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Afghanistan : la branche de l’EI loin d’être anéantie après la mort de son chef

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La mort du chef de l’organisation Etat islamique (EI) en Afghanistan et au Pakistan, Hafez Saïd, inflige un coup dur aux Jihadistes mais, pour les observateurs, la franchise « Daech » est loin d’être anéantie.
Hafez Saïd a apparemment été tué par une frappe aérienne américaine le mois dernier dans la province du Nangarhar (est de l’Afghanistan), dans le cadre d’un opération commune avec l’armée afghane visant à éliminer le mouvement qui venait de revendiquer le pire attentat des 15 dernières années dans Kaboul (80 morts et 130 blessés au moins au sein de la minorité chiite hazara).
Son décès, annoncé vendredi soir par le Pentagone, est le second d’un responsable islamiste dans des frappes américaines en quelques mois dans la région. Il constitue un revers pour l’EI qui cherche à s’étendre au-delà de ses bases originelles en Irak et en Syrie. « La mort du leader de l’EI Hafez Saïd porte un coup majeur au groupe qui va avoir du mal à marquer des points sans une direction solide », a commenté samedi pour l’AFP un analyste politique à Kaboul, Haroun Mir. « Mais la menace dans la région est loin d’être éteinte ».
L’attentat du 23 juillet à Kaboul a marqué une étape dans la stratégie de l’EI, jusqu’alors resté cantonné dans l’est de l’Afghanistan et la province du Nangarhar, où il s’est illustré par la brutalité de ses méthodes, notamment les décapitations.
Mais les autorités avaient alors écarté l’idée d’un tournant majeur, soulignant que le groupe se trouvait sous la double pression des frappes américaines dans le ciel et de l’offensive afghane au sol. Pour les responsables militaires américains, la présence du groupe tend même à se réduire avec des combattants confinés pour l’essentiel à deux ou trois districts du Nangarhar, contre neuf en janvier dernier. Mais en dépit de ces assertions, les habitants de la province affirment que l’EI fait toujours régner sa tyrannie dans la région.

Insécurité croissante
« L’offensive se poursuit et le gouvernement assure qu’il est en train de l’emporter. Mais Daech (acronyme arabe de l’EI) continue de se battre toutes les nuits », raconte un chef tribal, Hiska Mina, s’exprimant de l’un des districts les plus touchés du Nangarhar. « L’insécurité ne cesse d’augmenter, pas le contraire », dit-il à l’AFP. Des responsables tribaux locaux ont par ailleurs indiqué que les talibans, également en lutte contre le gouvernement mais plus nombreux et plus puissants que l’EI, avaient finalement noué une alliance avec ces derniers après les avoir combattus sans relâche pendant un an.
« Daech et les talibans ont cessé de se battre entre eux pour combattre ensemble le gouvernement » affirme Malik Hassib, un chef tribal de Kot, un district montagneux d’où les combattants de l’EI ont été chassés le mois dernier par les soldats. Un commandant de l’armée à Nangarhar a confirmé sous couvert d’anonymat cette alliance informelle. Mais les talibans ont formellement démenti une telle collusion. Ils ont d’ailleurs cherché dès le début à apparaître comme un rempart contre l’EI et sa brutalité et comme le seul groupe ayant la légitimité suffisante pour faire le Jihad en terre afghane.
Selon les responsables américains à Kaboul, l’EI compte désormais environ 1.500 combattants, essentiellement d’anciens talibans afghans et surtout pakistanais qui ont fait défection, des islamistes ouzbèkes et quelques membres de groupes locaux. L’EI n’a pas pour le moment annoncé l’avènement d’un nouveau leader.
Les autorités afghanes avaient pensé à tort qu’Hafez Saïd avait été tué en juillet 2015 lorsqu’une frappe de drone américaine avait visé plusieurs dizaines de cadres de l’EI dans le Nangarhar, près de la frontière pakistanaise.
En revanche, son décès intervient trois mois à peine après celui du chef des talibans afghans, le mollah Akhtar Mansour, tué en mai par un tir de drone américain au Pakistan.

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