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Essai nucléaire français « non contrôlé » au Sahara et dette envers les irradiés de Tamanrasset : Le crime non réparé de Béryl

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Ingénieur chimiste affecté en décembre 1961 au Service Technique des Armées, arme atomique, dans une base militaire dans le Hoggar, Louis Bulidon a rappelé hier, que la France a une dette envers ces hommes et ces femmes, ainsi que leurs enfants auxquels elle n’a apporté «aucune attention» sur leur sort de descendants des irradiés de Béryl.

L’ancien appelé du contingent, témoin des essais nucléaires français dans le sud algérien, qui avait écrit en 2011 un livre intitulé «Les irradiés de Béryl : l’essai nucléaire français non contrôlé», et qui se veut un témoignage sur un fait gravissime et encore très peu connu : l’accident de l’essai nucléaire Béryl, en 1961, In Eker, au Nord de Tamanrasset, veut que la France assume ce passé et en paye le prix.
Il s’agit d’un témoin-clé de cet évènement qui date de cinquante-sept ans. Louis Bulidon, en tant qu’appelé, est affecté en décembre 1961 au Service Technique des Armées, arme atomique, dans une base militaire dans le désert du Hoggar en Algérie. Son travail consistait à prélever des filtres, à en mesurer la radioactivité. L’explosion du 1er mai qui doit doter la France d’une force de frappe opérationnelle se transforme en grand show.
« Deux ministres, Pierre Messmer, ministre des Armées, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche Scientifique, sont à la tribune d’honneur face à la montagne. La météo est défavorable car le vent souffle fort mais pas question de différer la mise à feu. La bombe explose et secoue la montagne qui disparaît dans une avalanche de poussières et d’éboulis, puis une énorme flamme s’en échappe, suivi d’un gigantesque nuage noir qui se dirige sur l’assistance. C’est la panique. Dans le sauve-qui-peut, on en oublie un moment les ministres… Quelques heures plus tard, ils passeront d’urgence à la douche de décontamination, savonnés et brossés au balai à poils durs, sans égard particulier pour leur rang…»
Le récit que Bulidon en fait est édifiant : « L’essai Béryl par la propagation accidentelle de son nuage radioactif a durablement irradié les populations Sahariennes, au premier rang desquelles les touaregs du Hoggar mais aussi les populations locales des oasis du Sud algérien, du Mali, du Niger et à l’Est jusqu’au Tchad», a fait que «les enfants et les petits enfants de ces populations portent, dans leurs gènes, les séquelles de cette contamination radioactive comme tentent à le démontrer les études scientifiques récentes en France et en Angleterre». Pour lui, après les accords d’Evian sur l’indépendance de l’Algérie, la France a «totalement» abandonné les victimes de son programme nucléaire à leur sort d’irradiés «vivant sur des sols durablement radioactifs comme ont pu le démontrer les prélèvements sur la végétation que nous avons effectué, mes camarades et moi, à l’époque après Béryl en nous déplaçant jusqu’aux frontières du territoire algérien».
«La France a une dette envers ces hommes et ces femmes, leurs enfants auxquels nous n’avons apporté aucune attention sur leur sort de descendants des irradiés de béryl. Comment oublier que nous n’avons ignoré totalement, dans le passé, la situation sanitaire de leurs parents exposés aux retombées de Béryl», a-t-il écrit dans son blog, appelant le président Emmanuel Macron à assumer « cet héritage ».
I. Mohamed Amine

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