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Après les regrets, d’autres défis MO Béjaia- coupe de la CAF : autopsie d’une campagne plus que réussie

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Au revoir l’Afrique, rebonjour le championnat et la coupe d’Algérie. Sur fond de promesses et d’espoirs pour un onze béjaoui qui a grandi. Vite. Au point de s’imposer en candidat incontournable à l’heure des podiums et des récompenses de fin de saison. Une équipe, une fierté pour tous, plus que jamais à suivre. Respectée surtout.

Par Azouaou Aghiles

L’Algérie, en général, et Béjaïa en particulier, y croyaient fermement malgré quelques doutes justifiés au sortir du nul concédé at-home devant une véritable terreur du football africain qui plus est, bénéficiait, pour cette seconde manche de toutes les craintes en raison de la qualité de l’effectif de l’adversaire et de son statut de ténor, du double avantage de recevoir dans son antre de Lubumbashi où jamais personne n’est ressortie avec les points de la victoire, ainsi que du fameux et tellement décisif but marqué à l’extérieur. C’est dire toute la difficulté des «Crabes » finalement mal servis par le sort avec un début de match cauchemardesque, Rahmani, son dernier rempart, mal protégé par un axe central totalement remanié (les deux habituels titulaires du poste ayant déclaré forfait pour diverses raisons, ce qui se répercutera négativement sur la prestation d’ensemble d’une arrière garde rarement sereine sur les rushs incessants des remuants Assale, Bolingui et autres Assalé ou Assanté qui se révéleront de vrais poisons en se partageant les rôles au moment de conclure puisqu’ils feront mouche à quatre reprises avec la précision que la note, déjà assez lourde, aurait pu tourner à la punition ) et d’une absence coupable sur une action des plus anodines, étant invité presque d’entrée de jeu (6e mn et réalisation de Bope Kane à la réception d’une balle facile), étant invité à aller chercher le cuir du fond de ses filets. À peine sur le terrain, la bande à Sandjak, sonnée par cette erreur d’appréciation de la défense et avant même de prendre ses repères, voit dès lors sa mission se compliquer davantage, voire virer carrément à l’impossible. Le rêve de revenir au pays avec le précieux trophée, s’éloigner un peu plus. S’envoler. Dominés outrageusement mais tenant bon, Khadir et ses coéquipiers, mettront malheureusement un second genou à terre à un des moments clefs d’une partie en passe d’être perdue, lorsque ce diable de Kalaba, que le public algérien connaît bien, vient planter une seconde banderille assassine et rapprocher un peu son équipe d’un sacre qui a pris forme dix jours auparavant à Tchaker, une petite minute avant le retour aux vestiaires et une pause citron de bien mauvais goût, la réalisation congolaise survenant juste avant la mi-temps. À deux-zéro, la cause est entendue, les carottes bel et bien cuites, les Béjaouis, incapables de revenir dans le match, s’il feront preuve de courage, se rendront à l’évidence que le cœur, seul, ne suffit pas, à renverser la vapeur dans ce genre de situations. Surtout que les « Corbeaux », maîtrisant parfaitement le jeu, se permettront d’aller visiter la cage de Rahmani à deux autres reprises quand Kalaba récidivait (62e mn) et son compère Bolingui (74e mn) mettront définitivement un terme au suspense et mettront les deux pieds sur le podium devant un onze algérien qui aura néanmoins le mérite de rester debout jusqu’au coup de sifflet final de l’excellent trio arbitral sénégalais, non sans se permettre de réduire l’écart et sauver l’honneur par l’intermédiaire de Khadir un quart d’heure avant terme.

