Après sa rencontre , dans la soirée de samedi, avec l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental, Staffan de Mistura, le responsable de l’Organisation politique du Front Polisario, Khatri Addouh, a déclaré que «le processus de règlement pacifique interpelle l’ONU, la communauté internationale et le Conseil de sécurité à la nécessité de chercher une solution sur les raisons de l’échec de toutes les démarches et processus engagés, et les efforts des envoyés spéciaux du SG de l’ONU» a précisé Khatri Addouh.
Pour le responsable sahraoui, qui a été à la tête de la délégation du Front Polisario lors du processus des pourparlers sous l’égide de l’ONU, avant leur échec, a réaffirmé que « l’échec de toutes les entreprises par le passé est dû à l’entêtement du régime marocain et à son refus de respecter la légitimité internationale et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance», situation d’impasse rendue possible « en connivence avec des pays influents au sein du Conseil de sécurité de l’ONU » a précisé Khatri Addouh. . Il a indiqué, dans ses déclarations à l’issue de sa rencontre avec le responsable onusien, que «la visite de De Mistura intervient à un moment important où la situation est, complètement différente de ce qu’elle était il y a deux ans », allusion avant octobre 2020, date de la reprise de la guerre entre l’Armée de libération sahraouie (APLS) et le Maroc, suite à la violation par l’armée marocaine, des accords de cessez-le-feu signés en 1991, sous l’égide de l’ONU, par ces deux parties. La veille du déplacement de De Mistura pour rencontrer les responsables marocains et du Front Polisario, dans le cadre de sa mission onusienne, son prédécesseur à ce poste, le diplomate américain, Chistopher Ross, qui a eu à superviser le processus de pourparlers de Manhasset entre les deux parties précité a affirmé que, « de 2007 à 2019, mon prédécesseur, mon successeur et moi-même avons parrainé 15 sessions entre les deux parties en conflit (Front Polisario/Maroc) et que malheureusement, rien de ce qu’on pourrait appeler des négociations n’a eu lieu au cours de ces réunions ».
Poursuivant, Ross révèle que la raison principale de l’échec des négociations est que «le royaume vient avec une condition préalable majeure, celle de ne discuter que de sa propre proposition» alors que «le Front Polisario vient à chaque session prêt à discuter des deux propositions, la sienne (portant application du Droit international et celle du Maroc ( portant sur l’autonomie)» a indiqué Ross, lors d’un webinaire organisé récemment par l’ONG américaine Defense forum foundation sous le thème : « Sahara occidental : la tragédie des droits humains en cours en Afrique du Nord ». Alors que lors de ses entretiens avec les responsables sahraouis du Front Polisario, dont celle qu’il a eu hier avec son secrétaire général, Brahim Ghali, l’envoyé personnel du SG de l’Onu a été saisi non seulement de la teneur de la position sahraouie sur le processus onusien à relancer pour le règlement du conflit, sur la base de la légalité internationale, mais aussi des conditions à réunir pour que le Maroc s’y inscrit avec de la bonne volonté politique, qui a fait défaut avec ses voltes- face et tergiversations, après le cessez-le-feu de 1991, « en conivence avec des pays influents au sein du Conseil de sécurité de l’ONU » comme souligné par Khatri Addouh.
La réussite de la mission de Staffan De Mistura, là où ses prédécesseurs, à ce poste, dont les plus chevronnés, parmi eux Christopher Ross et avant lui James Baker ont échoué semble quasi impossible, si le Conseil de sécurité n’opère pas l’adoption d’une approche de traitement de ce conflit, qui a été jusque-là, pour le maintien du Statu quo et donc proroger l’occupation marocaine illégale du Sahara occidental et les souffrances du peuple sahraoui, par le report, au calendre grec, de la primauté de l’application du droit international sur la realpolitik promue par Rabat et ses soutiens.
L’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Sahara occidental, Staffan de Mistura au deuxième et dernier jour de sa visite aux camps des réfugiés sahraouis, hier, a eu une rencontre avec le secrétaire général du Front Polisario, président de la République arabe sahraouie (RASD) Brahim Ghali. Le diplomate italo-suédois avait rencontré auparavant la jeunesse sahraouie et des femmes sahraouies, le ministre de l’Intérieur et celui des Affaires des territoires sahraouis occupés et des Communautés, Mustapha Sidi El-Bachir, ainsi que le président du Conseil national sahraoui, Hamma Salama. Aussi il a eu à visiter plusieurs structures et établissements sahraouis, dont l’école du chahid « Khalil Sid M’hamed » dans le camp des réfugiés Boudjdour, le Musée national de la résistance, le Centre de Documentation numérique, le Croissant-Rouge sahraoui et le Comité sahraoui des droits de l’homme. La veille, ont pris part à la rencontre de Staffan De Mistura, dans la soirée de samedi, avec le responsable sahraoui, Khatri, le chef d’État-major de l’armée sahraouie, Mohamed El-Ouali Akik, le représentant du Front Polisario à l’ONU et coordonnateur avec la mission de l’ONU pour l’organisation du référendum d’autodétermination (Minurso), Sidi Mohamed Omar, le conseiller à la présidence sahraouie, Abdati Abrika, ainsi que la ministre de la Coopération, Fatma el-Mahdi.
Karima Bennour