Accueil LA 24 Campagne électorale de la présidentielle tunisienne : sur fond de décantation politique

Campagne électorale de la présidentielle tunisienne : sur fond de décantation politique

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Le deuxième tour de la présidentielle tunisienne opposant deux candidats, le président provisoire sortant Moncef Merzougui et le président de Nidaa tounes, Béji Caid Essebsi, a d’ores et déjà commencé à générer des décantations avant même la tenue du scrutin et l’annonce de celui qui l’a emporté. Dès l’entame du calendrier des élections des institutions, législatives, présidentielles en cours et les locales prochainement, clôturant trois ans de phase de transition, la scène politique tunisienne a connu des décantations notables, notamment l’identification de ses principaux acteurs. Les trois années de transition qui ont été marquées par la gestion politique des affaires de la Cité par la Troïka, conduite par Ennahda, mouvement de Rached Ghannouchi, après avoir obtenu la majorité au terme de l’élection de l’Assemblée constituante, a été classé en seconde position, après que les députés de Nidaa Tounes, ont décroché la première place, lors des dernières législatives. Ce qui n’a pas été sans impact au terme de la tenue du premier tour de la présidentielle. Président provisoire de la période de transition, dans le cadre de la Troika, Moncef Merzougui, dont le parti a essuyé une cuisante défaite aux législatives, a décroché la seconde place, au premier tour de la présidentiel, après que son rival, le patron de Nidaa Tounes est arrivé en tête et le candidat du Front populaire, Hamma Hemmami, troisième dans le palmarès de ce premier tour. Entre les législatives et le premier tour de la présidentielle, trois acteurs dominent la scène politique tunisienne, Nidaa Tounes, Ennahda , et le Front populaire, outre le rôle historique et pertinent qui est celui de l’UGTT sur la scène tunisienne. Entre le soutien inexprimé du mouvement de Rached Ghannouchi, à son allié dans la troïka, le candidat président provisoire sortant, Moncef Merzougui, au premier tour de la présidentielle, qui en fin de compte ne lui a pas permis de sortir vainqueur du scrutin mais d’arriver en seconde position pour aller disputer, le second tour de cette présidentielle, prévue le 21 du mois courant. Entre les interrogations lancées par les acteurs politiques et l’opinion tunisienne à l’adresse d’Ennahda, via lesquelles, le mouvement est appelé à se positionner sans ambiguïté sur l’un des candidats, Merzougui ou Essebsi pour le second tour, le Madliss Echourra tenant plusieurs réunions à ce propos, se prononcera mardi prochain sur la question.
Ce qui n’a pas empêché les militants du mouvement de Ghannouchi à poursuivre, pour ce second tour, leur campagne de soutien à la candidature de Merzougui, qu’ils ont menée lors du premier tour de la présidentielle. En l’absence de consigne de vote d’Ennahda, ce mouvement s’est donné les possibilités de manœuvrer en vue de d’assurer une meilleure place au sein des nouvelles institutions élues du pays, notamment le Parlement et l’exécutif. Son soutien non officiel au rival du candidat de Nidaa Tounes illustre notamment, les différences des lectures politiques que font ses cadres et ses responsables les plus influents au sein du parti. Différend qui s’est manifesté, pour rappel, lors de la crise qu’a vécu le gouvernement de Djebaïli –haut cadre au mouvement d’Ennhada- sur fond des assassinats des militants du Front populaire et de grande envergure, les défunts Chokri Belaïd et Mohamed Bhahmi. Si la tenue de la première séance du Parlement tunisien, à majorité de Nidaa Tounes, l’élection de l’un de ses députés au poste de président du parlement, l’élection d’un des hauts cadres du mouvement Ennahda, au poste de vice-président du nouveau Parlement, Abdelfattah Mourou, en l’occurrence, au poste de premier vice-président, est un signe politique significatif à plus d’un titre. Entre le courant de Ghannouchi et celui de Abdelfattah Mourou dont y figure, Djebali au sein d’Ennahda, ce mouvement a opté pour la voie de soutien non déclaré pour la candidature de Merzougui, via l’absence de consigne de vote et la seconde voie qui lui permet d’occuper des postes au sein des nouvelles institutions élues, notamment dans le prochain staff gouvernemental qui se formera après l’annonce du candidat gagnant du second tour. Avec l’annonce de l’éventuelle formation par l’ex-chef du gouvernement provisoire Djebali, considéré un des proches d’une des figures clés au sein d’Ennahda autre, que Ghannouchi, à savoir, Abdelfattah Mourou, les décantations s’accélèrent au sein de ce mouvement. Une accélération qui obéît aux nouvelles donnes survenues sur la scène tunisienne et celle de pays arabes. Pour la première il s’agit en outre de la montée d’un cran du parti de Nidaa Tounes et notamment de la portée de l’ancrage de la culture institutionnelle au sein de la société tunisienne et les leçons tirées de l’expérience non réussie des partis islamistes après avoir été portés à la tête des institutions de pays, tels l’Égypte et la Libye, par la vague des soulèvements survenus, dès 2011 dans ces pays. S’agissant de la troisième force politique, que les électeurs ont consacré à la troisième place sur l’échiquier politique, le Front populaire, en l’occurrence,  celui-ci fait face à une équation difficile pour ce second tour. Outre que le Front populaire, troisième force politique du pays s’oppose clairement à la candidature de Moncef Merzougui, les acteurs politiques de ce front sont départagés entre le soutien ou pas de la candidature de Béji Caïd Essebsi pour le second tour de la présidentielle, et que les deux candidats ont entamé, pour rappel, leur campagne électorale.
C’est par une déclaration rendue publique, jeudi dernier, que le Front a réaffirmé son refus de soutenir Merzougui, sans donner une consigne de vote, mais en expliquant longuement la conjoncture du pays, pendant laquelle intervient ce scrutin présidentiel. Invitant à cette occasion le candidat Essebsi à se positionner «clairement  sur le mouvement Ennahda» dira Hama Hemmami, qui a annoncé que le Front populaire se prononcera sur le scrutin présidentiel au courant de cette semaine. Ce qui est le cas pour le mouvement d’Ennahda, lequel a annoncé, pour mardi prochain, la réunion de son Majliss Echoura, pour se prononcer sur l’un des deux candidats. En attendant, les deux candidats pour cette présidentielle animent chacun ses rencontres et ses meetings populaires de la campagne électorale, sans perdre de vue les quartiers généraux d’Ennahda et du Front populaire, étant les partis qui pèseront, le jour J, pour que la balance penchera pour l’un des deux candidats, le jour du scrutin
Karima Bennour

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