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Après les exécutions en Arabie Saoudite : vive tension entre Riyad et Téhéran

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La tension reste vive entre Riyad et Téhéran, même si le président iranien, Hassan Rohani, a jugé «totalement injustifiables» les attaques menées, samedi soir, contre l’ambassade de l’Arabie saoudite à Téhéran et le consulat saoudien à Machhad (nord-est).
«L’action menée par un groupe d’extrémistes, hier soir, à Téhéran et à Machhad (…) contre l’ambassade et le consulat de l’Arabie saoudite, qui doivent être légalement et religieusement sous la protection de la République islamique, est totalement injustifiable», a affirmé le président Rohani, selon l’agence officielle Irna. Il a condamné en même temps l’exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr à l’origine de ces violences. En effet la tension était à son paroxysme entre les deux pays après l’exécution de 47 «terroristes», et notamment le chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, figure de proue de la contestion chiite contre le régime saoudien. Pour sa part, Riyad a accusé l’Iran d’être «un pays sans vergogne», qui «fulmine au sujet des droits de l’Homme», tout en menant «des exécutions sans cadre légal clair». C’est bien «le dernier à pouvoir accuser d’autres de soutenir le terrorisme», a souligné un responsable saoudien. Mais l’on relève que depuis l’accession au pouvoir du roi Salmane, l’Arabie saoudite s’enfonce de plus en plus dans l’autoritarisme et une politique extérieure des plus agressives, avec un soutien total aux groupes terroristes en Syrie et en Irak, une guerre calamiteuse au Yémen et des, critiques contre l’intervention russe en Syrie. Les forces de l’ordre saoudiennes avaient arrêté cheikh Nimr une sixième et dernière fois en 2012, après l’avoir blessé à la cuisse par 4 balles. Il était la figure de proue d’un mouvement de contestation qui a éclaté en 2011, par des manifestations qui exigeaient la libération de jeunes saoudiens «les 9 détenus oubliés» qui avaient été arrêtés en 1996 après l’attentat d’Al-Khobr à l’est de l’Arabie. Ils ont passé de longues années sous les verrous sans jugement, et pour des accusations infondées.
Ses partisans ont accusé les autorités saoudiennes d’avoir fabriqué de toutes pièces la version qu’elles ont véhiculée sur les circonstances de son arrestation et selon laquelle elle s’est faite après des échanges de tirs. Ils ont assuré que cheikh Nimr a toujours insisté pour que le mouvement de contestation reste pacifique et non violent. À partir de 2013, son procès a débuté et s’est poursuivi jusqu’au 15 octobre, date à laquelle il a été condamné à la peine de mort.
Le religieux, 56 ans, qui est originaire de la région d’Al-Qatif à l’est de l’Arabie est sans aucun doute l’une des figures de l’opposition les plus influentes, et les plus virulentes en Arabie saoudite.
Depuis son retour en Arabie saoudite, dans les années 1990, il stigmatisait dans ses discours la «politique de ségrégation de la monarchie saoudite, exercée contre les minorités, son pouvoir absolu, et son accaparement des richesses et des postes-clés administratifs et militaires dans l’appareil de l’État.» L’une de ses requêtes consistait aussi à reconstruire les tombes des gens de Ahl al-Beit (les membres de la sainte famille du prophète Mohammad (QSSL ) dans le cimetière d’Al-Baki dans la ville sainte de Médine et qui ont été rasées.
Mais l’une de ses revendications essentielle est la formation dans le Royaume «d’une opposition réfléchie» qui puisse dévoiler la corruption sociale et celle de la caste religieuse, et lutter contre l’injustice politique, dont celle exercée contre les adeptes de l’école des Ahl al-Beit, en l’occurrence les chiites.
Les exécutions d’importance intervenues samedi, et qui ont soulevé un tollé à travers le monde sont les premières depuis celles du 9 janvier 1980, moins de deux mois après la prise de la Grande Mosquée de La Mecque (elle durera deux semaines et fera plusieurs centaines de morts). Il faut rappeler qu’à ce moment 63 insurgés, parmi lesquels leur leader, Jouhaymane Al-Oteïbi, étaient décapités en public dans huit villes d’Arabie, à titre d’exemple .
M. B.

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