Bravo les gars !
Au moment où la messe était déjà dite, Mazembe en folie pour un énième titre fêté comme il se doit. En vrais champions. Une autre étoile méritée et quelques regrets pour un MOB qui n’a pas à rougir d’un tel parcours dans une aventure menée dans la discrétion la plus totale avant de gagner du galon au fur et à mesure du déroulement de la compétition. Grandir à chaque étape franchie et se surprendre, fort logiquement d’ailleurs, à nourrir des prétentions nouvelles. Rêver d’un destin continental (la marque des grands) avant d’échouer dans la dernière marche. Devant plus expérimenté. Plus fort même, le TP Mazembe, incontestable leader africain, n’ayant pas volé son succès et qui le confirmera sur l’ensemble des deux manches d’une finale qu’on savait déséquilibrée. Pas seulement en termes de valeur intrinsèque des deux teams en présence, l’écart n’étant pas aussi flagrant que ne le laisserait prétendre le palmarès des nouveaux détenteurs de la C2 africaine dont la réputation a été bâtie essentiellement sur un one man show long d’une décennie où les « Corbeaux », peut-être le seul vrai club professionnel en Afrique, auront trusté les titres et survolé leur monde. Une fois le rideau tombé sur le tournoi, avec mention très honorable pour les gars de Yemma Gouraya, la belle et historique page continentale tournée, ses supporters ne peuvent que regretter les conditions (une guéguerre au sommet de l’administration du club toujours d’actualité et en passe de miner l’édifice de l’intérieur et remettre en cause tout le travail accompli depuis l’accession en Ligue 1 «Mobilis», en plus des promesses jamais tenues vis-à-vis de joueurs attendant sans rien voir venir de percevoir leurs salaires et autres primes, ce qui a chamboulé sensiblement les plans et affecté moralement l’équipe) dans lesquelles s’est déroulée la préparation à un sacré défi où le talent seul, encore moins le cœur et le courage, ne suffisent pas. Ne suffiront pas. À chaud, et nullement déçu, Sandjak, en bon perdant, aura toute la lucidité de « remercier le groupe pour le rendement fourni tout au long du parcours dans cette compétition africaine en dépit de la lourde défaite en finale.» Reconnaissant donc, le premier responsable de la barre technique béjaouie, trouve encore les mots justes pour promettre que «cette défaite ne va pas remettre en cause le bon parcours que nous avons réalisé.» Avant d’oser une petite analyse du match, dire ce qui n’a pas marché globalement lors de cette étape de Lubumbashi. Notamment en abordant le volet défensif et le rendement de l’arrière garde amoindrie par l’absence forcée d’éléments-clefs et l’obligation de procéder à un remaniement à ce niveau, comme celui d’«aligner des milieux de terrain dans des tâches purement défensives». Il décernera, et il aura raison sur toute la ligne, une très bonne note à son équipe qui n’aura « pas déçu. À laquelle il faut rendre hommage.»

Merci quand même…
Même son de cloche chez les joueurs qui se désolent toutefois de n’être pas allé au bout car « il y avait de la place à une victoire finale (…) on pouvait espérer mieux » comme dirait le patron de l’attaque, Yaya, qui regrettera d’être «passé si près d’ouvrir les portes de l’histoire.» Regrettera, entre autres, d’avoir «mal négocié la 1ère manche à Blida où il y avait vraiment possibilité d’écrire un meilleur scénario, une large victoire étant ce soir là largement dans nos cordes, ce qui nous aurait facilité les choses au retour.» Une question de «chance» seulement, à revoir le film du match de l’aller où de nombreuses occasions de scorer ont été vendangées ? L’explication, pour beaucoup, (on s’attend à de gros déballages une fois la délégation revenue en Algérie, les différents protagonistes dans la course à l’hégémonie à la direction du club devant se préparer à une autre guéguerre dont n’a nul besoin l’équipe) est dans ces inextricables problèmes extra-sportifs qui ont empoisonné la vie d’un groupe qui aurait du mériter d’une meilleure attention. Une équipe dont il faut, ajoutera Yaya, «être fiers.» Une équipe appelée à oublier au plus vite la déception légitime née d’une finale ratée et tournée désormais (résolument à voir les problèmes qui l’attendent ?) sur l’avenir et parée pour d’autres missions intra-muros, le championnat de Ligue 1 et la coupe d’Algérie n’étant pas des moindres. Soit deux belles occasions de se motiver et repartir du bon pied. En commençant par ce véritable marathon auquel elle est invitée dans le cadre de la mise à jour du calendrier où elle ne compte pas moins de quatre rencontres en retard soit 12 unités à engranger. Une opportunité à ne pas rater pour (avec six unités au compteur et à seulement treize de retard sur le trio de tête qui en compte 19) le MOB a largement les moyens de remonter au classement général provisoire et se rapprocher du podium. L’opportunité, également, avec l’épreuve-reine, de se racheter aux yeux de son public qui leur pardonne surement d’être passé à côté d’un monumental exploit en CAF. Une fierté pour la ville et tout le football national. Le miracle n’a pas eu lieu à Lubumbashi ? La différence avec le TP Mazembe était visible ? Qu’à cela ne tienne. Avec un peu plus de sérénité et de moyens, tout le monde pense, à juste titre, que les « Crabes » auraient, peut-être (l’adversaire n’étant pas tombé de la dernière pluie) pu aspirer à mieux. La saison prochaine peut-être ? Il faut maintenant se concentrer sur les engagements nationaux, avec une course au titre de champion d’Algérie plus que jamais ouverte et une Dame qu’ils ont su charmer il y a de cela deux exercices en lui faisant faire le tour de la Kabylie. Deux raisons suffisantes pour dire que cette formation du MOB, désormais respectée, ne cessera jamais de surprendre. Merci quand même de nous avoir fait rêver.
A. A.

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