La fameuse liste comprenant 66 syndicats, agréés par l’État, rendue publique samedi par le ministre du Travail, Mourad Zemali, n’était pas du goût des organisations déclarées illégales.
Face à la «mauvaise» réaction des syndicats non autorisés d’activité, le ministre tempère les ardeurs en précisant que cette liste ne vise pas «à provoquer» les syndicats, si ce n’est le besoin de remettre de l’ordre après «les graves dérapages» constatés sur le front social ces derniers jours. «Remettre de l’ordre dans l’activité syndicale et faire respecter les lois de la Républiques », c’est en ces termes que le ministre du Travail, Mourad Zemali, qui intervenait sur les ondes de la Radio algérienne Chaîne I, a voulu rassurer l’opinion après que son département ait été accusé de vouloir exercer des pressions sur l’activité syndicale dans notre pays. « Les précisions que notre département a apporté quant aux organisations syndicales illégitimes n’ont rien de provocateur», a déclaré le ministre en insistant sur l’impératif de remettre de l’ordre après que les «lignes rouges aient été franchies».
Qualifiant les débrayages qui ont ébranlé le pays ces derniers jours de «véritable crise», le ministre a jugé que cette situation a poussé le ministère à établir un diagnostic de la situation. Celui-ci a démontré que ces «conflits sociaux sont dûs essentiellement à la mauvaise interprétation des lois en vigueur». Tout en tenant à préciser que l’ensemble des grèves déclenchées ces derniers jours ont été menées par des syndicats «légitimes et agréés », l’hôte de la Radio algérienne a regretté que certains syndicats induisent l’opinion publique en erreur et vont jusqu’à collecter les cotisations des travailleurs, or qu’ils ne possèdent aucun agrément qui les autorise à pratiquer l’activité syndicale.
En chiffres, Zemali a fait savoir que sur 102 organisations syndicales agréés, il y a 65 organisations des travailleurs et 35 organisations patronales, tandis que le Syndicat des travailleurs de l’électricité et du gaz de Sonelgaz (SNATEGS) s’est dissout de manière volontaire. Plus ferme dans ces accusations, le ministre a précisé que certains syndicats étaient derrière les manifestations des écoliers ce qui est un acte grave et inacceptable. Plus loin, le ministre a rappelé que le dialogue devrait primer avant de recourir aux grèves. «Les débrayages devraient être le dernier recours des syndicats. Il faut instaurer un climat de dialogue au sein des institutions, mais aussi accompagner les responsables, au même titre que les syndicalistes à connaître les lois en vigueur », a souligné Zemali, tout en déplorant le manque de formation en matière de gestion des conflits sociaux. En ce qui concerne le nouveau Code du travail, dont certains déplorent les retards dans son élaboration, le ministre a précisé que celui-ci demande un travail de longue haleine. « La réforme du Code du travail doit se pencher sur l’ensemble de la législation. Il existe actuellement 12 lois et trois décrets et une ordonnance, le tout regroupe 670 articles, ce qui nécessite un temps large pour arriver à un consensus avec des partenaires sociaux», a expliqué le ministre avant de préciser que le futur Code sera en harmonie avec la Constitution qui consacre la liberté de l’activité syndicale.
CNR : un déficit de 500 milliards de DA
S’agissant du déséquilibre du système de sécurité sociale en Algérie, le ministre s’est d’emblée attaqué à la non-déclaration des travailleurs. «Ce fléau» a mis la Caisse nationale des retraites en difficulté financière», a précisé le ministre, avant de préciser que le déficit de la Caisse nationale des retraites est estimé à 500 milliards de DA. Et ce n’est pas tout, étant donné que le ministre évoque un deuxième phénomène qui est les arrêts de travail de complaisance. Selon ses chiffres, la Cnas a remboursé 14 millions de jours d’arrêts de travail en 2017, contribuant ainsi à aggraver le déséquilibre du système de sécurité sociale en Algérie.
Lamia Boufassa