Depuis plusieurs années, l’État a investi des sommes colossales pour la réalisation de centaines de milliers de logements à travers le territoire national dans le but d’éradiquer les bidonvilles qui ont fleuri à cause de l’insécurité durant la décennie noire.
Toutes les villes étaient concernées par le phénomène et, pour éviter d’être massacrées, des familles entières, des tribus, des douars ont abandonné leurs maisons et leurs villas situées dans les zones montagneuses infestées par les terroristes et sont venues construire des baraques de fortunes aux alentours des villes. Les autorités, occupées ailleurs et ne pouvant ni les chasser ni les aider, a laissé faire. Quand la paix est revenue en Algérie, des centaines de bidonvilles avaient été érigés autour des villes, avec tous les risques pour la sécurité et la santé publique qui en découlent, et l’état se devait de venir en aide à ces citoyens qui ne pouvaient pas encore retourner dans leurs régions – le voulaient-ils, en fait ?- et, dès le début des années 2000, des décisions pour la réalisation de millions de logements ont été prises. En 2007, une grande opération de recensement des habitants des bidonvilles a été menée et une liste, qui ne devait en aucun cas être reprise, a été dressée. à partir de 2008, les premiers logements sociaux ont été livrés et des opérations de recasement ont commencé à être entreprises. La wilaya de Blida, à l’instar des autres régions du territoire national, a recasé des centaines de familles habitant les bidonvilles du chef-lieu ou d’autres communes. Alors qu’en 2007, ils n’étaient qu’un peu plus de 8 000, les pouvoirs publics ont recasé, à ce jour près du double de ce chiffre, sans que le phénomène ne montre un quelconque essoufflement. D’où sont venus les autres, qui sont-ils, comment ont-ils été intégrés dans les listes de recasement, les questions restent posées. Déjà, au début, les baraques dont les occupants ont été recasés, ont été occupées de nouveau dès le lendemain, quand ce n’est pas le jour-même, les nouveaux occupants ayant souvent versé une ou deux dizaines de millions de centimes aux premiers. Ceci, d’un côté, de l’autre, de nombreuses APC n’ont pas levé le petit doigt pour empêcher l’érection de nouveaux bidonvilles, obligeant les pouvoirs publics à réserver d’autres quotas de logements à la RHP. Les lois et règlements en la matière ont été allègrement piétinés et une course au logement s’est installée parmi la population. Chacun veut sa ‘part’ et, souvent, quand les demandeurs exclus sont reçus par le chef de daïra, ils exigent cette part en affirmant qu’ils n’ont jamais rien reçu de la part de l’état. D’ailleurs les héritiers ‘oublient’ totalement de partager les biens immobiliers légués par leurs parents décédés, ne sortant sur aucune fiche domaniale et affirmant à qui voulait les entendre que la villa ou l’appartement qu’ils occupent appartient ‘aux héritiers’, dont ils font pourtant partie. Le phénomène s’est tellement étendu que rares sont ceux qui sont vraiment dans le besoin et qui arrivent à bénéficier d’un logement. Il n’y a qu’à voir le nombre de logements sociaux sous-loués ou ‘vendus’ sans que les pouvoirs publics ne remettent de l’ordre dans la baraque –c’est le cas de le dire, bien qu’une opération surmédiatisée ait été lancée il y a quelques mois. D’ailleurs allez demander le nombre de logements sous-loués ou vendus qui ont été découverts sans qu’aucune action ne soit menée. Même si les responsables ne le disent pas, ce silence presque complice est dictée par la crainte de voir les citoyens-fraudeurs sortir dans la rue et bruler des pneus, mais cette politique de l’autruche peut mener à des déflagrations beaucoup plus dangereuses car naissant d’un sentiment d’injustice. Enfin, il y a quelque temps, à chaque fois qu’une opération de recasement est menée, les services concernés démolissent les bidonvilles et rasent toutes les constructions qui s’y trouvent. Ces terrains sont théoriquement destinés à la réalisation de nombreuses infrastructures sociales et publiques mais les projets tardent à se réaliser, puis, petit à petit, baraque par baraque, le bidonville renait de ses cendres et tout est à recommencer. La responsabilité municipale est entièrement engagée et les élus se retrouvent devant des problèmes insolubles car ils n’ont pas su gérer à temps ce phénomène et ont laissé faire jusqu’à ce que ces gens se considèrent dans leur droit et exigent d’être entendus. Nous ne voulons même pas citer d’exemples car c’est un peu partout que nous assistons à ce phénomène. Vivement qu’on arrive à loger tout le monde et à éradiquer une bonne fois pour toutes les bidonvilles.
Hadj Mansour