Au-delà des grandes lignes régissant l’industrie automobile, en vue de stimuler l’investissement et la promotion de l’industrie locale, lesquelles seront publiées incessamment dans le nouveau cahier des charges, les nouvelles modifications réglementaires importantes affectant les activités d’importation des concessionnaires, seront au centre des nouvelles exigences de la relance de ce secteur stratégique.
De nouvelles conditions et modalités d’activité fondées sur la protection de l’économie nationale et des intérêts du citoyen, auxquelles devront se conformer ces sociétés d’importation et de revente de véhicules neufs. Relancer cette industrie et éviter les erreurs antérieures qui ont entraîné d’énormes pertes pour le pays, a été l’un des grands axes auquel le président Abdelmadjid Tebboune a porté un intérêt primordial.
Les concessionnaires dos au mur
Un cahier des charges remanié, qui impliquera en premier lieu, selon les directives du premier magistrat du pays, une rupture concrète avec « les anciennes pratiques qui ont épuisé les citoyens et le Trésor public », allusions faites aux pratiques frauduleuses, telle la surfacturation, les transactions financières douteuses, le blanchiment d’argent, la vente illégale menée par des pseudos concessionnaires, ainsi que le marché parallèle, lequel constitue un réel danger pour le consommateur et ouvrant la porte à la spéculation. Outre ces procédures connues du grand public et des autorités concernées, les formes courantes de fraude des concessionnaires automobiles comprennent aussi le gonflage des prix en incluant d’autres frais, l’annonce d’une fausse rupture de stock, sous-évaluer telle marque, la malversation concernant les options ou les caractéristiques d’un véhicule, ou la vente de véhicules dangereux ou défectueux . En somme, des tactiques de vente « agressives » et des publicités mensongères à l’égard du client, ce qui portera préjudice, non seulement au citoyen, mais également à la sérénité et la bonne marche du marché, d’une manière générale. Des fraudes qui relèveront, selon ces nouvelles lois, de la compétence directe du gouvernement.
Quand le client est roi
En plus des exigences et modalités classiques et indiscutables, à savoir l’expérience obligatoire, la garantie des services après-vente, les conditions d’éligibilité, les procédures de dédouanement et formules de partenariat, la concurrence et la transparence, ainsi que l’assouplissement des conditions d’octroi de licences d’importations, ces nouvelles lois auront la particularité d’être centrées sur la satisfaction du consommateur algérien. Survenant à un moment où les véhicules manquent terriblement aux Algériens depuis plus de 4 ans, après l’arrêt de l’importation en 2017, et l’arrêt de l’assemblage en 2019, le nouveau cahier des charges trouvera ses fondements dans l’obligation portée aux concessionnaires d’être inspirés et poussés par les principes du professionnalisme. Notamment par des normes élevées de service à la clientèle, par une éthique de travail basée sur l’engagement total, permettant ainsi d’offrir une expérience automobile conséquente au client. Se concentrer sur les besoins des clients et leur proposer des services sur mesure avant, pendant et après leur décision d’achat, à travers des installations et des ateliers modernes, un personnel qualifié et expérimenté et une philosophie de travail adéquate, de sorte à veiller à la satisfaction du client à tous les niveaux, telles sont les nouvelles exigences qui préoccupent actuellement les pouvoirs publics, à leur tête le président Tebboune.
Vers une baisse significative des prix
Nul doute que cette nouvelle politique de l’automobile aura un impact direct sur la baisse du prix des véhicules, notamment après l’annonce de l’autorisation aux individus d’importer des voitures de moins de trois ans, après une crise qui a entraîné une hausse sans précédent des prix. Pour ce qui est des voitures neuves, leur entrée sur le marché algérien contribuera de manière significative à absorber la demande croissante, en réalisant un équilibre entre l’offre et la demande. Certes, suite aux derniers bouleversements du marché automobile, ce dernier commence à renaître de ses cendres, mais les incertitudes demeurent toujours sur les prix des véhicules. Comme l’avait annoncé le président de l’Association de protection des consommateurs (APOCE), Mustapha Zebdi, « il semble y avoir une ouverture totale. Ces projets sont prometteurs pour réguler le marché automobile et satisfaire les besoins des consommateurs, et les différentes annonces des autorités depuis début octobre amorcent indéniablement la fin de la crise automobile en Algérie ». Un avis conforté par l’implantation prochaine de nouveaux constructeurs étrangers, ce qui fera forcément baisser les prix de véhicules, alors que durant les dernières années, l’Algérien achetait une voiture de moins de trois ans, à trois fois le prix d’un véhicule neuf. Une Picanto 2019, s’est vendue à presque 250 millions de centimes, alors qu’en 2019, elle ne valait même pas la moitié. En attendant, les citoyens désireux s’accrochent à l’idée d’assister à une baisse significative des prix du neuf, notamment lorsque les concessionnaires ouvriront leur portes.
De l’importation à la production, une stratégie industrielle
Autre directive du président Tebboune, celle de « faire la distinction entre l’activité des concessionnaires importateurs et celle des fabricants, et s’orienter vers une industrie mécanique suivant des normes technologiques modernes ». A cet égard, il est utile de souligner que le simple fait de relancer le marché des concessionnaires ne doit pas s’effectuer sans une synergie pour implanter une activité industrielle de production de voitures et ce qui l’entoure comme activité de petite et moyenne entreprise, notamment dans la fabrication des pièces de rechange et accessoires. Se lancer dans la construction automobile figure en effet parmi le plan de relance du secteur en Algérie. Ainsi, après avoir reçu l’approbation du gouvernement algérien, lequel s’efforce plus que jamais de diversifier l’économie du pays, plusieurs investisseurs étrangers feront de l’année 2023, celle de la renaissance du marché automobile, ce qui permettra, non seulement de répondre à la demande croissante des clients dans le pays, mais également de créer de l’emploi, et comme mentionné précédemment, faire chuter les prix. Une réelle création de valeur durable pour notre économie nationale, un investissement créateur de richesse et générateur d’expertises industrielles.
Passer à l’exportation, mais…
Enfin, en dernier lieu, le chef de l’Etat a souligné lors de son allocution à l’occasion du dernier Conseil des ministres, que « l’exportation des voitures depuis l’Algérie après leur importation ne se fasse pas au détriment du marché national, des besoins des citoyens et avec les fonds du Trésor public ». En effet, si la reprise de l’importation de véhicules doit s’accompagner de la relance d’une véritable industrie mécanique dont les produits sont destinés au marché national, passer à l’exportation pour atteindre la compétitivité internationale, dépendra d’une stratégie et d’une politique industrielle qui intègre explicitement l’ensemble des enjeux, des défis, des opportunités et des tendances auxquels est confronté le contexte de l’économie nationale actuelle. Certes, la relance de l’industrie nationale doit reposer sur des investissements de l’Etat, mais aussi sur un apport et une mobilisation de la part de l’ensemble des acteurs économiques, des entreprises nationales publiques et privées.
Hamid Si Ahmed