Une nouvelle année commence : Ennayer. Porteuse d’espoir pour tous les Algériens, elle a été fêtée, hier à Bouira, avec les robes, les gâteaux et les plats traditionnels de la région. Une vingtaine d’artisanes ont participé à l’exposition donnée à la maison de la culture. Cette fête, où le savoir-faire a rivalisé de talent et de génie, a inspiré à la direction de la culture et du tourisme l’idée d’organiser un concours du meilleur plat, du meilleur gâteau et de la meilleure robe traditionnelle ou moderne.
Attendu vers 10h, le wali, arrivé peu après, a fait le tour des stands, encourageant les plus jeunes et félicitant les plus expertes parmi les artisanes pour la perfection et la beauté de leurs produits. Naturellement deux robes ont retenu l’attention pendant cette exposition : la robe d’Ahl Ksar (une localité à une vingtaine de km à l’est de Bouira) et la robe Youdyène (des Ouadhias (localité entre Tizi Ouzou et Bouira). Par la variété de leur couleur (toutes les couleurs de l’arc en ciel ont été sollicitées pour la parer) et la richesse des tissus utilisés pour leur confection, elles étaient le clou de cette exposition. Les flashs crépitaient pour immortaliser ces moments uniques qui rehaussent cet événement périodique. Les vœux fusaient aussi en arabe, en tamazight et en français. Quelques artisanes ont profité pour porter leurs doléances au premier responsable de la wilaya. Nadia, de Bechloul voudrait un deuxième local pour donner plus d’espace à son activité de couturière. Noëlle de Bouira demande sans succès un local pour mettre en marche sa deuxième machine industrielle. L’appartement qu’elle occupe ne le lui permet pas. Nouara de Chaâbat Braham, dans la commune de Haïzer, souhaite ouvrir un atelier, mais n’a pu obtenir de local. Elle espérait que le wali visite son stand. Hélas, le wali ne l’a pas vue. Et l’artisane de Chaâbet Braham n’a eu la satisfaction ni de porter sa doléance devant le responsable de la wilaya ni de recevoir ses encouragements pour la robe Iouadyène.Au premier étage de la maison de la culture règne une ambiance proprement gastronomique. Tout l’art culinaire tient en l’espace de cette pièce où s’aligne des tables supportant des plats de couscous et de gâteaux, dont les recettes viennent de si loin qu’on ne peut dire exactement d’où. Le wali a pris une cuiller par-ci, une cuiller par-là, en portant un jugement flatteur pour chaque plat ou gâteau goutté. Il y avait des crêpes, des beignets, du couscous en semoule de blé et en semoule d’orge, avec des légumes et du poulet ou avec du petit lait. Et puis d’autres plats et d’autres gâteaux que la tradition a consacrés et qui n’ont pas de noms équivalents en arabe. L’artisane El Arem a montré son art en la matière qui s’appuie sur quarante ans d’expérience. « J’ai commencé à travailler à 16 heures la veille, et je ne me suis couchée que vers 4 heures. Il m’a fallu tout ce temps pour préparer tous les plats. », s’est-elle confiée à nous. Un atelier ? Oui, elle voudrait en avoir un. Mais elle, son problème, c’est les impôts. Elle a vu son activité taxée à 9 millions l’année dernière, alors qu’elle est femme au foyer, cette fille de chahid, qu’une bombe a failli tuer alors qu’elle était enfant, au temps de la guerre de libération. Fatima, de Bechloul, s’est plainte de l’exigüité de son local qui ne lui permet pas d’exposer ses gâteaux. Au bout de la salle, dans un coin, Lila voudrait, elle aussi, avoir son local. Mais elle, sa préoccupation est d’un autre ordre. Elle a stigmatisé l’absence de publicité autour de cette exposition. Pour elle, il fallait mettre plus de moyens pour faire circuler l’information à propos d’événement comme celui-là. Elle s’est livré, à une comparaison entre l’exposition qu’elle a faite avant-hier à Tassala, dans la daïra de Haïzer où elle a vendu beaucoup de gâteaux et celle-ci où la vente s’est révélée presque nulle, à cause du peu de monde. Enfin, Naïma, de Chorfa est scandalisée du fait qu’on n’a pas assuré la restauration des exposants. Un malaise due à une hypoglycémie a failli l’envoyer l’après-midi à l’hôpital. Interrogée à ce propos, la responsable de cette exposition a fait savoir que le ministère de la Culture, eu égard à la crise et les mesures économiques a été contraint de supprimer la restauration des exposants. Le concours allait se dérouler tard dans l’après midi.
Ali D.