La chanteuse Anitta s’est d’abord fait un nom dans une banlieue de Rio, avant de devenir une vedette de la pop funk brésilienne puis l’une des stars internationales les plus suivies sur les réseaux sociaux, grâce à une arme: son redoutable sens du marketing.
A 25 ans, elle est suivie par 28 millions de personnes sur Instagram et vient de donner des conférences organisées par Harvard ou le MIT sur les clés de son phénoménal succès. L’artiste, qui s’est faite toute seule et raisonne en femme d’affaires, a appris à chanter en anglais et en espagnol et a étudié la scène musicale pour percer. La clé du succès, c’est de «faire différemment», explique la chanteuse lors d’un entretien avec l’AFP dans sa maison de Barra da Tijuca, le «Miami beach» de Rio. «J’ai fait des études de marché, bien plus pour faire différemment que pour suivre les tendances. J’essaie toujours de rechercher ce qui n’a pas encore été exploré», dit Anitta, chevelure blonde frisée, maquillage abondant et corps sculpté par les exercices.
Larissa Machado a commencé à chanter enfant dans les églises. A 17 ans, elle a été découverte par un producteur grâce à une vidéo sur YouTube. Elle s’est alors mise à chanter dans les soirées de «baile funk», musique typique des favelas de la «Ville merveilleuse» mêlant rap et pop. La célébrité est venue il y a cinq ans, avec de premiers tubes comme «Meiga e abusada» («Douce et rebelle») ou «Show das poderosas» («show des puissantes»), explique la star dans sa maison de trois étages, avec grande piscine, jacuzzi et palmiers. Depuis, la métisse a mené sa carrière d’une main de maître, avec notamment le hit planétaire «Bang» (2015), dont le clip a été vu 343 millions de fois sur YouTube. L’an dernier, le clip clinquant de son «Vai, malandra» («Va, coquine»), tourné dans une favela, où elle ondule des fesses sans complexe aucun pour sa cellulite, a fait un tabac. Sur Spotify, c’est la première chanson brésilienne à intégrer le Top 20. Ses chansons, qui parlent d’amour, d’érotisme et de l’affirmation des femmes sans pour autant être féministes, sont écoutées dans les favelas comme dans les clubs chics des quartiers sud de Rio, et à tous les âges.
Réseaux sociaux
Avec ses fréquents changements d’apparence, Anitta fascine ses millions de fans. A 25 ans, elle a déjà subi des opérations de chirurgie esthétique pour corriger son nez et rendre ses lèvres plus pulpeuses. Elle est considérée comme la 10e artiste de la planète la plus suivie sur les réseaux sociaux par Billboard, le magazine américain de l’industrie du disque, tandis que le magazine de mode Vogue l’a classée parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde. L’an dernier, elle a chanté dans le «Tonight Show», programme-phare de divertissement présenté par Jimmy Fallon sur la chaîne américaine NBC. Depuis, elle s’est produite avec des stars comme le DJ suédois Alesso, le groupe américain Major Lazer, le compositeur américain Poo Bear ou la rappeuse australienne Iggy Azalea. Mais son rêve, c’est de chanter avec le rappeur canadien Drake. Pas question de jouer les divas non plus. «Bien-sûr, je vis des moments de diva, mais je suis plutôt quelqu’un de normal», assure la chanteuse, entourée de personnes affairées à sa coiffure, ses vêtements et son secrétariat. «Je pensais que je me hisserais où je voulais au Brésil vers l’âge de 30 ans. Mais à 22 ans, ça marchait super bien. Et comme j’aime les défis, j’ai décidé de viser la scène (musicale) internationale», explique-t-elle.
En espagnol aussi
Anitta a ainsi identifié une niche en Amérique Latine où elle a enregistré, en espagnol, des disques avec les chanteurs de reggaeton colombiens Maluma et J Balvin. «J’ai commencé à comprendre que, même si l’anglais est la langue universelle, les chansons en espagnol ont des chiffres de vente élevés, équivalents à ceux en langue anglaise», raconte-t-elle. Mais «auparavant il fallait que je connaisse bien le marché pour comprendre pourquoi il est si difficile de mener des carrières parallèles» au Brésil et à l’étranger. «J’ai passé deux années à étudier et visiter l’Espagne, les Etats-Unis, le Mexique.»
Anitta s’est souvenue que le Brésil s’était mis à consommer de la pop latina grâce à des chanteurs comme les Espagnols Ricky Martin ou Alejandro Sanz, et a anticipé le retour de ce style musicial dans son pays, en dépit de la barrière de la langue. «La bombe latine» – son surnom en France – va passer cette année une semaine par mois à l’étranger pour y promouvoir sa carrière. En juin, elle se produira à Lisbonne, Paris et Londres. Mariée récemment à l’impresario Thiago Magalhães, Anitta aimerait ralentir le rythme, mais pas tout de suite: «Dans une dizaine d’années. Quand j’aurai réalisé tous mes rêves.»