Le président du parti du Front du changement, Abdelmadjid Menasra, a critiqué sévèrement, hier au niveau de son siège à Alger, le discours «contradictoire» et les mesures «irréfléchies» annoncées par le gouvernement pour faire face à la crise économique, provoquée par la chute des cours du baril.
Lors d’une conférence consacrée à l’évaluation des événements ayant marqué l’année 2014, au niveau national et international, Menasra a tiré à boulets rouges sur le gouvernement, lui reprochant d’adopter des mesures «palliatives», prises au lendemain de la chute des prix du pétrole, actuellement en dessous de la barre des 60 dollars le baril. Il estime que ces solutions manquent de vision à moyen et long termes, et dénotent de l’absence d’un véritable débat autour de la gestion de la crise au sein même du gouvernement. Pour appuyer ses propos, dans lesquels il qualifie ces mesures de «replâtrage», le conférencier est revenu sur les déclarations «contradictoires» faites par différents ministres, notamment en ce qui concerne le gel des recrutements dans la Fonction publique en 2015. «Les assurances récentes des ministres de l’Éducation et celui de la Santé, affirmant le maintien du recrutement dans leurs secteurs respectifs, et qui s’opposent au discours du Premier ministre, ayant annoncé le gel des recrutements dans la Fonction publique, sont un exemple édifiant du manque de concertation même au sommet de l’État», estime-t-il. Pis, le conférencier juge que la politique de l’austérité et le gel des recrutements annoncés par le gouvernement, est une solution conjoncturelle et manque de vision globale.
Des mesures et promesses qui risquent, selon lui, de mener le pays vers l’explosion sociale. «Il y a une crise économique qui frappe de plein fouet l’Algérie. Des mutations sociopolitiques s’imposent», alerte Abdelmadjid Menasra pour contredire les assurances du gouvernement quant à la maîtrise de la situation, et selon lesquelles l’Algérie n’est pas frappée, par la chute des prix du pétrole, dans son fond. Il reproche aux autorités d’opter pour des messages rassurants, mais sans fondement, notamment en ce qui concerne les programmes de la relance économique. L’année 2015 sera, pour le conférencier, des plus difficiles pour le gouvernement, qui sera mis à rude épreuve pour réaliser des objectifs non atteints au temps de l’aisance financière, où la rente pétrolière dépassait les 110 dollars le baril. «L’année prochaine prouvera les limites de l’intelligence politique chez beaucoup de nos responsables, habitués à pallier aux simples problèmes par l’injection de budgets faramineux», prévoit Menasra, en soutenant que l’argent, quoi que disponible à flot, ne règles pas lui seul tous les problèmes de l’Algérie. Par ailleurs, la chute des prix du pétrole pourrait être bénéfique pour l’activité politique où, vu les enjeux économiques, le gouvernement sera contraint d’ouvrir un débat plus constructif avec l’opposition. Menasra prévoit la possibilité d’encourager, en 2015, le consensus national, et l’organisation des élections anticipées, permettant la restructuration des institutions de l’État et l’ouverture, avec les partenaires sociaux, du débat autour du développement et la stabilité sociale. Concernant les événements ayant marqué l’Algérie en 2014, Menasra estime que cette année est celle des occasions snobées. L’Algérie n’a pas réussi, regrette-t-il, à organiser des élections présidentielles totalement transparentes, finaliser le projet de l’amendement de la Constitution qui avance à pas de tortue, ni relancer son économie du temps de l’aisance financière. Plusieurs occasions ont été snobées malgré l’effervescence politique marquée notamment par des tentatives de construire un débat de consensus. Les différentes sorties, diligentées même par des alliances, quoi que vouées généralement à l’échec, elles constituaient, selon Abdelmadjid Menasra, un point positif et une avancée remarquable pour le débat national.
Salim Nasri