Le monde entier célèbrera aujourd’hui (4 février) la Journée mondiale contre le cancer. L’évolution de la maladie inquiète les spécialistes et les gouvernements qui s’attèlent sur la mise en place des meilleures stratégies et traitements de lutte contre cette méchante maladie. En Algérie, 50 000 cas de cancers de tous types ont été déclarés en 2019, dont 12 000 cas chez les femmes (généralement des cancers de sein et de côlon) et 1 500 cas chez des enfants de moins de 16 ans. Le nombre de décès par cancer cette même année est estimé à 20 000. D’autre part, il est prévu, selon les registres du cancer de l’Institut national de santé publique d’enregistrer environ 60 000 nouveaux cas par an, en perspectives pour 2025 et environ 70 000 cas, en perspectives pour 2030. Ces estimations ont été faites hier, sur les ondes de la chaîne 1 de la Radio nationale, par le professeur Kamel Bouzid, chef de service d’oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) et président de la Société algérienne d’oncologie médicale. Malgré ces chiffres inquiétants, Kamel Bouzid a montré que les efforts de prise en charge des malades atteints de cancer se sont améliorés dès le début de la mise en application de Plan national de lutte contre le cancer (2015/2019). Ce Plan, soutient Bouzid, a permis l’élargissement de réseau des centres de radiothérapie, entre 2011 et 2019, de 7 seulement sur le niveau national à 50. Grâce à l’entrée en service des centres en radiothérapie de Adrar, El-Oued, Tlemcen, Sétif, Sidi Bel-Abbès, Batna, Annaba et Draâ Ben Khedda (Tizi- Ouzou). La nouvelle stratégie de l’État de lutte contre le cancer a doté également le pays de centres de chirurgie en cancérologie et de transplantation d’organes (à l’exemple de la greffe de foie), installés à Batna, Oran, Blida, Tizi-Ouzou et Alger. Cependant, l’invité de la Radio nationale a fait part hier de ses regrets en constatant la souffrance des malades atteints de cancer face à la pénurie des médicaments de traitement contre le cancer. Même s’il considère que les explications de l’État qui met en avant les coupes budgétaires, comme « une justification inacceptable », d’autant que ce problème, qui s’est accentué au fil des années, « peut être résolu en si peu de temps ». Toujours dans le même sillage, Bouzid a expliqué que « cet argument est totalement inacceptable, surtout si l’on sait que pendant la période 2015 à 2019, la Caisse de sécurité sociale a financé ses homologues français et belges par environ 30 millions d’euros par an, ce qui équivaut à 150 millions en cinq ans, ce qui est un montant très énorme qui aurait pu être utilisé si les hôpitaux algériens avaient été financés , publics ou privés, pour se procurer les médicaments nécessaires et les fournir aux malades». L’invité de la chaîne 1 a souligné que la pénurie de médicaments a contraint les patients les plus aisés à acheter ces médicaments de l’étranger (Turquie, Maroc ou en France), pour 6 000 euros pour une seule séance de thérapie, alors que le patients a besoin de 12 séances, ce qui équivaut à
100 000 euros par patient. En d’autres termes, analyse Bouzid, cela a créé des inégalités devant l’accès aux soins, et les plus pauvres se retrouvent de ce fait privés de soins.
Yousra Hamedi