Par Ali El Hadj Tahar
Une campagne électorale morose sur laquelle a pesé le spectre de l’ingérence internationale et sur laquelle aussi ont plané quelques risques de dérapages vite éludés. Une campagne sans éclat où les candidats ne sont pas partis sur le bon pied et qui peinent à convaincre ceux qui continuent à manifester en toute liberté, contrairement à ce que nous voyons ailleurs dans le monde : répressions à coups de balles comme au Chili, en Bolivie, en Irak et en Iran, ou de flash balls mortels et handicapants, eux aussi, comme en France.
Campagne finissante d’un vote qui veut clore le long chapitre d’un Président intérimaire, de surcroît malade. Qui veut clore l’épisode d’un pouvoir auquel certains n’accordent pas de légitimité du tout et que d’autres accréditent d’une demi légitimité, fondamentale cependant pour que sur une seule jambe le pays continue à avancer, à signer des accords, payer les travailleurs, faute de pouvoir relancer l’économie, ce que seul un État exerçant toutes ses fonctions régaliennes peut faire.
Le pays connait une crise multiforme depuis deux décennies au moins, et ce n’est pas en un claquement de doigt qu’on peut la résoudre.
Une campagne qui arrive à sa fin sans que l’affichage ait été réalisé par les services communaux, dont le laxisme trouve des prétextes pour s’exprimer. Lorsque ces affiches n’ont pas été arrachées par des mains inconscientes, parfois enfantines mais déjà intolérantes. Une campagne également marquée par la sortie à visage découvert d’acteurs étrangers fondamentalement opposés au bien de l’Algérie, dont ce Glucksman, nouveau chevalier de l’apocalypse sur le sentier de BHL.
L’État, le peuple et les candidats ont donné une réponse cinglante à cette ingérence flagrante du Parlement européen et prouvé que l’Algérie peut asséner des gifles diplomatiques en adéquation avec un hard power dissuasif qui n’a nullement pâti des effets de la crise.
Cet épisode a été exploité a fond avec des marches massives, samedi passé, pour dénoncer l’ingérence que beaucoup de hirakistes ont eux aussi dénoncée. Beaucoup ont également dénoncé le blocage du cortège de Bengrina, le rassemblement visant à empêcher le meeting de Benflis, qui ne sont également pas à l’honneur du Hirak dont certains éléments veulent instaurer la démocratie à coups de niet et même de pierres contre la police.
Pour le moment, ceux qui persévèrent dans le dégagisme et ceux qui sont dans le camp des votants s’affrontent surtout sur le terrain virtuel des réseaux sociaux, même si dans la réalité le ton monte aussi. Espérons que la tension va baisser.
En tout cas, l’Algérie est assez vaste pour une campagne sereine comme l’ont prouvé certains candidats, conspués dans une ville mais bien reçus ailleurs.
A. E. T.