Accueil RÉGIONS Après l’éradication du marché informel : Skikda retrouve son ambiance des «eighties»

Après l’éradication du marché informel : Skikda retrouve son ambiance des «eighties»

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« Ce décor me rappelle les années 1980. Je dirais mieux, la fin des années 1970 », commentait un sexagénaire à la vue des espaces enfin dégagés dans la cité des Frères-Ayachi (la CIA), occupée pendant près d’une vingtaine d’années par le marché informel. Sans exagération aucune, la métamorphose du cadre de vie est impressionnante. C’est comme si la situation prévalant depuis des années était un rêve duquel on se serait réveillé dans une panique éblouissante. Dans une torpeur indicible.
La cité en question semble méconnaissable car étendue et débarrassée de la structuration anarchique et insalubre dont elle s’est accoutrée depuis deux décennies. Mieux, elle paraissait propre. La présence, inoubliable quand même, des rats privilégiant l’abri au sein ou au-dessous des casiers en plastiques servant à l’étalage des fruits et légumes, a longtemps été dans le champ de vision des passants et des marchands. Les monticules pestilentiels des feuilles de légumes, de la peau des fruits et autres décombres souillant la terre d’une des wilayas les plus célèbres, n’auront, à moins d’imprévue que ne nous souhaitons pas, plus droit de cité sur les colonnes des journaux, les propos de café et autres discussions négativistes des citoyens.La CIA sera, selon les dires du chef de daira, Antri Azzeddine, aménagé incessamment. Le coût du projet, dont l’entreprise a été déjà désignée, est de 48 millions de DA. « Les travaux consisteront en l’aménagement des chaussées, des voiries, et en la réalisation des espaces de jeux, balançoires et autres structures destinés aux enfants », selon notre interlocuteur.La réaction des habitants est mitigée. Pour la première catégorie, la situation est meilleure qu’avant. « Dieu merci ! Nos responsables ont enfin pris conscience de l’inéluctabilité de dépoussiérer progressivement les cités de leur encombrement et de la saleté repoussante qui les étreint depuis des années. Voyez par vous-même, si on prend l’exemple de la cité des Frères-Ayachi, où j’habite depuis soixante ans, elle est devenue plus spacieuse, on peut y jouer un match de football », selon les dires d’un habitant.La deuxième catégorie est, elle, plus pessimiste. Elle n’a pas accepté le fait de la distanciation prise par le déplacement des commerçants, longtemps installés sous leurs immeubles.
« Dommage, on aurait bien aimé garder nos commerçants près de nous. Je ne peux, vu mon âge et ma condition physique, me déplacer jusqu’à la cité Salah-Boulekeroua pour m’approvisionner en fruits et légumes. La CIA était mieux avant ».La même bonne impression a été également manifestée par les résidents du quartier populaire de la Souika et des constructions de la vieille-ville, longtemps encombrés particulièrement par les vendeurs d’habits et, à moindre degré, par les cordonniers venus la plupart d’entre eux de la wilaya de Mila. « Je crois rêver ! Je n’ai plus vu les ruelles de mon avenue aussi empreintes de splendeur, de propreté et de quiétude depuis ma tendre enfance, qui remontent au début des années 1980. Il faut le dire crument, on en a souffert le martyr. Le bruit à toute heure de la journée, sauf à partir de la tombée de la nuit, les empoignades fréquentes entre commerçants ébruitées par des propos injurieux sous les fenêtres des appartements et même devant les deux mosquées du quartier, Ezzaouia et El-Feth, ont été notre lot quotidien.
Les tentatives citoyennes d’en finir ont toutes été vouées à l’échec. Même l’action des fidèles et du comité de la mosquée, traduite par l’envoi d’une correspondance aux plus hautes instances religieuses du pays, dénonçant la vulgarité répétitive devant le lieu de culte, ont été reléguées aux calendes grecques. », rapporte, nostalgique, un quadragénaire, content que ses pas entre les deux chaussées de son quartier ne soient pas trébuchants pour cause d’achalandage de marchandises à tout coin de rue.Au moment où nous mettons sous presse, l’opération d’évacuation des marchands de l’informel vers le marché de proximité de Salah-Boulekeroua se poursuit toujours. Un fait notable a été relevé : beaucoup de commerces ont été convertis dans la vente de fruits et légumes, manière de profiter du départ des commerçants de l’informel.
Zaid Zoheir

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