À moins de deux semaines de son congrès extraordinaire, on ne connait toujours pas les deux nouvelles têtes qui vont suppléer la vacance de membres au sein du Présidium du FFS.
Mohamed Hadj Djilani, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), a entonné, hier, un véritable requiem pour «les libertés syndicales» et l’«État de droit», dans une journée d’étude organisée au siège du parti, où il était question également de déposer un bouquet de fleurs sur le piédestal d’un mémoriel à la mémoire de l’ancien militant et avocat Ali Mécili, assassiné en France. La date d’hier qui marque le trentième anniversaire de la disparition de Mécili -7 avril 1987- symbolise chez les camarades du plus vieux parti d’opposition «la journée nationale de militantisme et de résistance». Le parti avait invité plusieurs personnalités connues dans le domaine de la défense des droits de l’Homme pour débattre de ce thème et également des leaders de syndicats autonomes comme : Messaoud Boudiba (CNAPESTE), Lyes Merabet (SNPSP), Raouf Mellal (SNATEG). Le mécontentement social et les démonstrations de force des syndicats professionnels dans plusieurs secteurs sont une occasion pour le parti socialiste de réapproprier son rôle et retrouver ses idéaux comme un parti à l’avant-garde des luttes sociales.
Au FFS, l’heure semble pour le renouvellement. Mais, le parti qui a décidé début mars dernier de convoquer un congrès extraordinaire suite à la démission surprise d’Ali Laskri, membre du Présidium, réussira-t-il à rattraper son recul ? Alors que beaucoup de militants se demandent de ce qu’il reste encore du legs et des idéaux du fondateur et le charismatique défunt Hocine Aït Ahmed, les rencontres et les retrouvailles entre la direction du parti, réuni sous le Présidium, se font de plus en plus rares.
Lors des grandes manifestations du parti, la nostalgie et la sacralisation du leader historique laisse tout de suite place aux clashes entre cycles influents. La commission nationale du parti qui est chargée de préparer le congrès extraordinaire, prévu ce 20 avril, est installée, nous informe hier Hadj Djilani. Seul point à l’ordre de jour : le renouvellement des deux membres partants de l’Instance présidentielle, à savoir Rachid Halet et Saïda Ichalamène. Dans les coulisses, les antagonistes, partagés entre ceux acquis à Ali Laskri et ceux proches de Aziz Baloul ont convenu à un partage équitable des deux sièges vacants.
Bien qu’aucun nom n’ait filtré, des militants murmurent déjà le nom de Salima Ghezali, députée d’Alger, comme cadre soutenue par les Baloul. D’ailleurs, Ghezali avait organisé, vendredi dernier à Béjaïa, une rencontre régionale avec les militants pour une région sensée être son fief et une zone d’influence sur l’échiquier. Tandis que les partisans d’Ali Laskri estiment plus utile de mobiliser à Tizi-Ouzou et à Bouira. Jeudi dernier, Laskri était accompagné à Draâ Ben Khedda (Tizi- Ouzou) par le premier secrétaire, Hadj Djilani, qui semble trancher sa position pour ce dernier. Les observateurs évoquent la qualité des personnalités du parti présentes à la rencontre, toutes proches de Laskri et l’absence intrigante de Aziz Balloul, membre de l’instance présidentielle et également député de la wilaya. Mieux encore, le président de l’APW de Tizi Ouzou, Youcef Aouchiche, lui aussi absent du rendez-vous. Quant au positionnement politique du parti sur la scène nationale, le PS du FFS a réitéré l’initiative du consensus national.
«Le projet de reconstruction d’un consensus national offre un cadre approprié pour le traitement systématique de la question sociale, intimement liée à la politique et à l’économie», a-t-il indiqué. En ce sens, il estime que le dialogue social «à lui seul ne permet pas de normaliser la situation car les causes de l’instabilité sont certes économiques et sociales mais avant tout politiques». Hadj Djilani a observé que «la crise multidimensionnelle, politique, économique, sociale, culturelle et environnementale» nécessitait «une approche globale», ajoutant que le projet de consensus national offrait un «cadre approprié pour une approche systématique».
Hamid Mecheri