Le président de Talaïe El Hourriyet (TEH), Ali Benflis, aussitôt qu’il reçoit Karim Younès, coordinateur du Panel de dialogue et de médiation, se projette sur les élections présidentielles, comme objectif absolu fixé sur l’agenda de l’instance dirigée par l’ex-président de l’APN.
En effet, lors d’un point de presse à l’issue de cette audience, l’ex-chef du gouvernement pose ses conditions à une probable candidature à cette échéance électorale, par, notamment, exiger la mise en place d’une instance indépendante chargée de l’organisation et la surveillance des élections. En effet, Benflis a affirmé lors de sa rencontre avec les membres du Panel de médiation et de dialogue, marquée par l’absence de Ammar Belhimer, président de la commission politique du panel, qu’il ne se présentera pas comme candidat aux prochaines présidentielles si « la création d’une autorité électorale indépendante d’organisation et de surveillance des élections n’aura pas lieu ». Benflis, qui a reçu Karim Younès, a affirmé, qu’il a posé des préalables pour sortir de la crise politique qui mine le pays, et réussir le dialogue pour passer «dans les plus brefs délais» à l’organisation des élections présidentielles dans de bonnes conditions. Cependant, avant d’aller vers un scrutin « transparent », le candidat aux présidentielles de 2004 et 2014 a estimé qu’il faudra bien passer par une période de transition qui ne dépassera pas les six mois, dont un « dialogue sérieux » sera nécessaire.
« Le dialogue doit satisfaire les demandes légitimes de la révolution démocratique pacifique qui vont dans le sens de la nécessaire modernisation politique du pays et qui réclame un changement du système et la transformation de l’État national en État de droit », suggère-t-il. En indiquant que ce dialogue doit être « consensuel, et rassembleur pour dissiper les malentendus entre les différents acteurs politiques ».
En revanche, Benflis a affirmé qu’il refuse tout dialogue avec les figures du système, impliquées notamment dans les affaires de corruption et les partis politiques qui ont soutenu le régime de l’ex-président Bouteflika. «En tant que signataire de la Plate-forme de Aïn Bénian, je reste engagé par ce document qui postule notamment à l’exclusion du dialogue de tous les partis qui ont soutenu le cinquième mandat et ceux impliqués dans des scandales de corruption », précise-t-il. Par ailleurs, à propos de la dissolution du FLN et la demande de sa mise au musée, Benflis s’en est remis au peuple lequel «décide de l’avenir des partis politiques», répond-il.
Revenant sur la situation de crise actuelle, l’ancien ministre de la Justice (novembre 88 – juillet 91) et directeur de campagne électorale du candidat-Bouteflika en 1999, a indiqué qu’ « il est impératif de faire en sorte que la crise ne dure pas plus longtemps, elle atteint ses limites et dépasse les capacités de résilience du pays, qui est actuellement en danger », avertit-il. Dès lors, plaide-t-il, «la présidentielle reste le choix le plus juste et le plus pertinent». Mais, le chef de TEH, un parti créé en 2015, pose tout de même des préalables avant la tenue de l’élection présidentielle. Sans toutefois aller dans le détail, il appelle au «départ du gouvernement» qui, selon lui, «est un des facteurs de la crise actuelle» et auquel il propose «un gouvernement de compétences nationales ». Comme il a rappelé aussi la nécessité de créer «une autorité électorale indépendante investie de l’intégralité des prérogatives afférentes à la préparation, organisation et au contrôle du processus électoral ».
Parlant de conditions institutionnelles, Benflis exige ici la réforme de la loi électorale pour éviter tout risque de fraude lors de la prochaine élection qui doit être, selon lui propre, «transparente et régulière.»
Faut-il enfin noter que sur le chapitre portant mesures d’apaisement, Benflis n’a pas cité la libération des détenus du Hirak, alors que la plate-forme de Aïn Bénian, issue de la rencontre du Forum national pour le dialogue du 6 juillet dernier, le considère comme un préalable important avant tout dialogue, qui devrait déboucher sur la tenue d’une élection présidentielle.
Sarah Oubraham