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Bouira : Le wali s’exprime sur la crise du logement

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Un mot est dans toutes les bouches, ce matin : le wali part dimanche en congé. C’est-à-dire le lendemain. Mais avant d’aller prendre un peu de repos, il fait un dernier effort, celui de visiter quelques chantiers dans la ville de Bouira.Tout le monde sait que ce n’est pas un hasard s’il a choisi Bouira pour le tour du propriétaire. La semaine dernière a été marquée par une forte contestation à la suite de l’affichage des listes des bénéficiaires des logements sociaux. L’explosion a été évitée de justesse. Mais les recours déposés au niveau de la wilaya ont pris une telle tournure que l’entrée du siège a été barrée pendant plusieurs jours. Les auteurs de ces recours que l’on peut qualifier sans risque de se tromper de manifestants, car ils ne demandaient rien moins que l’annulation des listes contestées et la présence du Premier ministre, faisaient un foin de tous les diables qu’on n’entendait que leurs voix et leurs cris de colère condensés en une rumeur formidable qui va mourir au loin. Comment, dans ces conditions, le wali pouvait-il partir en vacances, ces vacances fussent-elles les plus courtes, s’il n’avait pas une solution claire au problème posé par la contestation : la wilaya dispose-t-elle pour le court terme de suffisamment de logements pour répondre à une bonne partie des recours introduits à la faveur de cette contestation ? N’était-ce pas pour cette raison, d’ailleurs, que l’on dit que sa décision de partir en congé à peine prise, il a été obligé, sous la pression des événements de l’année ?

Une offre fort en deçà
Dans le fourgon, fort exigu, il faut le souligner, et qui pose à chaque déplacement le problème de transport pour la presse locale, les langues vont bons train. Ce chantier qu’on va visiter tout à l’heure et qui travaille à la réalisation de 400 logement LPL a-t-il un rapport avec les logements attribués ? Mais les 150 autres auxquels ils s’attaquent déjà ? Ceux-là ne serviront pas à satisfaire les recours ? La réponse est qu’on est sur un autre chantier. Lorsque nous descendons et faisons le tour de la dizaine de blocs, nous nous rendons compte qu’ils sont achevés et que seuls restent les travaux de VRD. Le wali, retrouvant enfin le sourire, fait quelques remarques sur la qualité des travaux, demandant que l’on tienne compte des paramètres climatiques en vue de prévenir les inondations. De même qu’il a pointé du doigt la qualité du touvenant pour le revêtement des rues comportant trop d’impuretés à son avis. Ce sont les 152  et 96 îlots. Les engins activent. Le délai est court. Il faut y remédier.  Le problème du collecteur principal est saturé ? Qu’à cela ne tienne. Il en faut un autre pour les bloc 5,6,7 et 8. L’entrepreneur présent sur les lieux s’engage à respecter le cahier des charges jusqu’au plus petit détail.
Après quoi, le wali passe sur le deuxième chantier dont les travaux peinent à réaliser les  150 logements attendus. Deux grues, dont une géante, sont à l’œuvre. Heureusement, le retard n’est pas grand et instruction a été signifiée  pour le rattraper dans les plus brefs délais. Ici, on sent que les minutes et les secondes sont précieuses, car, tout le monde comprend que la wilaya est engagée dans une course contre la montre. La marmite est sur le feu et elle bout. Il s’agit de livrer les 500 logements locatifs avant que le couvercle ne saute.  Mais qu’est-ce qu’un tel quota par rapport à la demande que le wali dans son point de presse tenu à la fin de la visite a estimée à 6 000 dossiers ? Même le même wali qui table sur d’autres chantiers compte sur la patience des citoyens bouiris, dont il a loué la vertu.Et il est vrai que lorsque nous arrivons sur ce vaste terrain baptisé «Nouveau pôle urbain», on s’aperçoit combien la volonté de l’État est fort pour corriger le tir à propos de sa politique de logement. Longtemps négligé, le wali dans son point de presse a déclaré qu’on n’a plus construit de logement social depuis 2006 à Bouira)  au profit d’autres formules comme le LSP, dont on a longtemps vanté le caractère pratique et social avant de déchanter, le logement est de nouveau à l’honneur et la wilaya a imaginé ce pôle urbain qui  pourrait, demain, figurer la nouvelle-ville pour atténuer la forte tension régnant autour de ce type de logement.
Le chantier fait penser à un champ de bataille labouré par les bombes et les obus. Partout la terre est retournée, laissant voir des cratères de différents diamètres. Partout des grues géantes et des Cases ronflent telles des machines de guerre. Et c’est un fait que, si l’on considère les objectifs fixés, il s’agit d’une guerre qu’il convient de gagner contre l’insalubrité et le logement précaire.
Là, le wali s’est accordé plus de temps. La ville en expansion constante, après avoir tiré vers l’ouest sur des terres agricoles, tire maintenant vers l’ouest grignotant des superficies à haute valeur agricole. Mais si cela devrait continuer longtemps encore comme cela, il faudrait se résigner à voir la forêt Errich se contracter sous les pelles des engins à la manière d’une peau de chagrin.
Quoi qu’il en soit, talonné par le besoin, le premier responsable pousse ses engins à fond. Le retard est de deux mois au niveau du lot 200 logements. L’entreprise réalisatrice butte sur une canalisation qui lui occasionne ce retard. L’ADE est en cause. Heureusement, il s’agit d’une canalisation en amiante et comme, elle ne transporte pas d’eau pour le moment, on a préféré la sacrifier, puisqu’il y a pas moyen de faire autrement. Ce qu’il faut retenir  de ce pôle urbain, c’est que la wilaya a jeté 11 bureaux d’études, 14 entreprises et mobilisé une assiette foncière de 22 hectares. Il s’agit de réparer ce que la politique du logement avait eu de désastreuse au plan social, les autres formules, en dehors de l’habitat rural et de la RHP, ayant montré très tôt leurs limites et devenues inopérantes avec la dégradation du pouvoir d’achat. Cet immense chantier est la preuve par neuf que l’État accorde sa priorité au logement social dit LPL. Le dernier chantier, divisé en deux, jouxte le stade et la piscine olympique. Il est midi passé quand le wali franchit l’entrée. Le chemin qui y conduit est poudreux et le pied s’enfonce comme sur un tapis moelleux. Le retard accusé par l’entreprise est trop évident pour échapper aux yeux du premier responsable de la wilaya. La justification trop cousue de fil blanc pour être retenue. «Ce n’est pas mon problème» a-t-il rétorqué, lorsque l’entrepreneur a invoqué le manque de main d’œuvre.

