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ABDELAZIZ REHABI : «Je n’ai jamais pensé que l’Algérie allait organiser les élections le 4 juillet »

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«Je n’ai jamais pensé un seul instant que l’Algérie allait organiser les élections le 4 juillet, sauf à vouloir provoquer le peuple ou aggraver la crise ». C’est ainsi qu’a réagi, sans étonnement, l’ex-diplomate et membre de la coalition des partis de l’opposition, Abdelaziz Rehabi, à l’annonce de la date du 4 juillet pour la tenue d’une élection présidentielle, dans un entretien publié sur le site d’information «Algérie Patriotique».

La vague de boycott de l’organisation et de l’encadrement du processus électoral continue en effet de gagner en ampleur; la population, en mobilisation depuis le 22 février et l’ensemble des partis de l’opposition. Alors qu’il est déjà rejoint par pratiquement l’ensemble des communes de Béjaïa et de Tizi-Ouzou, le front du boycott de l’élection prévue juillet prochain par les maires s’étend déjà à plusieurs autres wilayas du pays. Le front a gagné en effet Alger, Boumerdès, Tipasa, Sétif, Bordj Bou-Arreridj, Skikda, Relizane et El-Oued. «Il n’y a pas un seul exemple de transition dans le monde dirigé par l’ancien pouvoir. Ce que nous vivons s’appelle la transition à l’algérienne. Faire l’opposition avec le même gouvernement, les mêmes personnes, presque dans les mêmes formes et dans les délais constitutionnels », a dit Rehabi.

Des résistances au changement
«C’est pour cela que je vous dis qu’à un moment nous avons conscience que les Algériens, après avoir été otages de la maladie du Président, sont devenus otages de la Constitution, personne qui en parle depuis 20 ans», a-t-il ajouté, fustigeant au passage les «présidentialistes à outrance» devenus «le refuge de ceux qui veulent donner un sursis à l’ancien régime». Déplorant l’usage de la «violence disproportionnée» par les forces de l’ordre lors des dernières manifestations citoyennes et estimant qu’il est temps pour les jeunes du Mouvement de s’organiser dans des partis politiques «pour retrouver la force de leurs voix», Rehabi met en garde contre «des poches de résistance au changement». «Malheureusement, il y a au sein du système politique, dans toutes les institutions et même les plus sensibles, des poches de résistance au changement, le passage d’un système non démocratique à un système démocratique», a-t-il prévenu.
Développant ses arguments, Rehabi pointe du doigt aussi les partisans de «la rente» qui s’opposent eux-aussi au changement : «Les forces du changement sont puissantes et non organisées. Il faut qu’elles s’organisent pour imposer leur logique, celle du mouvement populaire. Car les forces qui résistent au changement ont beaucoup de capacité de nuisance et sont partout. Dans les institutions de l’État, dans l’audiovisuel et dans la vie sociale. Parce que c’est un système qui a créé la rente et des réseaux d’influence. C’est cette rente qui existe toujours et qui résiste à un système démocratique, transparent qui contrôle tout».

«L’article 102 a débloqué la situation, mais insuffisant pour régler la crise»
Considérant que «l’implication de l’Armée est la conséquence directe de la crise», Rehabi a expliqué : «les politiques ont impliqué l’armée dans la gestion des crises. Et toutes les armées du monde interviennent quand il y a des crises dans leurs pays. Mais quand la crise a une implication à caractère sécuritaire ou qui touche à la stabilité des Institutions – ce que nous sommes en train de vivre en ce moment –, en recommandant à l’application de l’article 102 de la Constitution, l’armée s’est mise directement dans la politique». Cependant, Rehabi a estimé que «la solution ne peut être uniquement dans la Constitution. L’article 102 est insuffisant. Il a servi à débloquer la situation, à débloquer la crise mais il est insuffisant pour régler la crise. Il ne peut organiser la transition démocratique. Il ne peut organiser le débat politique. Il ne peut organiser la phase que nous sommes en train de vivre actuellement». «Il faut sortir du débat sur la Constitution», a-t-il recommandé, poursuivant : «C’est un débat superflu, qui n’est plus opportun, c’est un débat qui donne l’impression que nous travaillons plus sur les moyens que sur la finalité, qui est l’instauration d’un État démocratique.
C’est un débat qui nous fait perdre du temps et fait gagner du temps à l’ancien système». «Parce qu’en réalité, mis à part le départ de Bouteflika, rien n’a changé. Ce qui a donné le sentiment aux millions d’Algériens qui sortent que leur victoire est incomplète tant qu’ils n’ont pas obtenu une rupture totale avec les méthodes et les hommes de l’ancien système», a-t-il conclu.
Hamid Mecheri

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