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Après le rejet par le Parlement du gouvernement de Faïz Serradj : où va la Libye ?

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À moins d’une semaine de l’annonce de la formation d’un gouvernement d’union nationale en Libye, composé de 32 ministres, mardi dernier, son rejet par le Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, lors de sa séance tenue, avant-hier lundi, par les 89 députés sur les 104 présents, semble remettre le pays au point d’avant l’annonce précitée. Une nouvelle donne qui rend la situation, déjà compliquée et complexe davantage dans ce pays. N’ayant pas obtenu les voix de deux tiers plus un du Parlement de Tobrouk, le staff gouvernemental d’union nationale en Libye, après son annonce, devait répondre à comment et quand il devait prendre siège en Libye. Mais voilà qu’il fait face, depuis lundi dernier, à son non-approbation par le Parlement de Tobrouk. Si l’argumentaire du nombre élevé des ministres, composant le gouvernement en question, a été souligné par des députés à l’origine du résultat du vote des parlementaires libyens, la modification de l’article 8 de l’Accord interlibyen sous les auspices onusiens a été une des raisons évoquées par des parlementaires, s’exprimant aux médias locaux et étrangers. L’article 8, pour rappel, confère de larges prérogatives au Conseil présidentiel, sa révision est demandée par des députés pour qu’elle soit «réduite». Pour le député Ali El-Gaïdi, «Nous avons voté le refus de la confiance au gouvernement», a-t-il déclaré, à l’issue de la session du Parlement, tenue à Toubrouk, lundi dernier, avant d’ajouter, «et demandons que soit présenté un nouveau gouvernement», a-t-il précisé. Un délai de dix jours a été accordé au Conseil présidentiel que dirige Faiz Serradj, pour former un staff gouvernemental de moins de 32 ministres, pour le présenter aux parlementaires libyens qui devront tenir une autre séance pour l’approuver. L’urgence et la nécessité de former le gouvernement d’union nationale en Libye, pays plongé depuis plus de cinq ans dans le chaos, suite aux évènements survenus 2011, vite transformé en crise militarisée précipitant l’intervention de l’Otan. Depuis, le pays baigne dans une instabilité politique, institutionnelle, sociale et économique; et, de surcroît, une crise sécuritaire très complexe, où la loi de la force des armes règne, confortant ainsi l’installation du chaos, situation propice aux groupes terroristes, dont ceux de Daech, qui par leur présence menace l’avenir de la Libye et toute la région. Certes, nous ne pouvons éluder les raisons à l’origine du basculement de la Libye, dont principalement l’intervention de l’Otan, prétextant «le droit humanitaire», que, depuis 2011, le sang libyen n’a cessé de couler. L’impasse dans laquelle se trouve le pays est, certes, difficile à dépasser, car les interférences d’hier ayant contribué fortement à la militarisation, en 2011, de la crise libyenne et l’intervention des forces de l’Otan, se sont poursuivies alimentant les rivalités et les tensions entre Libyens, certains observateurs avérés pointent du doigt le Qatar, des pays occidentaux et la Turquie. Ce qui a rendu possible la non-entente entre les Libyens, pour que la loi de la force régule les rapports entre les différentes régions du pays, un terrain chaotique propice à l’activité terroriste, laquelle menace a permis l’intervention dans d’autres pays, pour ne citer que l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Les acteurs libyens font face, en outre, à un défi majeur à relever, mais appelés aussi à faire preuve de responsabilité historique au risque de voir leur pays devenir le théâtre d’une intervention militaire étrangère pour lutter contre les terroristes de Daech. Ce qui ne sera pas sans conséquences lourdes pour le pays, dans son unité, intégrité territoriale sa souveraineté et notamment la cohésion du peuple libyen.

Avant la réunion, mercredi dernier à Paris, des ministres de la Défense des pays occidentaux membres de la Coalition anti-Daech que dirige Washington, le 8 janvier dernier, le commandement d’Afrique des États-Unis (US. Africa Command) a annoncé son «plan quinquennal» d’une campagne militaire en vue d’«affronter les menaces croissantes provenant du Continent africain», et parmi ses principaux objectifs «concentrer les efforts sur l’État failli de Libye, contenant l’instabilité». Pour sa part, le chef d’état-major interarmées américain, Joseph F. Dunford, avait indiqué, mercredi dernier, à partir de Paris, qu’une action militaire en Libye «était nécessaire pour enrayer la progression de Daech», ajoutant que «sans aucun contrôle, je crains que l’EI (Daech, ndlr) ne s’étende encore en Libye».
En cas d’échec du Processus de paix libyen, la situation sécuritaire critique dans le pays, où Daech profite du chaos pour élargir son emprise sur de vastes parties du territoire et aussi tenter de contrôler les réserves pétrolières, les plus importantes en Afrique, faut-il le souligner, l’intervention des Occidentaux semble se préciser davantage, notamment sur fond des mutations en cours dans les relations internationales, et la course vers le contrôle des ressources et des voies d’approvisionnement en énergie.
Karima Bennour

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