Accueil ACTUALITÉ Boycott de l’enseignement de l’arabe à Tizi-Ouzou : «Un mouvement qui n’avait...

Boycott de l’enseignement de l’arabe à Tizi-Ouzou : «Un mouvement qui n’avait pas lieu d’être»

0

Commentant les derniers évènements qui ont secoué plusieurs établissements scolaires en Kabylie, après le refus de beaucoup d’élèves d’étudier la langue arabe, l’invité du forum n’a pas écarté la possibilité de politisation et d’instrumentalisation de la question de tamazight dans la région, car, selon lui, toute question sociale est susceptible d’être prise en charge par le politique.

Cependant, Abderezzek Dourari qui est, rappelons-le, directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight (Cnplet) relevant du ministère de l’Éducation nationale, considère que cette réaction des élèves n’a pas lieu d’être pour des raisons bien précises et évidentes. Selon lui, il y a une confusion de la lecture sociolinguistique de l’Algérie et le rejet des élèves en Kabylie de l’enseignement de l’arabe est le résultat de cette confusion. Pour résumer ce qui s’est passé, Dourari pense qu’il y a eu comparaison de l’arabe (scolaire) à tamazight (une variété de langues maternelles), alors que ce sont deux choses totalement différentes. Selon lui on ne doit pas comparer une langue maternelle qui est tamazight à l’arabe scolaire qui est de son côté une langue d’institution et d’administration et non pas une langue maternelle. L’invité du forum du Courrier d’Algérie a expliqué, dans ce même cadre, que la langue arabe utilisée à l’école n’est pas l’arabe algérien qui est la langue maternelle de la plupart de la population algérienne et également maghrébine. «Il y a même une grande différence entre les deux», a-t-il insisté, soulignant que l’arabe scolaire de son côté n’est la langue maternelle de personne car elle est seulement une langue des domaines de l’écrit et des élites du monde arabe. Donc pour revenir à ce qui s’est passé, Dourari estime qu’il est tout à fait normal que des parents refusent à ce que leurs enfants n’étudient pas tamazight parce que celle-ci n’est pas leur langue maternelle, par contre les élèves ne doivent pas boycotter l’arabe scolaire qui n’est pas une langue maternelle comparable à tamazight. Et d’ajouter : «Il y a eu des revendications d’intégrer tamazight dans le domaine officiel avec toutes ses variétés, mais il n’a jamais été question d’obliger un arabophone (arabe algérien) d’apprendre tamazight». Pour rappel, une action de boycott de l’enseignement de la langue arabe a été organisée le mois d’octobre dernier par des élèves de plusieurs régions de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Boumerdès. Ce mouvement, déclenché par un appel anonyme véhiculé sur les réseaux sociaux, a eu lieu en réaction à un groupe de parents d’élèves de la wilaya de Jijel ayant contesté l’obligation de l’enseignement de tamazight à leurs enfants. Suite à cela, des parents d’élèves, des syndicats et les institutions de l’état avaient dénoncé une instrumentalisation de la langue Tamazight. Le département de Nouria Benghebrit, tout en appelant à la sagesse, avait rappelé les efforts fournis dans ce domaine, notamment dans le processus de généralisation de l’enseignement de cette langue qui a connu une avancée positive.
Ania Nait Chalal

Article précédentLe président Bouteflika affirme que l’état reste soucieux de le préserver / Le foncier agricole : une ligne rouge à ne pas transgresser
Article suivantABDERREZAK DOURARI, DIRECTEUR DU CENTRE NATIONAL PÉDAGOGIQUE ET LINGUISTIQUE POUR L’ENSEIGNEMENT DE TAMAZIGHT : «Manipuler l’identité donne lieu à des guerres sectaires ! »