Finalement, et après des séances marathons ayant vu l’absence de nombreuses personnalités, l’audition des témoins, ceux qui étaient condamnés et ayant purgé leur peine, ceux qui ont déposé des fonds, ceux qui ont eu des relations avec Khalifa Bank et, bien sûr, les institutions bancaires à l’origine de la découverte du trou de plus de 3,2 milliards DA, et les autres, le juge Antar Menouar a entamé, hier mercredi, l’audition des représentants de la partie civile. Au dernier jour donc mardi des témoins, le président du tribunal a entendu les présidents de clubs de football (anciens et actuels), qui ont bénéficié des largesses de Khalifa Bank, le président de la FAF et d’autres qui étaient absents, et pour lesquels le président a lu les dépositions faites devant le juge d’instruction. Ainsi, d’après les témoignages des gestionnaires de clubs, c’est Abdelmoumène-Rafik Khelifa, le P-DG de Khalifa Bank, qui discutait avec les présidents des clubs et fixait les conditions d’octroi d’aides et de prises en charge conséquentes (hébergement, transport, restauration et même salaires des joueurs). Là, aussi, les témoins rappellent qu’il n’y a pas eu de versements d’argent, mais Khalifa Bank réglait toutes les factures présentées. Quant aux clubs de football, ils devaient faire porter à leurs joueurs des vêtements portant le logo du Groupe Khalifa. Après en avoir fini avec les témoins, le juge Antar Menouar a entamé l’audition des victimes et des représentants de la partie civile qui se sont succédé à la barre pour raconter leurs déboires avec Khalifa Bank, concernant les pertes qu’ils ont subies, qu’ils soient représentants d’institutions et d’entreprises publiques, privées ou des particuliers, qui se sont dits ruinés par la banqueroute de Khalifa Bank.
Pour rappel, il y a au moins 132 victimes ayant perdu de l’argent à Khalifa Bank qui se sont portées partie civile, mais seuls quelques représentants ont répondu à la convocation du tribunal. Parmi les premiers à être appelé à la barre, Abdelkader Benacer, un militaire à la retraite, déclare avoir obtenu un prêt de 162 millions de centimes du ministère de la Défense nationale pour l’acquisition d’une maison.
Obligé d’ouvrir un compte bancaire, il le fit à Khalifa Bank, où il dépose le montant complet du prêt, mais quand il a cherché à retirer son argent, il s’est vu répondre par la négative, car il n’y avait pas de liquidité, ou que c’était impossible, jusqu’à ce qu’il apprenne que la banque avait été mise en liquidation. Après de multiples démarches, le liquidateur lui restitua la somme de 70 millions de centimes. Le représentant de l’OPGI d’Oum-el-Bouaghi affirme qu’un dépôt de 26 milliards de centimes avait été effectué et que rien, de ce montant, n’a pu être récupéré.
Le représentant des Moulins des Bibans réclame, lui aussi, les 10 milliards déposés, en 2002, et non récupérés à ce jour. De même que celui de l’OPGI de Djelfa qui a procédé au dépôt de 13 milliards de centimes, dont une partie seulement a pu être récupérée.
La liquidatrice du groupe BGA déclare, à son tour, que le Groupe avait fait un dépôt de près de 180 milliards de centimes, dont 168 ont pu être retirés, le reste ne l’a pas été à ce jour. Les autres représentants des entreprises publiques sont allés dans le même sens, affirmant que, sur les dépôts effectués, la restitution des montants n’a pas dépassé les 5% alloués par les dispositions prises, lors de la liquidation. D’ailleurs, nous apprenons que Moncef Badsi, le liquidateur de Khalifa Bank, sera entendu, aujourd’hui jeudi, et il apportera certainement toutes les précisions nécessaires, aussi bien aux victimes qu’au tribunal.
Hadj Mansour