Ce que revendique la rue
Nous en avons rendu compte en donnant la parole à certains contestataires. Certains, comme cette jeune femme avoue avoir passé toute leur vie dans un taudis, un garage ou même une écurie. D’autres affirment, comme ce petit fils de chahid, occuper un F3 avec parfois dix-sept membres d’une même famille. Le hall du siège de la wilaya est noir de monde et ne désemplit pas pendant toute la journée. Les cinq ou six fonctionnaires détachés par la wilaya pour recueillir les recours, et installés dans une des pièces de la cellule de communication font du mieux qu’ils peuvent pour faire face au flot incessant des contestataires. Mais voilà qu’aux plantes succèdent les accusations. Et dans leur grande colère, les accusateurs mettent en doute la probité de la commission de la daïra qui ne se serait pas conformé aux critères établis pour dresser les listes des bénéficiaires. Parmi ces derniers figureraient, selon certains manifestants que nous avons rencontrés sur les lieux, des travailleurs que leurs hauts revenus excluaient d’office de ce bénéfice. D’autres citent l’exemple de bénéficiaires qui n’auraient déposés leur dossier que tout récemment. D’autres encore parlent d’employées d’hôtels ou de personnes venant d’autres wilayas. Bref la rue gronde et la rue qui semble à cran et avoir perdu toute confiance dans les autorités locales réclame le déplacement du Premier ministre et l’annulation de la liste des bénéficiaires. Combien sont-ils? Impossible d’évaluer leurs nombre. Peut-être sont-ils mille ou deux mille ? Peut-être beaucoup moins. Ce qui est certain, c’est qu’ils semblent révoltés plus par l’injustice que par le fait qu’ils ne se trouvent pas sur la liste des bénéficiaires. Il y aurait des dossiers qui auraient été déposés avant 99 et 2000. Ceux-là ont dû être les plus difficiles à convaincre. Reçus dès le premier jour de la grogne par le chef de cabinet, leurs délégués y revenaient encore et encore, faute d’une solution fiable qui satisfasse tout le monde. Le jeudi matin, ils étaient encore là. «Nous continuerons à occuper la place, fulminaient les plus indignés, jusqu’à ce qu’à ce que nous obtenions gain de cause.» C’est-à-dire l’annulation de la liste.

