Le président américain Barack Obama a accusé, jeudi, Donald Trump de « saper » la démocratie américaine, alors que le candidat républicain souffle le chaud et le froid sur la façon dont il accueillera le verdict des urnes le 8 novembre prochain.
« Lorsque vous évoquez des fraudes sans la moindre preuve, lorsque Trump devient le premier candidat d’un grand parti dans l’histoire américaine à laisser entendre qu’il n’accepterait pas la défaite (…) c’est grave », a déclaré le président américain lors d’un meeting de soutien à Hillary Clinton à Miami (sud-est). La controverse est née d’une réponse de Donald Trump lors du troisième et dernier débat de la campagne contre Hillary Clinton, mercredi à Las Vegas (sud-ouest), à la question de savoir s’il accepterait le résultat de l’élection présidentielle, quel qu’il soit. « Je verrai à ce moment-là », avait déclaré le républicain, ajoutant qu’il voulait entretenir le suspense. « Gagner, c’est mieux. Mais quand vous perdez, vous félicitez votre adversaire (…) C’est comme cela que la démocratie fonctionne », a martelé Barack Obama. « Il n’y a aucun moyen de truquer une élection dans un pays aussi grand. Je me demande si Donald Trump s’est déjà rendu dans un bureau de vote », a-t-il ironisé.
Jeudi, en meeting à Delaware dans l’Ohio (est), le candidat républicain a tenté de corriger le tir. « J’accepterai un résultat clair de l’élection, mais je me réserve le droit de contester et de lancer une procédure de justice en cas de résultat douteux », a-t-il affirmé. « Je me conformerai toujours aux règles et traditions suivies par tous les candidats qui m’ont précédé. Conclusion, nous allons gagner », a aussi dit Donald Trump, adoptant un ton plus conciliant.
Mme Clinton, dont la cote dans les sondages est au plus haut depuis son investiture en juillet, est restée discrète, jeudi, envoyant au front sa carte maîtresse, le couple Obama.
«Le brouillard se lève»
Michelle Obama, populaire porte-voix d’Hillary Clinton, qui s’était fait remarquer par un discours sans ambages dans le New Hampshire (nord-est) où elle avait dénoncé l’attitude « effrayante » de Trump à l’égard des femmes, se trouvait dans l’Arizona (sud-ouest). Cet Etat traditionnellement conservateur suscite soudain l’intérêt des démocrates, qui se prennent à rêver de l’emporter.
L’écart entre les deux candidats se creuse en faveur de Hillary Clinton, qui recueille plus de 45% des intentions de voix, contre 39% pour Donald Trump et 6,4% pour le libertarien Gary Johnson. « Le brouillard se lève », estimait jeudi Larry Sabato, politologue de l’université de Virginie (est). « Hillary Clinton est en position de force dans la course pour devenir le 45e président des Etats-Unis ». La polémique créée par Donald Trump a éclipsé le reste du débat. Le candidat républicain s’y est montré plus méthodique et visiblement mieux préparé, multipliant les appels du pied à la base conservatrice sur des sujets comme l’avortement et l’immigration, attaquant sans relâche la démocrate sur les affaires qui la poursuivent. Reste à savoir quelles conséquences auront les propos du candidat sur les élections législatives, qui se dérouleront le même jour que la présidentielle. « Hillary Clinton gagnera très probablement l’élection, mais la question devient: quel sera l’effet sur les candidats républicains au Sénat et à la Chambre des représentants », souligne Robert Erikson, professeur de sciences politiques à l’université Columbia à New York (nord-est).
« Les républicains ont peur de ce que fera Donald Trump dans les trois prochaines semaines », dit cet expert à l’AFP. Bref répit après ce débat d’une violence verbale hors norme, les deux candidats se sont retrouvés jeudi soir, suivant une tradition solidement établie, lors d’un dîner de gala à New York se voulant bon enfant. S’ils se sont serré la main et ont montré qu’ils pouvaient rire des blagues de l’autre, la tension était palpable.
Fait rare dans un événement caritatif, le magnat de l’immobilier, qui a trouvé quelques bons mots mais a opté pour une posture nettement plus agressive que sa rivale, a été hué à plusieurs reprises. Hillary Clinton a emporté le consensus de la salle sur un sujet plus sérieux: l’extrême longueur de la campagne. « La raccourcir, ce devrait être l’une de nos priorités », a-t-elle lancé.