Le recours à l’importation des véhicules de moins de trois ans se précise. Après de longues années d’interdiction, le ministre du Commerce semble décidé à recourir à cette option après que les prix des véhicules ont atteint des taux record.
En raison du manque de véhicules et surtout à l’augmentation du prix des voitures, qu’elles soient neuves ou d’occasions, ils sont de plus en plus d’Algériens à appeler à revenir à la formule de l’importation de véhicules de moins de trois ans. La pression exercée par certaines parties sur le gouvernement semble donner ses fruits. Lors de son intervention, hier, au forum de notre confrère El Moudjahid, le premier responsable du secteur du Commerce, Bakhti Belaib a fait savoir qu’un nouveau cahier de charge régissant l’importation de ces véhicules sera « prochainement » établi. «Conformément au projet de loi de finances de 2017, le gouvernement a décidé de lever l’interdiction d’importation des véhicules d’occasion mais sous certaines conditions », a déclaré le ministre, qui semble décidé à défendre son projet. Suite à la hausse continuelle des prix des véhicules en Algérie, Belaib voit la solution dans le recours à l’importation des véhicules d’occasion. Dans ce sillage il affirme que son département, « va lever cette interdiction et élaborer un cahier des charges bien précis qui permette de ne pas importer de véhicules représentant un danger pour la vie des Algériens ». Le ministre a reconnu aux concessionnaires « le droit de contester » suite à l’instauration du système de quotas. Mais ces derniers doivent comprendre, que la décision a été motivée aussi bien par « la situation financière du pays » et le besoin d’instaurer une transparence dans le secteur. Par ailleurs, il dira que « l’essentiel pour nous est que ce soit un marché transparent où l’acheteur a des garanties suffisantes ».
Il a, par ailleurs, fait savoir que les pouvoirs publics examinaient actuellement des formules au travers desquelles le marché de l’occasion sera, soit confié uniquement à des concessionnaires, soit ouvert également à d’autres intervenants. Toujours aussi rassurant Belaib, a expliqué que le marché de l’occasion pourrait permettre d’importer des véhicules plus performants et beaucoup moins chers que ceux importés à l’état neuf. À cet égard, il dira que certains constructeurs fabriquent des véhicules destinés spécialement pour l’Algérie, mais qui sont loin de respecter les normes internationales ». Il ira jusqu’à affirmer qu’un cahier de charges reste plus favorable et positif que « l’interdiction ». Il ne manquera pas de dénoncer les lobbies exercés par certaines parties. « On sait qu’il y a des entités qui ont été créées pour faire de la surfacturation. », a-t-il signalé.
Zones de libre échange : les aveux de l’échec
Au sujet des zones de libres échanges, le ministre dresse un bilan « négatif ». Pour le ministre, établir une zone de libre échange avec la Tunisie, les pays arabes et l’Union européenne est une « erreur ». Pour lui, la décision était « précipitée », or, le marché qui offre plus d’opportunité serait le marché africain. Ainsi, il a plaidé à constituer une zone de libre échange avec les pays européens. Au sujet de liste de produits interdits à l’importation, le ministre a démenti catégoriquement cette information. « C’est une fausse information. Il n’y pas de liste de produits qui seront prohibés à l’importation », a déclaré le ministre.
Liste des produits interdits à l’importation : le démenti !
Au sujet de la polémique autour de l’interdiction d’importer certains produits, le ministre a enfin apporté son démenti. Invité à s’exprimer à ce sujet, il dira que seuls les produits qui ne sont pas originaires des pays avec lesquels l’Algérie a conclu des accords ne bénéficieront plus de franchise douanière. Affirmant, ainsi, qu’il s’agissait d’une fausse information, il dira qu’ «il n’y a aucune liste interdite ». « Seuls les produits dont nous ne sommes pas sûrs de l’origine ne bénéficient désormais plus de la franchise et nous avons des preuves que ces produits ne sont pas d’origine des pays avec lesquels nous avons conclu des accords », a souligné le ministre. Il a indiqué dans ce sens que « cette liste de produits, qui risquent de ne plus bénéficier de franchises, sera connue prochainement». M. Belaïb a déploré le fait que beaucoup de produits bénéficiant du système de franchise soient importés dans le cadre de ces accords alors qu’ils ne sont pas originaires de ces pays: « C’est parmi les dysfonctionnements qui affectent la sphère commerciale », a-t-il déploré.
Adhésion de l’Algérie à l’OMC
Au sujet de l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce ( OMC) le ministre a exprimé son souhait d’accélérer le processus de négociation. Même s’il reconnaît que l’adhésion dépend des enjeux « idéologiques », mais il déclare que l’organisation est désormais universelle. « Il est fondamental d’arriver à un accord, l’OMC est une référence. C’est devenu une organisation universelle », a-t-il plaidé. Pour ce qui est des marchés informels, il dira que l’État a déboursé plus de 18 milliards de dinars dans la perspective de résorber ces marchés, mais il y a toujours quelques lacunes qui entravent le bon déroulement de l’opération, tels que le mauvais positionnement des marchés de proximité. Pour ce qui est d’imposer une marge bénéficiaire précise sur les produits agricoles, il a affirmé que ceci n’est pas possible tant que 50% des produits agricoles sont vendus en dehors des marchés de gros. Afin d’y remédier, il a annoncé la construction prochaine de 8 marchés de gros de fruits et légumes.
Lamia Boufassa