Ce qu’en pense le wali
Là, où il y a moins se sept ans, environ, venait du si bon blé, mais là où aujourd’hui a poussé comme un grand champignon le pôle universitaire, avec ses 4 500 lits et 4 000 places pédagogiques, sur ce terrain nu, où se construire l’entrée qui va leur donnait accès, après une inspection détaillée des différents chantiers en activité, la presse est invitée à posée ses questions au wali. Le ciel a l’air, au dessus des têtes nues, d’une plaque de métal chauffée à blanc. Il a fait aussi chaud que hier, vendredi, où l’on assure que le mercure est monté à plus de 40 °C. Quelqu’un va-t-il tomber foudroyé par quelque insolation ?  La crainte est réelle.
Résumons ce point de presse : le wali donne d’abord raison aux contestataires, dont il reconnaît la légitimité des revendications. Leur clavaire est d’autant plus réel que depuis 2006, assure-t-il, la wilaya n’a pas fabriqué ce type de produit appelé logement social. La demande qui avoisine, selon lui, les cinq mille ou six mille dossiers s’est fortement accumulée sans que pour autant la tension créée autour du logement se soit atténuée. C’est pourquoi le responsable de l’exécutif, tout en appelant à leur sagesse a rendu un hommage vibrant à leur patience. De nouveaux logements vont être prochainement distribués, après étudie des recours. Naturellement, les listes des bénéficiaires vont être passées à la loupe, et s’il s’avère qu’il a non-respect des critères dans certains cas, il y aura rectification. Le wali ne croit pas à l’infaillibilité de la commission. Et s’il est persuadé qu’elle a fait son travail en toute transparence, il considère que les erreurs sont toujours possibles et situe la marge de celles-ci entre 20 et 40%. Le fait qu’il ait donné entièrement raison aux contestataires et reconnu que la commission ait pu se tromper dans l’établissement des listes ne dispense pas à ses yeux les opportunistes qui guettent ses occasions pour revendiquer des droits auxquels ils n’ouvrent en aucune manière. S’ils estiment que des citoyens vivent dans des conditions très difficiles, comme ces habitants de certains haouchs,  il admet volontiers  que d’autres viennent d’ailleurs pour essayer de passer avant les natifs de la wilaya ou de la commune.
Ceux-là vont occuper d’abord les garages qui sont mis à la location. Et c’est ainsi que la demande de logement explose. C’est pourquoi, le wali a promis de sévir contre les propriétaires de ces garages qui, au lieu de faire du commerce, font de la location. Il s’agirait, selon lui, de garage appartenant en fait à l’OPGI. Au sujet des occupants des haouchs, le wali a manifesté sa volonté d’en finir avec ces vieilles constructions qui défigurent, par leur aspect vieillots et archaïques, la ville et constituent, par leur insalubrité, un danger pour la santé des locataires. Le wali a également mis l’accent sur la nécessité de poursuivre sa politique concernant  l’enseignement supérieur afin de réunir toutes les conditions nécessaires à la réussite dans ce secteur vital pour l’économie de la wilaya. Dans le même temps qu’il a annoncé l’achèvement de 2 000 lits et 2 000 places pédagogiques, il a fait savoir que le reste le sera prochainement. Ainsi, sur les 2 500 lits restants, 1 000 sont à un taux d’achèvement estimé à 60% et le reste à 10%. Quant aux 2 000 places pédagogiques restantes, ce taux se situerait à 10%.
Le wali peut partir tranquille en vacances. L’avenir de la wilaya, sur le plan social, semble des plus radieux, sinon des plus confiants.
Ali D.

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