Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a démissionné, hier, de son poste, lors de la troisième session ordinaire du comité central de ce parti, tenue à l’hôtel El-Aurassi d’Alger. Ce coup de grâce est intervenu après les rumeurs ayant prédit son départ à la tête de l’ex-parti unique, qu’il occupe depuis août 2013. L’actuel vice-président du Conseil de la nation et non moins cadre du BP de ce parti, Djamel Ould-Abbes, a été désigné pour assurer l’intérim.
Le calme olympien qui a précédé les travaux de ce conclave n’était finalement que le prélude de la démission de l’homme tonitruant, qui a justifié sa décision par son état de santé “peu reluisant”. En effet, durant toute la matinée d’avant l’ouverture de cette rencontre, les spéculations au sujet de l’avenir de Saâdani au FLN revenaient presque sur toutes les langues. Tout le monde en parlait dans les coulisses de l’hôtel des Tagarins. Quelques heures avant l’entame des travaux de cette rencontre, des cadres du CC ont fait, en effet, circuler la rumeur au sujet de l’homme puissant du FLN. Ceci, d’autant plus que celui-ci est arrivé, tardivement, pour diriger cette session comme le lui confèrent les statuts de son parti. Du coup, son absence temporaire a attisé la cacophonie. Seulement, à son entrée dans la salle de réunion, rien n’indiquait qu’il allait être «déposé» quelques heures après l’ouverture de la rencontre. Un coup de théâtre ? Aussitôt il s’est présenté devant le pupitre pour donner son allocution, la majorité des 494 membres du CC présents se sont levés pour acclamer et entonner le nom du désormais ex-SG de la première force politique du pays. Dans son discours, Saâdani n’a fait aucune allusion à sa décision de démissionner. D’ailleurs, contrairement à ses habitudes, il était d’un ton modéré et il s’est astreint dans sa communication à quelques rappels de principes engageant son parti et à présenter l’ordre du jour de cette rencontre. Une fois terminé, l’homme controversé depuis quelques mois déjà, aussi bien à l’intérieur de la direction politique que dans la base militante, a quitté la salle de conférences. Pris d’assaut par les journalistes, Saâdani n’a pas voulu répondre à leurs questions, en laissant le suspense planer davantage autour de son sort non-scellé à ce moment la. Il a fallu donc attendre la fin de la réunion des membres du CC tenue à huis clos, pour qu’il revienne annoncer cette décision. Saâdani a fait valoir que son retrait de la tête de l’ex-parti unique est motivé par des raisons de santé.
Pas uniquement, puisque l’homme politique qui s’est rendu célèbre par ses sorties, aussi inopinées si tant est qu’elles constituaient pendant longtemps une sorte d’amorce au débat national, a estimé qu’il est dans l’intérêt du FLN, et par-dessus tout celui du pays, de quitter ses fonctions. Saâdani a voulu faire croire qu’il n’est pas poussé à la porte de sortie ou ayant fait l’objet d’un quelconque désaveu émanant de l’instance du CC. En se demandant en effet s’il y’a un quelqu’un dans la salle qui aurait voulu lui formuler un retrait de confiance, la majorité des participants n’ont pas levé la main. Enfin, pour mettre fin à la polémique au sujet de son absence longtemps évoquée, mais surtout aux rumeurs qui avancent d’autres raisons qui ont fait qu’il quitte désormais la tête du FLN, Saâdani s’est expliqué. Selon sa version, donc, hormis l’alibi de l’état de santé, aucune pression n’aurait été exercée sur lui pour qu’il présente sa démission.
Après l’approbation de cette décision par les membres du CC, Saâdani a proposé Djamel Ould-Abbès pour lui succéder au trône. L’ex-ministre de la Solidarité nationale a été plébiscité par l’assemblée, conformément aux textes régissant ce parti. Il est à rappeler que Saâdani a été propulsé comme SG de la formation politique du pouvoir le 29 août 2013, en remplacement de son prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem. Lors du 10e congrès de mai 2015, il a été reconduit à la tête du vieux parti, avant qu’il le quitte, hier samedi, en présentant sa démission.
Farid Guellil