Depuis décembre 2015, le dispositif Ansej, dans la wilaya d’Aïn Témouchent s’est conformé aux nouvelles orientations prises par la chefferie du gouvernement dans le domaine de l’utilisation à bon escient des financements des porteurs de projets issus de la formation professionnelle et de l’université, d’une part, et la rationalisation des dépenses vers les activités créatrices de richesse et d’emploi à l’effet de contribuer à la réduction du chômage et de la facture des importations, d’autre part.
Cette nouvelle approche dans la façon de voir les choses et concevoir l’accompagnement des microsentreprises, selon une démarche managériale et entrepreneuriale, a été ébauchée par Mohamed Bouniar, le directeur de l’antenne d’Aïn-Témouchent, lors d’une rencontre avec la presse.
Promouvoir les projets sélectifs à valeur ajoutée pour les jeunes émigrés
Ainsi, dira-il, la diversification des activités à promouvoir et à développer va avec les opportunités offertes par la wilaya dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, du tourisme, de l’environnement, de l’agriculture et de l’industrie. Cela bien entendu doit se faire sur la base d’un financement sélectif attachant beaucoup d’importance aux projets innovants, de qualité et de forte valeur ajoutée (TIC et start-up) à travers un accompagnement spécifique réservé aux diplômés et aux jeunes issus de l’émigration en mesure de créer leurs projets de rêve. Pour appâter les diplômés algériens établis dans l’Hexagone et en Europe, une attention particulière doit être menée envers ces derniers, dans un cadre organisationnel mettant nos diplomates dans une réelle dynamique à même de contribuer à une réelle participation dans le domaine de l’information, la sensibilisation et la vulgarisation des textes et lois devant mettre en rapport les émigrés avec le dispositif Ansej au niveau central, tout d’abord, et à l’échelle locale par la suite. La motivation des diplômés de l’émigration ne doit souffrir d’aucune irrégularité dans la mise en œuvre de la procédure portant accompagnement spécifique desdits diplômés de l’émigration. Durant les grandes vacances, des rencontres régionales et nationales sont les mieux indiquées pour de telles actions de sensibilisation et d’information sur le dispositif Ansej.
Les indicateurs économiques sont-ils convaincants ?
Bouniar a jugé utile de revenir à 1998, date de création de l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej). En 18 ans, il a été enregistré 1 4820 dossiers, dont 6 993 validés par la commission de vérification et de suivi de financement. Et ceux éligibles sont de 10 978 dossiers, alors que le financement a porté sur 5 714. Quand on fait une moyenne annuelle, l’on constate que 823 dossiers ont été réceptionnés, 110 éligibles et 317 financés. Avec les 5% d’échec avancé par le directeur, l’on se retrouve avec 5 429 jeunes financés et ayant financé leurs microentreprises, soit 301 dossiers financés par an, en moyenne. Cependant, lorsqu’on fait une lecture comparative entre les périodes allant de 1998-2010 et 2011-2016, l’on relève que la seconde est beaucoup plus intéressante, elle comptabilise la création de 3 742 microentreprises contre 1 972 pendant la première phase. Que dire de de cet écart qui n’a pas été bien expliqué par le directeur de l’antenne Ansej d’Aïn-Témouchent ? En effet, l’on se rappelle tous que le quinquennat 2011-2016 a été caractérisé par une aisance financière extraordinaire, accompagnée d’un programme de développement économique considérable qui s’est soldé par plus de création de PME/PMI, et une mise en conformité des entreprises publiques et privées au titre du Fonds national portant réhabilitation des entités économiques récupérables et gérables. En sus, les facilitations accordées par les dispositifs (Ansej, Cnac, Angem) ont été d’un grand soutien à la création et au financement desdites petites entreprises.
Évolution des indicateurs physiques
L’on a été très attentif à l’exposé présenté par le directeur, quant à l’évolution des indicateurs économiques de l’Ansej. Cette courbe a été marquée par une tendance baissière constatée en comparant les exercices 2015 et 2016 durant les 7 mois de référence. La tendance baissière s’explique par les nouvelles orientations du dispositif édictées par l’Agence, en termes d’activités à financer, de filières à lancer et de secteurs à prioriser, ainsi que du privilège à accorder aux jeunes diplômés à travers un accompagnement particulièrement efficace. Les banques ont aussi revu leur participation à la baisse pour les mêmes motifs avancés par l’Ansej.
