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CONVOCATION DU CORPS ÉLECTORAL POUR LE 12 DÉCEMBRE 2019 : Amar Rekhila et Smaïl Lalmas réagissent au « Courrier d’Algérie »

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Dimanche dernier, le chef de l’État, Abdelkader Bensalah, a convoqué le corps électoral pour la tenue de l’élection présidentielle le 12 décembre 2019. « Le Courrier d’Algérie » a fait réagir deux personnalités nationales à l’annonce de Bensalah.

Amar Rekhila : «Un pas en avant sur le plan juridique»
Amar Rekhila, professeur en droit à l’université et avocat, également ancien membre du Conseil constitutionnel, regrette le manque de mesures d’apaisement suivant l’annonce de cette élection, exprimant aussi des doutes sur la capacité de la nouvelle autorité indépendante des élections à assurer la gestion de ce scrutin en terme de pratique et de logistique.
 » Sur le plan politique, il y a des remous. D’un côté, un Pouvoir qui veut coûte que coûte aller vers des élections et aussi ses relents qui s’enthousiasment déjà à cette élection. À l’opposé du pouvoir, il y a le Hirak et ses revendications, dont la première est ‘non aux élections!’ après les slogans de ‘qu’ils partent tous!’ et ‘Bédoui dégage!’ (…) Ce qui est sûr maintenant est que le Pouvoir veut appliquer la voix constitutionnelle, c’est-à-dire, aller vers des élections. C’est pour cela que les autres propositions à l’exception de ce choix ne trouvent pas d’écho chez le gouvernement », a réagi hier, Amar Rekhila, contacté par le « Le Courrier d’Algérie ». Pour ce constitutionnaliste, « l’enjeu pour le gouvernement est de trouver des palliatifs et des mesures d’apaisement », dont « la question des détenus d’opinion du Hirak ». « On est aujourd’hui devant un nombre énorme de jeunes qui se sont fait arrêter pour avoir participé dans des manifestations ou pour avoir porté des pancartes et slogans. Il faut donc traiter cette question d’une manière exceptionnelle.
Cela signifie la libération des détenus et de ne pas les juger dans cette situation spéciale marquée par la poursuite du Hirak. (…) Il n’est pas historiquement logique de poursuivre des gens pour avoir pris part au Hirak. Au contraire, l’idéal et le signe le plus positif politiquement pour le Pouvoir serait de les relâcher. Cela pourrait constituer un acquis pour le Pouvoir en adoptant une telle mesure d’apaisement », a expliqué Rekhila. L’avocat s’est posé également des interrogations sur la nouvelle autorité en charge de la surveillance des élections. « Théoriquement, quand on voit les garanties offertes dans la nouvelle loi amendée sur les élections, on se dit que l’on se dirige vers des élections transparentes.
Mais si on prend en considération la qualité des membres de l’Autorité indépendante des élections, l’accumulation de ce legs d’années en terme de gestion des élections, et aussi certaines mentalités chez les Algériens, notamment chez certaines associations et partis politiques qui se sont habitués et banalisé la fraude électorale, on peut dire que, malgré ce nouveau mécanisme et ses larges prérogatives, les élections vont être différentes des précédentes certes, mais on ne peut pas parier d’ores et déjà sur des élections libres comme cela se passe actuellement en Tunisie.
Évoquant les raisons de ce constat, Rekhila s’interroge « si l’Autorité indépendante des élections est en mesure de pouvoir se passer des services de milliers de fonctionnaires du ministère de l’Intérieur et si elle réussira à mobiliser autant de fonctionnaires à travers les 48 wilayas et aussi les représentations diplomatiques à l’étranger ». Pour l’avocat, « les choses ne sont pas faciles. Mais étant donné cela, on est un pas en avant en ce qui concerne les garanties pour une élection libre, de moins sur le plan juridique ».

Smaïl Lalmas : «Dans la conjoncture actuelle, les élections n’ont pas de sens»
Selon Smaïl Lalmas, expert économique et membre démissionnaire du Panel pour la médiation et le dialogue, instance qui a élaboré les deux lois sur le régime électoral et l’Autorité indépendante des élections, l’annonce du chef de l’État ne répond pas aux revendications exprimées par les manifestants du Hirak, notamment la libération des détenus et le départ du gouvernement actuel.
« Dans la conjoncture actuelle, les élections présidentielles n’ont aucun sens, car il y a absence d’un climat politique adéquat quand on entend, ne dialoguons pas et n’ouvrons pas de véritables canaux d’expression et de communication avec le peuple afin de répondre favorablement à ses revendications qui sont aujourd’hui toutes connues.
Si ces conditions ne sont pas réunies, alors on assistera à des élections sans électeurs », a-t-il réagi à la question de « Courrier d’Algérie ». Lalmas dénonce aussi « un contexte politique marqué par des arrestations, les accusations de trahison contre l’opposition et la peur », qui ne permet pas « de parler d’élection dans ces temps-ci ».
« Je suis persuadé que toute solution à la crise qui ne sera pas adoptée et acceptée par le peuple serait suicidaire pour l’avenir de pays. Cela ne ferait qu’empirer encore les choses et retarder le développement du pays. Donc, je dirais que la solution doit passer impérativement par un dialogue sérieux et serein. Un dialogue qui permettra de rapprocher les points de vue et encouragera les citoyens à aller voter, après la mise en place de toutes les dispositions nécessaires pour un climat politique inspirant confiance et apaisement.
On ne peut pas accepter des solutions ou des commissions et mécanismes imposés. Cela est impossible. On ne peut tout de même parler élections alors que nos amis Lakhdar Bouregaa et Karim Tabbou sont en prison (…) Si l’on a vraiment de bonnes intentions, il faudrait aller vers l’apaisement », a-t-il plaidé.
Hamid Mecheri

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