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Chlef : les beaux jours de l’abattage clandestin

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Petite virée sur les routes et autres chemins de wilaya en ce début de Ramadhan 2016, et qui sont devenus autant d’espaces permettant de mesurer la persistance de pratiques commerciales et de consommation qui ont la peau dure. Il s’agit en fait de ces « bicoques » érigées avec un matériel hétéroclite ou on propose des fruits et légumes mais surtout de la viande exposée sur des étalages rudimentaires. Les utilisateurs du tronçon routier de la RN 19 reliant Chlef à la ville côtière de Ténès sur une distance de plus de 50 km auront remarqué sans aucun doute ce nouveau mode de commerce qui active en toute impunité, loin de tout contrôle. Ces vendeurs ambulants proposent aux voyageurs et autres automobilistes de la viande de caprins, d’ovins, ou de poulets exposés carrément à l’air libre. Une activité qui a fini par faire partie du décor de ces lieux. Il faut croire que le contrôle de cette activité, informelle, faut-il le souligner, comme la lutte contre son exercice demeurent totalement absents ou sont au mieux sporadiques. Sinon, comment expliquer sa généralisation en ce mois de ramadhan, mais également au cours de la saison estivale.
C’est à croire que les personnes qui sont derrière cette activité illicite ne sont nullement inquiétées ou, si elles le sont, pas suffisamment au point d’abandonner l’abattage et la vente de carcasses de viande. Et ce n’est pas avec la saisie de quelques kilos de viande qu’on peut décourager ces commerçants, lesquels n’hésitent d’ailleurs pas à reprendre du service pour justement amortir les pertes causées par la saisie. Faut-il en déduire que cette activité est tellement lucrative qu’une opération de saisie ne saurait l’éradiquer ? Les personnes rencontrées devant ces étals ont reconnu qu’elles s’approvisionnaient en viande chaque fois qu’elles empruntent cette route nationale. D’autant plus que la viande proposée est d’assez bonne qualité et à bon prix, révèlent-elles. Les prix affichés sont, certes, très attirants. 900 au lieu des 1300 dinars pour le kilo de viande ovine proposée au niveau des boucheries. On n’en dira pas autant pour la qualité, dès lors qu’on n’a aucune idée sur l’état de santé de la bête abattue. Et quand bien même celle-ci serait saine, l’environnement dans lequel elle a été dépecée et celui dans lequel elle est ensuite exposée peuvent la rendre impropre à la consommation. En effet, l’abattage, le dépeçage et l’éviscération s’opèrent à même le sol et au même endroit à longueur d’année, à proximité des étals. Il n’est pas nécessaire d’être spécialiste pour vite s’apercevoir que l’endroit même où ont lieu les abattages et les dépôts successifs d’abats, fait le bonheur des chiens errants et de toutes sortes d’insectes dont les mouches qui, hiver comme été, pullulent sur les lieux et même sur la viande exposée, et constitue un véritable bouillon de culture.
Les vendeurs, conscients que la vue d’essaim de mouches sur les carcasses exposées peut dissuader les clients éventuels, entreprennent de les chasser avec des éventails de fortune de l’étal, du billot sur lequel est débitée la carcasse en quartiers de viande -la vente se fait par quartier entier et non par petits volumes-, et du parasol abritant la viande et le vendeur des rayons du soleil. C’est dans ce décor fait d’objets de récupération qu’est exposée la viande parsemée de mouches et proposée à un prix, certes, alléchant, mais qui devrait être comparé à celui qu’on aura à débourser en cas d’intoxication. Car, dans un endroit où l’hygiène est totalement absente, il y a plus de chances d’y laisser sa peau que de faire une bonne affaire.
Bencherki Otsmane

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