Ainsi, le gel de projets relevant de secteurs déjà saturés (Transport, location de véhicules…) et l’acceptation que des dossiers relevant des créneaux porteurs de la wilaya ont influé sensiblement sur le nombre de dossiers (334 en 2015 contre 233 en 2016, soit -51%) présentés à la commission de vérification et de suivi de financement. Pareillement, ce constat est de la même tendance. Sur 227 dossiers déposés au niveau des banques, seulement 184 ont été acceptés, soit un taux de -70%. Faisant un commentaire sur ces chiffres, le directeur estime qu’il s’agit là, d’un financement sélectif qui va avec les projets à valeur ajoutée et créateurs de richesse et d’emplois. Cela est vite contredit par les mêmes statistiques qui précisent que, en matière d’emplois, il y a eu 652 postes créés en 2015, contre 460 en 2016, durant les 7 premiers mois de comparaison, soit -70% de postes.
Évolution des projets financés
Les statistiques sont révélatrices et bien renseignées à tel point que le pic des entreprises créées a été obtenu en 2012, avec un taux de 1 361 entités, soit 24% alors que celui créé de 1998 à fin 2010 est de 1972, soit 35% sur un total de 5 714 avec des seuils de 563 (2011), 691 (2013), 837 (2014) et 240 (2015). Donc, il est aisé de s’apercevoir pendant le quinquennat 2011-2015, il a été créé 65% de microentreprises. Aussi, Bouniar estime que ce saut qualitatif est dû, grâce à la mise en œuvre des nouvelles mesures prises lors du Conseil interministériel du 22 février 2011 en application du décret exécutif n° 03-290 du 6 septembre 2003, fixant les conditions et le niveau d’aide apportée aux jeunes promoteurs. Cependant, l’observateur reste indécis et parfois perplexe quand il constate que durant les 7 premiers mois de l’année 2016, seulement 50 projets ont été financés, soit un peu moins de 1%. Le déclin a été aperçu à partir de l’année 2014, où le taux qui était de 15% a chuté à 4% en 2015. Tacitement, on peut comprendre qu’il y a eu gel de plusieurs activités supposées saturées, et c’est elles qui ont fait la différence la plus élevée entre 2014-2015.
Les réticences des diplômés universitaires ont-elles une signification ?
Par ailleurs, en termes de porteurs de projets et leur identification d’un secteur à un autre, l’on apprend que 72% des candidats sont des produits de la formation professionnelle (période 2011-2015) contre 8% relevant des titulaires de diplômes universitaires. L’écart est important et suscite des interrogations non mises en évidence par l’intervenant qui, il faut l’avouer, n’est pas en mesure de donner des commentaires, car cela dépend d’autres organismes de sondage habilités. Pourquoi, donc, les diplômés de l’université qui sont nombreux par rapport à ceux de la formation professionnelle continuent à afficher des réticences et peu d’engouement à vouloir créer des microentreprises ? Et bien des spécialistes du domaine pensent que les universitaires nécessitent, eux aussi, une période de formation dans le cursus souhaité, afin de pouvoir s’inscrire dans la nouvelle dynamique prônée par les ministères de l’Enseignement supérieur et celui de la Formation et l’Enseignement professionnels.
Les nouvelles tendances à promouvoir
Ce point précis laisse l’observateur faire des analyses annuelles et des commentaires à la lumière des explications fournies par le directeur de l’antenne Ansej d’Aïn-Témouchent. Évidemment, le premier élément d’appréciation se situe au niveau des activités de services qui étaient de 506/563 microentreprises en 2011, soit 90% contre 10/50 en 2016 (7 mois), soit 20%. Le pic a été enregistré en 2012 avec 1 088/1 361 microentreprises, soit 80%. Le déclin a été enregistré à partir de 2015 avec la création de 38/240 microentreprises, soit 16%. Cependant, la part des quatre secteurs (BTPH, pêche, agriculture,industrie et maintenance) qui représentait 27% du financement global de l’Ansej à fin 2010 est passée à 83% à fin 2015. Le dernier créneau, industrie et maintenance, a rehaussé sa cote d’une façon exponentielle. Il était de 1% en 2011 avec 6 microentreprises contre 53 entités en 2015 pour un seuil de 22%. Aussi, il est évident avec la création de la zone industrielle de Tamzourah, d’une superficie extensible 305 hectares et pour une capacité de plus de 100 entreprises, la wilaya d’Aïn-Témouchent va se distinguer nettement sur ce créneau qui demeure le plus sollicité ces derniers jours, par les promoteurs nationaux et étrangers. Ainsi, en terme de financement des projets depuis la création de l’Ansej l’on constate que 72% (2015) relèvent des porteurs de projets de la formation professionnelle et 4% (2015) sont ceux des candidats diplômés de l’université.
Par ailleurs, le taux des projets financés au profit des femmes a connu une importante progression, allant de 4% en 2011 à 14% au courant des 7 premiers mois de l’année 2016. Par rapport à la population active, le taux, bien qu’il soit élevé, demeure quelque peu faible.
Boualem Belhadri