Lors d’un Conseil interministériel qui a abouti sur un décret abrogeant plusieurs mesures contenues dans le Code de commerce, prônant le patriotisme économique, seuls les ministres du Travail et de la Culture s’y étaient opposés. De sombres jours attendent peut-être l’Algérie, sans que l’on sache à quoi répondent ces concessions qu’aucun argument logique ne saurait justifier. Au lendemain de la tenue d’un Conseil interministériel en perspective du 12e round des négociations multilatérales pour l’accession de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui se tiendra le 31 mars prochain à Genève, il semblerait que cette rencontre ait débouché sur l’adoption d’un décret abrogeant plusieurs mesures importantes contenues dans la loi de finances 2009, comme la loi des 51/49 % ou bien le droit de préemption de l’État algérien dans les contrats d’achat et de vente d’entités économiques détenues par des partenaires étrangers.
Louisa Hanoune, en marge de l’installation de sa «machine électorale», a fait de ce sujet un véritable fer de lance, s’en prenant avec une rare violence au ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Celui-ci, accusé d’être derrière cette dangereuse et inquiétante reculade, n’en est d’ailleurs pas à une bourde» près. Louisa Hanoune, qui ne comprend pas les raisons qui auraient pu pousser certains responsables algériens à céder, si facilement, aux «suppliques» de l’OMC, alors que la conjoncture nous est favorable au contraire, soupçonne ces mêmes responsables d’avoir également renoncé à l’instruction de 2003 relative aux règles régissant les activités des importations et des exportations. Présenté par Mustapha Benbada, le nouveau texte a intégré l’ensemble des dispositions de l’Organisation mondiale du commerce. De sources proches de la réunion, nous apprenons que deux ministres se sont opposés à ces amendements. Il s’agit de Khalida Toumi et Mohamed Benmeradi, respectivement ministres de la Culture et du Travail et de la Sécurité sociale. Ces amendements signifient la remise en cause de la règle 51/49%, la préférence nationale, le droit de préemption et toutes les autres dispositions contenues dans les lois de finances ordinaires et complémentaires de 2009 et 2010 et les autres mesures prises en faveur de l’économie nationale et des entreprises algériennes, privées ou publiques.
Rappelons que le ministre du Commerce avait déjà fait part des pressions de l’OMC pour faire céder l’Algérie sur un certain nombre de mesures, en vue de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce. Les pressions, affirmait-il venaient essentiellement des États-Unis et de l’Australie, ainsi que de l’Union européenne qui exigent de notre pays la remise en cause des contrats à long terme et la réduction du prix du gaz.
Ce dossier particulièrement brûlant est à suivre de très près, pas seulement parce que la Pasionaria algérienne pourrait en faire un fer de lance, lors de la future campagne électorale, mais aussi et surtout parce qu’il risque de replonger l’Algérie dans une crise socio-économique qui pourrait carrément lui être fatale…
Rafik Bakhtini