre les mains de la justice, le travail de la Cour est fini ».
Dans tous les cas de figures, la non publication des rapports est en totale infraction de l’article 16 du décret de sa création.
Lamia Boufassa